MONTRÉAL – À 32 ans, Evan Bush vient de connaître la meilleure saison de sa carrière.

 

Il est l’un des deux gardiens de la MLS, avec David Bingham du Galaxy de Los Angeles, à avoir gardé les filets pendant les 34 matchs de son équipe. Il a dominé la ligue avec 132 arrêts et son taux d’efficacité de 71,7% – une amélioration de dix points comparativement à son rendement de 2017 – l’a placé au troisième rang du circuit parmi les cerbères ayant reçu au moins 100 tirs. Il a de plus établi une nouvelle marque personnelle en réalisant dix jeux blancs.

 

À défaut de lui avoir valu une place parmi les trois finalistes au titre de gardien de l’année en MLS, ces statistiques en ont fait le récipiendaire logique du titre de joueur défensif de l’année chez l’Impact. Son trophée lui a été remis par le président Joey Saputo mercredi lors du bilan de fin de saison des joueurs.

 

Il s’agit d’une marque de reconnaissance pleinement justifiée pour le leader d’un groupe qui ne le méritait pas en première moitié de saison. Pendant une séquence de quatre matchs en avril, l’Impact a concédé 16 buts en quatre matchs au cours desquels Bush a été crédité d’un total de 29 arrêts.

 

« Je ne veux pas dire que c’était bien ou que j’en étais fier, mais pour moi c’était un élément positif sur lequel je devais me rabattre pour éviter de devenir fou, explique Bush en se remémorant la séquence. Je savais que si je dérogeais de cet état d’esprit, les choses risquaient de s’aggraver pour l’équipe. C’était mon rôle d’empêcher la frustration et la négativité d’entrer dans le vestiaire. Je devais être le pilier qui supportait notre structure et j’en ai retiré beaucoup de fierté. »

 

Le début de saison difficile aurait pu achever Bush, l’un des rares survivants du naufrage qui avait mené à la noyade de Mauro Biello et ses adjoints. Il lui a plutôt permis de mettre à l’épreuve ses nouvelles convictions.  

 

« Pour plusieurs raisons, notre saison précédente ne s’était pas passée comme prévu, mais toute la frustration que j’avais accumulée m’a servi de carburant durant la saison morte. J’avais laissé plusieurs éléments extérieurs affecter mon état d’esprit et je m’étais promis de revenir plus fort, de prouver que je pouvais connaître une saison comme celle que je viens de connaître. L’arrivée de [l’entraîneur des gardiens] Joël Bats a bien sûr aidé, mais les leçons apprises l’an passé m’ont aussi mené à changer ma préparation, mon approche mentale, mon travail en gymnase, mon alimentation... Ça s’explique par beaucoup de choses. »

 

Un contrat à négocier

 

Quelles sont les chances que Bush maintienne le niveau de jeu qu’il est parvenu à atteindre la saison dernière? C’est la question que doit se poser l’état-major de l’Impact alors qu’elle doit négocier avec son gardien numéro 1. Le vétéran de sept saisons en MLS est sans contrat en vue de la prochaine campagne. Il ne se qualifie pas pour l’autonomie complète selon les règles du circuit et les négociations en vue d’une nouvelle entente ont été amorcées en cours de saison. « Mais elles n’ont pas beaucoup progressé, pour plusieurs raisons », indique le joueur, un brin évasif sur la question.

 

Bush, dont la conjointe est enceinte d’un troisième enfant, dit se plaire à Montréal. Il cherchera assurément à décrocher une augmentation salariale – il a touché un salaire relativement modeste de 157 925$ en 2018 –, mais la durée de l’entente sera également au cœur des discussions. Depuis ses débuts avec l’Impact, il affirme n’avoir jamais bénéficié d’une sécurité d’emploi de plus d’un an.  

 

« Ceci étant dit, même si je signais pour huit ans, on pourrait m’échanger dans trois mois. J’aimerais nous procurer une certaine tranquillité d’esprit, mais il y a certaines choses que je ne contrôle pas. Je dois donc considérer l’ensemble de ces conditions. Quant à savoir si la suite sera ici ou ailleurs, je crois qu’il est trop tôt pour pouvoir le déterminer. »

 

L’Impact a gardé quatre gardiens au sein de son effectif cette saison. Peut-être que l’entraîneur-chef Rémi Garde et ses adjoints jugeront que l’un d’eux est prêt à prendre le filet sur une base permanente. Peut-être considéreront-ils le rapatriement de Maxime Crépeau, fraîchement recordman en USL. Peut-être ont-ils déjà ciblé un nouveau partant potentiel à l’international.

 

En attendant de connaître la réponse, Bush continuera de fixer sa concentration sur les éléments qu’il peut influencer. Que ce soit à Montréal ou ailleurs, le fier fils de l’Ohio est convaincu qu’il prendra un autre pas vers l’avant en 2019.

 

« Tous les athlètes font évidemment face à un déclin naturel, mais même s’il est inévitable, je ne crois pas qu’on devrait jamais l’accepter. Il y a toujours une façon de s’adapter à une nouvelle situation et de devenir meilleur, que ce soit physiquement ou mentalement. C’est ce que j’ai essayé de faire cette année et je continuerai à le faire tant et aussi longtemps que je jouerai. »