Eh bien, après tous ces rebondissements dans une journée fort mouvementée, vous me direz qu’on ne sait pas vraiment sur quel pied danser avec Didier. Tantôt s’en va? Tantôt ne s’en va pas? On vient qu’on ne le sait pas. Joue encore? Joue plus? Joue rôtie, joue bouillie, un coup parti? Enfin, du « il me l’a dit » d’un journaliste au « il ne m’a rien dit » d’un président de club, voilà qui finit par tourner en rond : de quoi se rappeler une comptine qui se termine par un mal à la caboche.

L'Impact a besoin d'un Plan B

On aura beau crier « Drogba, ne t’en va pas », les espoirs de le revoir en Bleu-blanc-noir ne vont pas en augmentant. Cela nous pousse à dire que dans le fond, tôt ou tard, l’Impact et ses partisans devront se résigner à vivre l’après-Drogba. Et qu’on le veuille ou non, tout indique que cela surviendra plus tôt que tard.

Si certains s’étaient déjà posé la question à la fin de l’été 2015, au moment même où « Didieu » faisait vivre au onze montréalais ses meilleurs moments, on avait néanmoins tout fait pour repousser l’échéance, question de mieux savourer l’instant. Comment, ou par qui, remplacer un tel monument, une telle légende vivante?

Peu importe l’état réel des négociations en cours, voilà une quête qui doit hanter de plus en plus l’esprit des Joey Saputo, Mauro Biello et compagnie. Et puisqu’il est encore question d’esprit, on en revient à se demander pour quel motif on s’entêterait à garder un joueur qui aurait la tête ailleurs... À Chelsea, pour être plus précis.

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Déçus. Tristes. En colère. Il y a de moins en moins de déni chez les partisans et de plus en plus nombreux sont ceux qui se résignent à l’idée de le voir rentrer chez lui. Oui, car c'est d'abord à Londres qu'il est chez lui. La douleur peut être intense chez l’amateur de sport qui s'apprête à voir quitter un héros qu’il s’était surpris à adopter. Pourtant, il ne devrait pas y avoir de honte ressentie quand Didier place Chelsea en avant de l’Impact, même si on s’accroche encore innocemment à l’espoir qu’il le fasse. Retourner dans le club où il s’est le plus investi, il a déjà lui-même écrit qu’il le ferait dans sa biographie.

Si seulement Chelsea n’avait pas eu une saison si catastrophique. Si Mourinho ne s’était pas mis à rejeter la responsabilité de l’échec sur des joueurs de moins en moins réceptifs. Si seulement le vestiaire des Blues avait une allure un tantinet plus unie. Et si le Diable Eden Hazard n’était pas en léthargie... Peut-être bien que le président Roman Abramovich n’aurait jamais eu l’idée d’appeler Drogba en panique. Peut-être bien que l’idée d’abandonner soudainement le terrain pour se consacrer à une carrière d’entraîneur dans le moule de Guardiola ou de Zinedine Zidane... Peut-être bien qu’elle sommeillerait encore dans la tête d’un joueur désigné censé se préparer pour une dernière fois aux tests physiques du onze montréalais prévus à la fin janvier.

Dans ce monde parallèle, Chelsea serait toujours là à la fin de l’année, non? Mais le destin n’en a pas voulu ainsi. Serait-ce parce que l’envie n’est plus là de voyager d'un bout à l'autre de l'Amérique? De faire un ultime tour de piste sur ses pelouses et ses terrains de plastique? Honnêtement, ce ne sont pas là de vraies raisons sinon des moyens de faire comprendre qu’il vaut mieux ne pas s’obstiner. À quoi bon gâcher le souvenir d’une si belle aventure? Pour la suite, n’y a-t-il pas plus de raisons de trouver un terrain commun que de négocier à la dure?

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Que faire à présent? Dans l’attente d’une résolution, il faut bien se préparer à tourner la page, c’est évident. L’Impact doit donc se rabattre sur d’autres pistes. Et bien qu’on n’en fasse pas état par communiqué officiel, on peut confirmer que des démarches ont été initiées par la direction sportive à la suite du premier choc subi en voyant Drogba, Abramovich et Guus Hiddink. Les péripéties des derniers jours ont surtout eu pour effet d’accélérer les efforts entrepris par le club. Il faut comprendre que l’Impact souhaiterait idéalement pouvoir dévoiler le nom d’un remplaçant avant de seller le marché autorisant le départ de son emblématique joueur désigné.

« L'appel de Chelsea a été un peu plus fort »

Mais force est de constater qu’il n’existe tout simplement pas de liste de joueurs disponibles ayant l’envergure de Drogba. Et bien que les moteurs de recherche trouvent sans difficulté des liens les associant à la MLS, les suggestions faisant état de joueurs de premier plan comme Zlatan ou Cristiano sont complètement farfelues.

À court terme, il est plus plausible d’envisager des pistes déjà éprouvées par l’organisation montréalaise. Qu'elles soient italiennes ou sud-américaines, les candidatures étudiées devront dans un premier temps pourvoir aux besoins de l’effectif de Mauro Biello. On cherchait un ailier et on a désormais besoin d’un attaquant. Pour ce qui est du poste de joueur désigné, à défaut d’une affaire à bon marché, on ne serait pas surpris que ça ne se concrétise qu’en été, comme ce fut le cas auparavant pour Di Vaio, Piatti et Drogba. Il s’agit d’un scénario qui aurait sans doute pour effet d’augmenter l’amertume. Or, ce ne sera pas faute d’avoir essayé.

En terminant, on se souviendra qu’à pareille date l’an dernier, l’Impact pensait avoir trouvé un accord avec Alberto Gilardino avant de le voir s’envoler vers la Fiorentina. En passant, l’Italien évolue dorénavant à Palermo et il a marqué un but mercredi dans une défaite de son club contre cette même Fiorentina. Dans son cas, on ne parle pas d’un univers parallèle. Comme quoi, au football, on ne sait jamais ce qui peut arriver, parole de Didier Drogba.