MONTRÉAL – À mesure que les défaites s’accumulent, les langues les plus acérées remettent ses compétences en question. Des partisans, dans des accès d’impatience disons-le un peu loufoques, demandent déjà sa tête. Et son patron, apprend-il sûrement à la dure, prend beaucoup de place. Sa première saison en Amérique n’est vieille que de douze matchs et déjà, l’« entraîneur désigné » de l’Impact traverse sa première crise.

 

Rémi Garde s’attendait sans doute à une amorce un peu plus en douceur quand il a accepté l’offre de Joey Saputo et a décidé de relancer sa carrière de l’autre côté de l’Atlantique. Au cœur d’une tempête qu’il n’avait pas anticipée, mais qu’il sait inhérente au métier, il reconnaît être « celui qui doit essayer de trouver l’étincelle » pour relancer un groupe englué dans le négativisme.

 

« Vous savez, quand on est à ce poste-là, tout peut arriver, des belles choses comme des mauvaises choses. J’aurais préféré commencer par quelque chose de plus positif pour asseoir une personnalité et une méthode de travail qui a déjà fonctionné par le passé et en laquelle je crois. Maintenant, la situation est différente et il faut que je l’appréhende, il faut que je la gère en essayant de rassurer quand il faut rassurer, de fouetter quand il faut fouetter, de motiver quand il faut motiver », a endossé Garde jeudi matin.

 

« J’essaie de faire mon métier du mieux possible. Je souffre avec tous les gens qui aiment le club, avec les partisans, avec le président, avec tous les gens qui travaillent autour de moi. On souffre tous, personne n’est content de ça. »

 

Garde persiste à plaider que le début de son règne a été teinté par la malchance. « Il faut toujours essayer d’avoir une analyse raisonnée et avec du recul », souligne-t-il, ramenant sur le tapis les nombreuses blessures qui ont affecté son corps défensif et les quelques décisions arbitrales qui ont nui à son équipe depuis le début de la saison.

 

« Ce sont des coups violents qu’on n’avait pas anticipés, même si on sait que ça peut arriver », dit-il, se distançant au rebond de l’opinion émise par Joey Saputo, selon qui l’état-major de l’Impact avait mal évalué l’ampleur du chantier que représentait la reconstruction souhaitée l’hiver dernier.

 

« Je ne pense pas avoir sous-estimé la ligue, au contraire. Ceux qui me connaissent savent que je suis quelqu’un de relativement humble, de respectueux. J’ai beaucoup écouté les gens qui sont en place autour de moi et qui connaissent la ligue et ses spécificités. On m’avait aussi demandé de venir ici avec mes qualités, avec des méthodes qui, encore une fois, ont fonctionné avant. J’ai essayé de faire un mélange des deux. Mais je ne suis pas le genre de personne qui prend les situations ou les gens de haut. »

 

« Après, sur le reste, sur l’effectif, on savait en venant ici qu’on aurait des choses à faire évoluer, a réitéré le pilote. Mais on n’a pas pu faire évoluer jusqu’au bout ce qui était envisagé, pour différentes raisons. Et donc, je vous l’ai déjà dit et le président l’a annoncé, il y a encore des mouvements à faire. »

 

« Dès que ça cliquera, ça sera pour de bon »

 

Disposé à prendre sa part de blâme pour les déconvenues de son équipe, Garde souligne toutefois les limites des ajustements tactiques et des belles paroles. Ses joueurs, dit-il, sont ceux qui possèdent la plus grande portion de la solution. Le portrait est sombre, mais l’entraîneur n’a pas perdu espoir de voir la saison prendre une nouvelle teinte dès samedi lors du déplacement au Minnesota.  

L'Impact en recherche de positif

 

« Je pense que les discours ne sont pas très longs à faire. On est dans une position où on n’a pas montré suffisamment, individuellement et collectivement, mais on a l’opportunité de changer le cours de la situation, de l’histoire. C’est pour ça que le foot est beau. Dès qu’on gagne, il y a beaucoup de problèmes qui disparaissent et à l’inverse, lorsqu’on ne gagne pas, il y a tout un tas de problèmes, petits ou moyens, qui surgissent et dont on n’aurait pas connaissance si on gagnait. L’opportunité est là, sans sous-estimer bien évidemment nos adversaires. On n’a pas ce luxe-là en ce moment. Mais il s’agit d’apporter une réaction d’hommes et de joueurs passionnés. »

 

« Ce n’est qu’une question de temps avant que ça clique, demeure convaincu le défenseur Daniel Lovitz. L’année dernière, on était une équipe qui fonctionnait en séquences, avec ses hauts et ses bas. Je sais qu’on traverse des moments très difficiles, mais c’est important de comprendre que dès que ça cliquera, ça sera pour de bon. Nos succès seront durables et je crois que les longues léthargies seront définitivement chose du passé. »

 

Lovitz, qui a raté le dernier match en raison d’une suspension, est toutefois conscient que le temps presse. L’Impact affiche la pire moyenne de points par match de la MLS et traîne déjà à huit points d’une place en séries. Une qualification pour la deuxième saison semble déjà utopique.

 

« On ne veut pas utilisé le mot " désespéré ", mais on sait que si on veut que cette saison prenne la tangente qu’on lui prédisait, il faudra faire vite et bien. En fin de semaine au Minnesota, nos intentions doivent être claires, il faut y aller pour gagner. On n’a plus le luxe d’aborder les matchs à l’étranger comme des occasions de décrocher un point. Les nulles ou les victoires morales ne suffisent plus. »

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