MONTRÉAL – L’Impact a amorcé le neuvième camp d’entraînement de son histoire en MLS mardi au Complexe sportif Marie-Victorin, à Montréal. À cinq semaines du début de son parcours en Ligue des champions, de nombreuses questions entourent la mouture 2020 du Bleu-blanc-noir. En voici quelques-unes.

 

Un effectif incomplet

 

Vingt-huit joueurs ont été convoqués pour la première journée du camp. En nombre, il s’agit d’un assemblage amplement suffisant pour amorcer une saison. Mais la qualité n’y est pas, du moins pas encore.

 

Pour arriver à mettre un groupe complet sur le terrain, l’Impact a dû lancer une invitation à quatre jeunes de son Académie ainsi qu’au milieu de terrain haïtien Steeven Saba. Le défenseur Joel Waterman, un nouveau venu en provenance de la Première ligue canadienne, et le milieu de terrain Romell Quioto, obtenu dans une transaction durant l’entre-saison, ont aussi effectué leurs premières foulées dans leur nouvel uniforme. La balance était composée de visages familiers, pour le meilleur et pour le pire.

 

L’inaction du directeur sportif Olivier Renard depuis le début de l’hiver crée pour l’instant de nombreux trous dans l’effectif montréalais. La ligne arrière est assurément le secteur le plus touché par la récente réorganisation alors que quatre pièces importantes de l’édition antérieure (Lovitz, Cabrera, Sagna, Brault-Guillard) n’ont toujours pas été remplacées. En charnière centrale, Rod Fanni et Rudy Camacho sont ce qui s’approche le plus d’une valeur sûre tandis qu’à droite, c’est le néant total. En mêlée de presse au terme de la première ronde du repêchage, Renard avait évoqué la possibilité d’y installer le jeune Clément Bayiha.

 

Piatti présent physiquement, mais mentalement?

Le milieu de terrain devrait se remettre du départ de Ken Krolicki, mais l’incertitude qui persiste quant au retour de Ballou et Orji Okwonkwo affecte grandement la profondeur sur les ailes.

 

Ignacio Piatti l’a candidement souligné au terme de la première journée du camp : « On va jouer deux compétitions – la Ligue des champions et la MLS – et on n’a pas beaucoup de joueurs. »

 

On se permettra d’ajouter qu’il ne s’agit pas que d’un problème de quantité.

 

Henry et ses attaquants

 

Ce sera l’une des histoires les plus intéressantes à suivre chez l’Impact en 2020 : comment un entraîneur qui marquait des buts comme d’autres clignent des yeux dans sa carrière de joueur s’y prendra-t-il pour relancer des attaquants qui n’auraient pu trouver le fond du filet pour sauver leur vie l’année dernière?

 

« Un bon 1er contact avec les joueurs »

Acquis à fort prix il y a un an, Maxi Urruti n’a pas offert un bon retour sur l’investissement à sa première année à Montréal. L’Archer de Rosario n’a marqué que quatre buts en 31 matchs, dont un seul à ses 22 premiers. L’ancien entraîneur Rémi Garde avait beau vanter sa vigueur et son engagement, on ne consent pas un salaire annuel de plus d’un million de dollars à un attaquant pour la qualité de son « pressing ».

 

Mais Urruti, qui n’a que 28 ans, est capable de belles choses dans cette ligue. Il a marqué dix buts en 2014 avec Portland et douze en 2017 avec Dallas. Avec l’idée qu’il pourrait être entouré de Piatti et Bojan sur une saison complète, un projet de relance n’est certainement pas utopique dans son cas. C’est d’ailleurs probablement à lui que pensait Olivier Renard lorsqu’il a déclaré récemment que « le staff actuel a aussi voulu garder des joueurs qui peut-être, selon les supporteurs ou vous-même, auraient dû partir. Certains joueurs, on est persuadé qu’on peut les remettre dans le droit chemin pour qu’ils nous apportent beaucoup plus de choses qui ne l’ont fait dans le passé. Une autre dynamique dans le club peut faire revivre certains joueurs. »

 

La citation pourrait aussi s’appliquer à Anthony Jackson-Hamel qui, c’est un secret de polichinelle, n’a jamais fait partie des favoris de Rémi Garde. Le Québécois a déjà prouvé qu’il avait le talent pour briller en MLS et pourrait finalement briller de tous ses feux avec un mentor comme « Titi ».

 

Quel rôle pour Bojan?

 

Que peut-on réellement retenir des premiers pas de Bojan Krkic avec l’Impact? L’Espagnol est débarqué à Montréal dans une période de grands remous l’été dernier. Quelques jours après son arrivée, l’équipe procédait à un changement d’entraîneur. Utilisé à tâtons, le talent de l’ancien du Barça n’a pas suffi pour empêcher l’Impact de s’enliser vers une troisième exclusion consécutive des éliminatoires.

 

Impact : une 1re journée très « business »

Sur les sept matchs qu’il a disputés en MLS, Bojan en a joué cinq en pointe – tantôt aux côtés d’Urruti, tantôt aux côtés de Piatti – dans un schéma tactique en 4-2-2. C’est dans ces conditions qu’il a marqué ses trois buts. Il a aussi joué deux matchs comme milieu axial dans un 4-3-2-1.

 

Mardi, la réponse d’Henry à ce sujet laissait présager un retour de Bojan dans un rôle d’attaquant.

 

« Ça dépend de l’animation. On va travailler là-dessus en Floride. Bojan, c’est un joueur assez intelligent pour savoir trouver les espaces. Il faut lui donner une structure pour essayer de lui donner ce ballon où il peut faire la différence. Vous avez pu le voir l’année dernière, quand il a commencé à prendre du rythme. Ça m’est arrivé à moi aussi d’arriver en août, ce n’est pas facile dans ce championnat. Là, il va avoir une présaison. Mais quand il est aux alentours de la surface, en général c’est là où il est le meilleur, donc on va essayer de le trouver là. »

 

Une bataille devant le filet

 

Pour la première fois en six ans, Evan Bush n’est pas le titulaire indiscutable devant le filet de l’Impact.

 

Bush a vu sa séquence de départs consécutifs en MLS s’arrêter à 66 en septembre dernier quand Wilmer Cabrera, l’entraîneur du moment, avait décidé de le remplacer par Clément Diop pour les deux derniers matchs de la saison régulière.

 

Les deux cerbères sont de retour – tout comme le prometteur James Pantemis – et tout laisse croire qu’ils partiront avec une chance égale d’impressionner le nouveau patron. Pour ce que ça vaut, Rémy Vercoutre est de retour pour une deuxième saison au poste d’entraîneur des gardiens.

 

« Je n’ai toujours pas eu cette discussion avec l’entraîneur, a dit Bush mardi. Je tiens pour acquis qu’il y aura une lutte pour le rôle de titulaire, mais personnellement, mon approche reste la même. Que je sois confirmé dans le rôle de numéro un ou dans celui de numéro deux, il faut le voir comme une compétition. C’est comme ça que je le voyais quand je suis arrivé ici il y a dix ans et je vais garder la même attitude. »

 

« Je dis bien souvent à tout le monde qu’en général, tout le monde part de zéro en début de saison, a dit Henry. Ma philosophie, c’est même que ce que tu as fait la veille, il faut le refaire le lendemain. Donc voilà, tout le monde doit prouver qu’il peut jouer dans cette équipe. Je sais qu’il y a le débat des gardiens, mais celui qui mérite de jouer jouera. » ​