MONTRÉAL – Il ne s’agit que d’un match et d’une victoire en sol étranger, mais Rémi Garde utilise des arguments bien appuyés laissant croire « qu’il y a de bons signaux » concernant l’évolution de son équipe pour l’an II de son ère.

 

Garde se réfugie rarement dans des clichés pour disséquer le contexte qui prévaut dans sa formation et sa vision des choses étaient fort éclairante, mardi matin.

 

L’enjeu était d’essayer de découvrir si ce triomphe acquis en lever de rideau à San Jose était annonciateur d’un meilleur rendement loin du Stade Saputo. Pour le dire d’une autre manière, peut-on déjà conclure que son groupe est plus fort mentalement pour affronter les défis de la route (piètre fiche de 3-12-2 en 2018)?

 

Après avoir abordé le sujet tôt dans son point de presse, il avait gardé le meilleur vers la fin quand il a été questionné sur les bénéfices d’en être à une deuxième saison aux commandes du club.

 

« Je n’aime pas parler de moi, mais, puisque vous me posez la question, je me sens bien. Effectivement, il y a moins de nouveautés pour moi. Comme je l’ai dit tantôt aussi, il y a des joueurs qui ont compris les exigences. On a parlé de mes exigences, mais ce sont celles du football pour gagner des matchs. Je crois que c’est surtout ça », a-t-il d’abord répondu.  

 

« Ce que je dois souligner aussi, c’est que j’ai parfois l’impression qu’on a une perception de cette ligue qui est encore celle qu’elle était il y a trois ou quatre ans. Je crois que ce circuit a énormément évolué. J’en avais parlé avec Marco Donadel qui en était à sa quatrième année la saison dernière. Il m’avait confirmé que ça allait beaucoup plus vite en 2018 que par le passé », a enchaîné Garde avant d’y aller avec la partie la plus intéressante.  

 

« Peut-être que certains joueurs ou des gens dans l’environnement autour de l’équipe, peu importe, je ne cherche pas à savoir qui, avaient cette perception que les attaquants marquaient, que les milieux étaient au milieu et les défenseurs derrière. Quand on marquait, c’était parce que ça venait des attaquants et quand on ne concédait pas de buts, c’était grâce aux défenseurs. Enfin, des caricatures qui m’ont un peu surpris au départ », a évoqué Garde.  

 

« On a évolué là-dedans et un certain nombre de choses ont été assimilées par les joueurs. Peut-être aussi que j’ai mieux expliqué les choses et des joueurs sont différents », a-t-il enchaîné avec franchise.

 

Quelques minutes auparavant, Garde avait été plus prudent sur les révélations au sujet de sa troupe après ce gain à San Jose.  

 

« Tirez des conclusions au foot, c’est toujours très dangereux. C’est remis en question chaque semaine. Mais la solidarité qu’il y a dans le groupe et l’état d’esprit actuel me permet de dire qu’il y a de bons signaux », a-t-il commenté.

 

Garde a bûché fort, avant et pendant le camp d’entraînement, pour que ce courant s’imprègne.  

 

« Le mérite revient aux joueurs qui comprennent et acceptent ce mode de fonctionnement. Samedi, j’ai vu des joueurs qui n’avaient pas débuté le match ni même foulé la pelouse, qui se comportaient comme des joueurs qui avaient marqué un but ou fait un arrêt extraordinaire. Voilà pourquoi on joue au foot et qu’on fait un sport collectif. Je l’ai souligné après le match, c’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons obtenu la victoire », a raconté l’entraîneur.

 

Une transition plus achevée

 

En plus du résultat final, l’encaissement des trois points a été possible grâce à une remontée. Combler un déficit en ouverture de saison fait oublier bien des heures de souffrance à l’entraînement.

 

« Personne ne s’y attendait pour être honnête. On a été surpris par leur but, mais on n’a pas été démunis par celui-ci. On a senti qu’on voulait vraiment égaliser et ça s’est produit. C’est vrai qu’on est plus forts mentalement cette année. On s’est servis de certaines erreurs de l’an passé. Il y a aussi le fait de se connaître un peu plus, ça solidifie ce groupe », a admis Saphir Taïder nommé en tête de l’équipe d’étoiles de la semaine.

