MONTRÉAL – Au jour J, alors que la survie de son équipe ne tenait qu’à un fil, au moment précis où son équipe avait plus que jamais besoin d’un but, Rémi Garde a sorti son attaquant du match et l’a remplacé par un milieu de terrain recrue. Par défaut, dans une ultime prière, il a placé Ignacio Piatti en pointe.  

L’effet obtenu n’aurait pu être plus à l’opposé de celui qui était recherché. Sans Piatti pour participer à la construction offensive sur le flanc gauche, l’Impact a complètement perdu le chemin vers le filet adverse et a été blanchi. Le but salvateur n’est jamais venu.

Garde aura été bon joueur avec ses attaquants cette saison. Quand Matteo Mancosu s’enfargeait dans ses lacets devant des filets grands ouverts, le coach détournait l’attention en vantant son abnégation et son apport subtil au collectif. Quand Quincy Amarikwa fendait l’air sur d’utopiques bicyclettes dans la surface de réparation, il était louangé pour son dynamisme et sa générosité dans l’effort.  

Mais lorsque l’heure est devenue critique, ce sont les gestes du coach qui ont laissé transpirer le fond de sa pensée.

« Aucun des trois n’a réellement performé, s’est rendu à l’évidence Garde, en incluant dans le lot le Québécois Anthony Jackson-Hamel, jeudi. C’est aussi mon échec. »

L’Impact a obtenu six buts des pieds de ses trois spécialistes attitrés en 2018, une statistique qui résume tout ce qu’il faut savoir sur le besoin de renouveau nécessaire à la position. Garde part donc à la chasse aux attaquants. Lors du bilan de sa première saison à la barre de l’équipe, l’entraîneur-chef a confirmé que la recherche d’un avant-centre digne de ce nom sera sa priorité lors de son premier entre-saison complet à la barre de l’équipe.

« Si ce n’était pas ma priorité, il faudrait que je me remette sérieusement en question et je ne serais peut-être pas là à vous parler », a candidement lancé le pilote français.

« Et quel genre d’attaquant? Un attaquant efficace et un attaquant qui travaille aussi pour l’équipe. J’ai eu des avant-centres dans mes équipes précédentes qui pouvaient aussi rechigner au départ et qui finalement, avec un travail collectif, de vidéo et de réglages, voyaient qu’en faisant ci et en faisant ça, on pouvait aussi marquer des buts. Que ce soit [Bafétimbi] Gomis, Lisandro Lopez, [Alexandre] Lacazette, ils ont toujours marqué des buts dans mes équipes. Donc je dois trouver quelqu’un comme ça, qui soit efficace. »

Soulignant la saine relation qu’il entretient avec Joey Saputo, Garde a dit ne pas s’inquiéter que des contraintes financières ne se posent en obstacle dans ses recherches.

« On va essayer d’être malins. Je vais essayer de faire jouer mon réseau et aussi de m’appuyer sur les joueurs qui sont venus d’Europe et qui ont aiment ce qui se passent ici. Vous savez, ce n’est pas toujours quand on dépense beaucoup, beaucoup d’argent qu’on fait les meilleures affaires. Il y a une volonté aussi de s’appuyer sur la structure de recrutement de Bologne. On va essayer de travailler intelligemment. Même si on a un peu plus de temps devant nous, il ne faudra pas traîner. »

L’objectif est d’intégrer le profil recherché avant le début du prochain camp d’entraînement, mais Garde croit aux vertus de la patience.

« La meilleure situation, c’est d’amener le meilleur gars au meilleur moment. Le plus tôt est le mieux, puisque j’aurais le luxe de lui donner le plan de match et d’éviter le plus possible les surprises. Mais s’il faut attendre pour être pleinement satisfait, je préfère cela. De toute façon, je crois que plus un joueur est bon, le plus facile est son intégration dans une nouvelle équipe. »

Bonifier une structure bien établie

Garde a aussi indiqué que le renforcement de son milieu de terrain sera une importante facette du chantier qui s’est amorcé avec l’élimination de l’équipe lors du dernier week-end de la saison régulière.

« J’ai une idée du type de joueur que je veux, mais je ne suis pas certain que je vais le trouver sur le marché. Peut-être devrais-je adapter mes recherches pour m’assurer qu’il cadre bien dans le groupe. Ce qui est sûr, c’est que la structure de l’équipe est là et je ne veux pas la détruire. Je veux la bonifier. »

Devant le filet, Garde a dit souhaiter le retour d’Evan Bush comme numéro 1, écartant à toute fin pratique le retour de Maxime Crépeau dans l’entourage immédiat du club. « Je serais stupide de dire que je ne veux plus d’Evan Bush, a-t-il insisté. L’organisation a commencé à négocier avec son agent et j’espère qu’on parviendra à lui consentir un nouveau contrat. »

Outre Kyle Fisher, qui avait lui-même annoncé la veille que son contrat ne serait pas renouvelé, les jeunes Michael Salazar et Louis Béland-Goyette ont reçu comme message qu’ils ne seraient pas de retour en 2019.

Garde a aussi confirmé le fossé idéologique qui le séparait d’Anthony Jackson-Hamel, mais il n’a pas complètement écarté la possibilité que le Québécois, qui est sous contrat pour une autre saison, refasse surface en Bleu-blanc-noir. « Je n’ai rien contre lui. On va trouver la meilleure solution, intelligemment. S’il revient et casse la baraque, je n’ai pas d’amour propre à me dire [qu’il n’aura pas le temps de jeu qu’il mérite]. »

Finalement, Garde a mis le feu aux rumeurs qui le renvoient en Ligue 1 la saison prochaine. Mercredi, le quotidien l’Équipe avait ramené son nom dans l’actualité en le présentant comme le possible successeur de Sabri Lamouchi à Rennes.

« Je veux rester. On va parler clairement, à aucun moment Joey Saputo ne m’a dit : ‘Ça serait bien que tu écoutes et que tu partes’. Il n’y a pas de souci, je serai là la saison prochaine »

« Je n'ai pas sous-estimé la MLS »
« Je veux le retour de Rod Fanni et Bacary Sagna »
« J'ai de l'espoir avec les jeunes de l'organisation »
« Nous avons un groupe uni »
« Le dossier Jackson-Hamel, c'est aussi mon échec »
« Je serai de retour la saison prochaine »