MONTRÉAL – Loin de vivre dans le déni, Rémi Garde jette néanmoins un regard beaucoup moins alarmiste que ses joueurs sur l’échec retentissant ramené de Washington en fin de semaine.

Reconnaissant que ses joueurs sont passés à côté de ce qui avait été identifié par plusieurs comme le « match de l’année » sur leur calendrier, l’entraîneur de l’Impact n’a ni brandi de doigt accusateur, ni approché celui-ci du proverbial bouton de panique à son retour au complexe d’entraînement de l’équipe mardi.

« Je pense qu’il y a des défaites qui, pour moi, sont beaucoup plus inquiétantes que celle-là, très honnêtement, a-t-il tenté de désamorcer. Je ne pense pas qu’on ait vu le pire de l’Impact. On l’a vu au tableau d’affichage, c’est sûr, c’est la réalité. Il faut donc voir les choses en face. Mais si on regarde le contenu du match, je ne comprends toujours pas comment on n’a pas pu marquer une seule fois et comment l’adversaire a pu avoir autant de réussite par rapport au nombre d’occasions qu’elle s’est créées. »

De dangereux impondérables peuvent être isolés de cette défaite contre D.C. United. Le gardien Evan Bush a dit avoir constaté un relâchement complet chez ses coéquipiers après le deuxième des cinq buts adverses. Daniel Lovitz est allé encore plus loin, déplorant le « manque sévère de leadership » au sein des troupes.

Ce sont là des constats préoccupants qui effacent sans contredit tous les avantages statistiques avec lesquels on pourrait être tentés de se rassurer, de se convaincre que tout n’est pas si mal. À quoi bon décocher près de trois fois plus de tirs au but que l’adversaire ou dominer outrageusement le temps de possession si c’est pour en sortir avec sa pire défaite de la saison?  

En privé, dans une salle où la lueur de l’écran sur lequel joue en boucle le crash de samedi représente la seule lumière visible tout au bout du tunnel, Garde se questionne probablement autant que vous à la vue des inquiétants signaux que lui ont émis ses hommes.

En public, toutefois, le chef du clan se dresse comme une figure apaisante, apôtre imperturbable de la théorie du verre-à-moitié-plein.

« C’est vrai qu’après le match, j’étais comme les joueurs, j’étais très déçu. C’était un match très important pour nous, donc c’était difficile d’avoir la bonne réaction, la bonne analyse tout de suite. J’ai revu le match et il y a des choses qui n’ont pas marché. Sur les buts, on a failli parfois individuellement, parfois collectivement. On n’a pas du tout bien fait, c’est sûr, dans des moments cruciaux et des zones de terrain cruciales. Mais je n’ai pas du tout l’impression qu’on s’est effondrés. C’était un match qu’on voulait et qu’on ne devait pas perdre. On l’a perdu, mais avec une ampleur au tableau d’affichage qui ne reflète pas ce qui s’est passé sur le terrain. »

Que vous soyez d’accord ou non avec cette affirmation n’a pas vraiment d’importance. Les différentes interprétations qu’il est possible d’extraire du passé ne changent rien au fait que devant lui, l’Impact fait maintenant face à une pente beaucoup plus abrupte. Son avance au classement ne le protège plus des matchs en réserve que possède D.C. United. C’est peut-être la seule affirmation qu’on peut reprocher à Lovitz dans la puissante introspection qu’il a livrée mardi : ce n’est plus vrai que l’Impact est en contrôle de sa destinée.

Vers la mi-saison, Garde a évalué que son équipe aurait besoin de 50 points pour assurer sa place en séries. Avec trois matchs à jouer, elle ne peut plus espérer en décrocher qu’un maximum de 49. Une telle récolte représenterait une amélioration appréciable des résultats comptables obtenus l’an dernier, mais elle ne suffirait pas à la mettre définitivement à l’abri.

En octobre, gagner ne suffira malheureusement pas à l’Impact.

« D.C. United a fait une bonne opération, mais pour le moment ils sont encore derrière, s’encourage Garde. Personne ne peut savoir ce qui va se passer. Nous, on ne peut que se concentrer sur les trois matchs qui viennent et j’aimerais qu’ils soient à l’image de notre deuxième moitié de saison, et pas de la première partie de notre saison. On va tous s’attacher à ça parce que c’est important pour tout le monde. La course n’est pas terminée. On a fait une sortie de route, on a pris un mauvais virage, mais on va continuer à donner le meilleur de nous-mêmes. »

« La porte n’est pas fermée, ça serait ridicule de penser le contraire, clame Evan Bush. Les points dont D.C. a besoin, on les a présentement en banque. Ils ont un calendrier favorable, c’est vrai, mais il est trop tôt pour voir le négatif. On est dans une position où il nous faut continuer d’amasser des points. Si on gagne nos trois derniers matchs et qu’on arrive à court de notre objectif, il ne nous restera qu’à lever notre chapeau à D.C. parce que 49 points, c’est habituellement assez bon pour entrer dans la danse. »