 

Tout juste avant lui, Daniel Lovitz avait confirmé la même hypothèse.

 

« Ce n’est qu’un match et on le sait, mais c’est un indicatif fort de notre état d’esprit », a lancé celui qui était ravi de constater l’évolution psychologique de son équipe au retour de son séjour avec l’équipe nationale américaine.  

 

« Dès que je suis arrivé, j’ai senti que c’était différent et ce n’est rien pour critiquer le contexte de l’an dernier. C’est normal, il y avait tellement de nouveaux visages l’an passé.

 

« Je pense que la familiarité a provoqué un très bel effet sur les joueurs et le personnel. Les nouveaux ont voulu s’intégrer à la culture et ce n’est pas toujours le cas. On a vu, par le passé, des joueurs qui ont pris plus de temps pour s’intégrer et suivre la méthode. Ils sont un peu à l’écart au début et ils ne jouent pas beaucoup. Je n’ai rien vu de ça cette année. C’est étrange, mais c’est génial. Bien des gars sont dévoués », a décrit sans filtre Lovitz qui pourrait signer sous peu un nouveau contrat avec l’Impact.

 

L’obstacle du calendrier demeure colossal

 

Avec de tels énoncés, on déduit que les hommes de Garde ne s’effondreraient pas entre les deux oreilles si quelques revers survenaient dans les prochaines semaines. Parce qu’il faut le dire, le test du début de saison ferait peur à n’importe quelle équipe.

 

On parle de huit matchs sur neuf sur des terrains adverses dont les six premiers! C’est donc tout près de la moitié des matchs à disputer à l’étranger puisque le total monte à 17.

 

« Il n’y a aucune raison de ne pas attaquer un adversaire. C’est important pour nous d’essayer de vaincre nos opposants avec toute la détermination possible. C’est très porteur de développer de telles caractéristiques au sein d’une équipe tôt dans une saison. On n’aura pas besoin de se réinventer en arrivant sur notre terrain pour déployer un style agressif. Ça fera déjà partie de notre identité et ce sera plus difficile de venir nous affronter », a lancé Lovitz qui souhaite ainsi construire une fondation très solide.

 

Pour satisfaire les désirs de Lovitz, Garde veut corriger quelques trucs ayant remarqué quelques tremblements face aux Earthquakes.

 

« Je crois qu’on doit faire mieux en deuxième demie, reculer un peu moins. Notre pressing au milieu du terrain était un peu moins fort, notre premier rideau aussi. Ce qui a fait qu’on était un peu trop bas sur les 15 dernières minutes. Ce n’est pas une situation que je voudrais revoir », a avoué Garde qui était tout de même heureux que les menaces soient venues de l’extérieur.  

 

Sans être impeccable, le travail défensif a donc été prometteur surtout considérant l’insertion de Zakaria Diallo en défense centrale. L’entraîneur a aimé sa « facilité de relance » et la complémentarité avec Victor Cabrera.

 

Offensivement, Ignacio Piatti – qui a marqué un but magnifique – devra encore être l’arme suprême de cette attaque, mais on ne veut pas autant devoir se fier sur lui.  

 

« C’est fâchant de voir qu’on ne s’épate plus pour ça, c’est devenu normal pour nous », a laissé tomber Lovitz.

 

Des partenaires comme Taïder, Harry Novillo, Orji Okwonkwo et Maximiliano Urruti devront bien l’épauler. Chose certaine, Taïder commence à y prendre goût après son but décisif.

 

« C’est comme du chocolat, quand on y goûte, on en veut toujours. Inévitablement, quand on marque, on souhaite mettre le plus de buts que possible. Mais ce n’est pas une obsession que j’ai en tête, je préfère faire jouer mes partenaires. Mais si la possibilité se présente, je ne me priverai pas », a conclu Taïder.