MONTRÉAL – La mission de l’Impact, la même qui semblait impossible (quoiqu’en disait Samuel Piette) il y a quelques jours à peine, est maintenant simple. Une autre victoire et les champions canadiens en titre auront la chance de défendre leur trône plus tard cet automne. 

Sans qu’on ne l’ait trop vu venir, l’Impact a déclassé les Whitecaps de Vancouver dimanche dernier dans le premier d’une séquence de deux matchs en quatre jours au BC Place. En marquant quatre fois tout en gardant l’adversaire à une distance raisonnable, le onze montréalais s’est grandement facilité la vie en vue de la conclusion du tournoi improvisé entre les clubs canadiens de la MLS. 

Mais Thierry Henry aimerait que personne ne s’imagine que le reste est dans la poche.  

« Si vous perdez contre un adversaire que vous avez la chance de revoir trois jours plus tard, vous ferez tout en votre pouvoir pour vous assurer que ça ne se reproduise pas », a martelé l’entraîneur-chef en point de presse, mardi, pour illustrer la qualité de l'opposition à laquelle il s'attend mercredi soir.

« Le mot "complaisance" n’est pas dans mon dictionnaire, a calmement fait comprendre Henry. Je n’en parle jamais. Je parle toujours de gagner des matchs et d’avancer. On n’y arrive pas toujours. Quand on n’y arrive pas, j’essaie de rectifier la situation. Mais je peux vous assurer que personne ne se dit que ça sera un match facile ou ne parle du fait qu’on les a déjà battus deux fois. Notre tête n’est pas du tout là. On avance un match à la fois et ce qui est arrivé dans le passé doit y rester. »

« Ils auront à l’esprit d’être revanchards parce qu’on a gagné chez eux, anticipe le défenseur Zachary Brault-Guillard. Je pense que pour cette phase-là, ils voudront finir dans de bonnes conditions, relever la tête et marquer encore trois points. C’est à nous de relever notre niveau. »

Même s’ils n’ont plus rien à jouer dans la course au titre canadien et qu’ils risquent d’être peu compétitifs dans la course aux séries de l’Association Ouest, les joueurs des Whitecaps voudront assurément empêcher les Montréalais de célébrer une autre fois sur leur terrain. Les 180 minutes que les deux équipes ont récemment ajoutées à leur historique commun ont écorché quelques égos, les esprits sont échauffés et il faut pas s’attendre à ce que les négligés défendent agressivement leur territoire pour les 90 dernières. 

« Vancouver forme une équipe très physique, approuve le capitaine Jukka Raitala. Ses joueurs aiment tacler et se battre pour tous les ballons. L’accumulation de ce genre de situations a créé beaucoup de tension, notamment entre leur attaquant et un de nos défenseurs, et je m’attends à ce que ça se reproduise demain. Je crois que c’est l’une de leurs meilleures armes. »

« Personnellement je n’entre pas dans ce genre de débat, s’est contenté de répondre Henry lorsque questionné sur l’importance pour ses hommes de rester disciplinés. C’est une équipe qui va essayer de jouer, le match va être difficile. J’avais dit avant le dernier match que ça serait difficile, celui-là va être difficile. Ce n’est jamais facile de battre deux fois une équipe comme ça en back to back, c’est vraiment pas facile, donc il va falloir être vigilant. »

Remplacer Maciel 

Des montées de testostérone ont créé des brèches importantes dans les effectifs des deux équipes en vue du prochain duel. Les Whitecaps seront privés de l’international canadien Lucas Cavallini, qui s’est pris deux cartons jaunes et une suspension automatique dans le dernier match. L’Impact, de son côté, sera privé du milieu de terrain Emanuel Maciel, expulsé pour son tacle dangereux aux dépens de Cristian Dajomé.

Maciel, qu’on croyait n’être qu’une acquisition superficielle lorsqu’il s’est amené d’Argentine au départ d’Ignacio Piatti, est pratiquement devenu un partant indiscutable dans le schéma tactique d’Henry. Le jeune homme a démarré les six derniers matchs aux côtés de Victor Wanyama et on se demande maintenant comment on comblera son absence devant la défense. 

Si Henry décide de piger directement sur son banc pour désigner un remplaçant, Shamit Shome apparaît comme le candidat le plus probable. Le stratège pourrait aussi déplacer être tenté de replacer Samuel Piette dans un rôle plus défensif et ainsi créer un effet domino plus haut sur le terrain.

« C’est exactement la question qu’on est en train de se poser, réfléchissait Henry à la veille du match. Il reste encore un entraînement, donc on verra bien ce qui va se passer. C’est vrai que Manu est en train de devenir un joueur important pour nous. »

« Son aspect technique et sa vision du jeu, a identifié Brault-Guillard lorsqu’on lui a demandé ce que l’Impact perdait en l’absence de Maciel. C’est vrai qu’il est très porté vers l’avant. Il fait du bon travail aussi bien offensivement que défensivement et il met de très bonnes passes. Sur le penalty où Romell fait la course dans le dos de Cornelius, c’est lui qui lui fait cette magnifique passe. Ça va nous manquer, mais on a d’autres très bons joueurs au milieu de terrain. » 

Pour le reste, il faut s’attendre, malgré la fatigue accumulée, à ce qu’Henry reste fidèle aux hommes autour desquels il semble avoir bâti son XI type au cours des dernières semaines. 

« C’est vrai qu’on a trouvé une certaine assise qui fait qu’on a un certain équilibre sur le plan défensif et offensif, même si c’est vrai qu’on peut être encore meilleurs sur ça. Maintenant, tous les joueurs sont au courant de la façon dont on essaie d’évoluer. C’est vrai qu’il va falloir faire certains  changements, mais peut-être pas maintenant. Dans la phase 2, voire 3, il va y avoir des matchs tous les trois jours, donc oui, il va falloir s’ajuster. [...] Je ne peux pas vraiment penser à ça là, maintenant, mais il va falloir faire des roulements, ça c’est sûr. »