MONTRÉAL – Rémi Garde a tôt fait d’identifier les dossiers prioritaires sur lesquels il devait se pencher à son arrivée à Montréal.

Sur la route qui l’a mené au neuvième rang du classement de l’Association Est l’année dernière, l’Impact a accordé 58 buts. Seulement cinq équipes des 21 autres équipes de la MLS ont fait pire et du lot, seuls les Earthquakes de San Jose, une drôle d’anomalie, se sont qualifiés pour les séries éliminatoires.

Avec ces données en main, Garde n’avait pas besoin d’un code d’accès aux archives du circuit Garber pour rédiger son syllabus.

« J’ai envie de me concentrer au départ sur les principes défensifs parce que si je regarde bien la saison dernière, encore une fois sans jugement aucun, je pense que c’est là que l’équipe a besoin de se rassurer un peu », avait-il dit début février, au retour de la première phase du camp d’entraînement à Miami.

Durant les trois semaines qui ont suivi, l’Impact a suivi le plan de cours à la lettre. Garde et ses adjoints ont enseigné leurs principes et érigé les bases de la structure défensive dont ils veulent doter l’équipe. Les copies rendues au terme de cinq matchs préparatoires n’ont pas toutes obtenu la note de passage, mais à une semaine du début de la saison régulière, les échecs comme le 0-5 encaissé contre l’Union de Philadelphie sont surtout interprétés comme des erreurs de parcours.

Le terrain fournira les vraies réponses à partir de dimanche à Vancouver, mais à cette période de l’année où tous les espoirs sont permis, l’optimisme semble régner chez l’Impact.

« Je crois que c’est rendu une de nos forces, la défensive, je dois l’avouer », est allé jusqu’à dire Samuel Piette, mardi, avant de sauter sur la surface artificielle du Centre Nutrilait.

« On a vu en présaison qu’on est une équipe solide défensivement, a renchéri le milieu de terrain. Le bloc est un peu plus bas et on est un peu plus serrés, plus unis. Je ne pense pas qu’on va être une équipe qui va courir partout, qui va presser n’importe qui. Ça va être de la pression, de la structure défensive intelligente. Je pense que c’est un bon système pour nous. »

Plus prudent dans son engouement, Evan Bush précise qu’il y a encore du travail à faire  - « ça prend plus que cinq ou six semaines pour se familiariser avec certaines choses » - mais convient que l’Impact a fait des progrès encourageants depuis la rentrée.

« Défensivement, on a été très solides, approuve le gardien. On se replie bien, on reste compacts. Ça ne veut pas dire qu’on va se contenter de rester en retrait et de contre-attaquer, je ne crois pas que ce soit le plan. Mais juste le fait d’avoir onze gars qui adhèrent à la même mentalité, c’est déjà bon signe. »

L’application de nouvelles directives d’équipe ne devient un succès que lorsque chacun a su s’adapter à ses nouvelles tâches.

« Je suis encore là devant la défense, c’est juste que je suis plus reculé, cite par exemple Piette. C’est-à-dire qu’au lieu d’être à la ligne médiane, je suis à 10-15 mètres de notre surface. Pour ma position, c’est plus de course gauche-droite que d’avancer et mettre la pression sur les milieux défensifs adverses. Mon rôle est de bien fermer les lignes de passes plutôt que de presser un adversaire en tant que tel. »

Pour Bush, dont le principal mandat restera toujours d’arrêter les ballons, les changements sont plus subtils.

« Évidemment, je dois être au courant de ce que l’entraîneur veut en terme de tactiques. Je dois communiquer avec les latéraux, les ailiers et les milieux défensifs pour s’assurer d’un bon positionnement quand on est en possession du ballon et quand on ne l’est pas. Ça, c’est différent. Je sais aussi que [Zakaria] Diallo et Victor [Cabrera] ne sont pas les plus loquaces, alors c’est une responsabilité que je dois prendre en attendant qu’ils soient plus confortables dans ce rôle. »  

De bons mots pour Cabrera

Cabrera est l’un des rares visages familiers que Bush retrouve devant lui cette saison. L’Argentin de 25 ans amorce sa quatrième saison avec l’Impact et s’il semblait avoir perdu quelques plumes sous les ordres de Mauro Biello, il est aujourd’hui le vétéran d’une brigade remodelée dont il doit aussi être considéré comme le pilier.  

Avec la blessure subie par Diallo mardi à l’entraînement, et considérant la minceur de l’Impact à la position de défenseur central, Cabrera devra rapidement s’imposer comme une valeur sûre dans le dernier rempart défensif.

« À notre dernier match, Victor a été fantastique contre David Villa, remarque Bush. C’est vrai que Villa a marqué deux buts, mais il y en a eu un sur un coup franc et l’autre a été la conséquence directe d’un revirement. Pour le reste, Victor l’a mis dans sa petite poche. S’il peut offrir une telle performance contre un gars de ce calibre, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas le faire sur une base hebdomadaire. En tout cas, c’est ce qu’on a besoin qu’il fasse. »

Cabrera a connu des moments forts depuis son arrivée à Montréal. À son année recrue, Frank Klopas l’avait rapidement identifié comme le partenaire idéal pour Laurent Ciman. La paire avait été gardée intacte quand Mauro Biello avait pris la barre de l’équipe et Cabrera avait reçu des fleurs du capitaine Patrice Bernier après la qualification du club pour les séries éliminatoires.

Mais le sympathique barbu n’a pas toujours maintenu un niveau élevé de performance. Son manque de constance a souvent été souligné. La saison dernière, Kyle Fisher en a profité pour lui ravir son poste dans le XI de départ.

« C’est souvent le genre de chose qui vient avec le temps, souligne Bush. Cette année, il est arrivé dans une bien meilleure forme physique et dans un état d’esprit plus sérieux. La clé, ça sera de continuer à travailler ensemble pour se pousser à rester à ce niveau. »