MONTRÉAL – Ses longs tacles glissés sont rapidement devenus sa marque de commerce. L’énergie qu’il déployait et le charisme qu’il affichait sur le terrain lui ont valu un surnom fort et riche de sens, le « Général ». Dans le vestiaire, son franc-parler en a naturellement fait l’un des favoris des journalistes.

À chacun son souvenir de Laurent Ciman. Pour Chris Duvall, ce sont les passes.

« À ce chapitre, je crois qu’il est probablement l’un des meilleurs défenseurs centraux au monde, s’émerveille encore le latéral droit de l’Impact. Même en plein match, il m’arrivait d’être surpris que certaines de ses passes arrivent à mes pieds. C’est un talent qui est difficile à trouver. »

C’est aussi un talent dont l’Impact, dans la transition qu’il a opérée cet hiver, a décidé de se passer. L’entraîneur-chef Rémi Garde, dont l’une des premières décisions après son embauche fut d’approuver le divorce entre le populaire Belge et le club montréalais, a répété jeudi matin qu’il avait procédé de manière réfléchie après avoir visionné plusieurs matchs et après avoir consulté plusieurs personnes au sein de l’organisation. Puis il s’est tu, une invitation polie, mais peu subtile à changer de sujet.

Garde, ça se comprend, aimerait mieux parler du match qui vient, le premier de la saison au Stade Saputo. Il aimerait mieux parler du Los Angeles FC, l’adversaire qui sera en ville pour gâcher la fête. Il aimerait mieux parler de Saphir Taïder, qui effectuera un retour au jeu après avoir purgé un match de suspension.

« Je sais que c’est un ancien d’ici, a abordé Taïder avec la même absence d’enthousiasme. Ça lui fera peut-être plaisir de revenir, mais nous on doit focaliser sur notre match. »

Mais le retour de Ciman à Montréal, que ceux qui lui ont succédé le veuillent ou non, est un sujet de discussion inévitable cette semaine dans l’entourage de l’Impact.

« C’est toujours un moment spécial quand un joueur revient dans un club. Ce n’est pas la première fois que ça se produit et ça se reproduira, a commenté le coach. Personnellement, je me concentre sur mon équipe, je prépare mon équipe et je ne m’apprête pas à affronter un joueur. Je m’apprête à affronter une équipe qui est plutôt en forme, qui a bien débuté son championnat. C’est surtout ça, ma priorité. Après, que ce soit une situation particulière pour les partisans qui ont bien connu Laurent Ciman et peut-être pour ceux qui ont joué avec lui, je ne vais pas le nier. Mais en ce qui me concerne, je me prépare à jouer contre une équipe. »

Cette équipe d’expansion, dont Ciman est le tout premier capitaine, connaît effectivement des débuts intéressants. Malgré un calendrier intransigeant et un manque de familiarité logique entre ses membres, des « explications » maintes fois évoquées ici pour expliquer les défaites trop fréquentes, la nouvelle formation californienne impressionne. Forcée de jouer sur la route en attendant que la construction de son stade soit complétée, elle a remporté trois des cinq premiers matchs de son histoire. Une dégelée à Atlanta et un amer effondrement contre Zlatan et ses Galactiques représentent jusqu’ici ses seuls faux pas.

« On est très heureux de retrouver nos partisans »

« C’est une équipe qui a aussi changé de système récemment, donc qui est capable de jouer dans différentes positions en gardant toutefois ses principes de jeu, évalue Garde. C’est une équipe qui aime aller très vite vers l’avant. Ils ont des joueurs avec des caractéristiques qui permettent de se projeter très vite, de jouer beaucoup dans la profondeur. Ils ont beaucoup de qualités techniques, ce qui leur permet de faire courir l’adversaire, de maintenir la balle. Et quel que soit le système qu’ils utilisent, ils gardent ces forces-là. »

Le LAFC revendique onze buts en cinq matchs, le deuxième plus haut total de l’Association Ouest. Il compte sur deux des six meilleurs marqueurs de la MLS en Diego Rossi et Carlos Vela, deux joueurs désignés qui ont déjà quatre buts au compteur.

Tout ça n’est pas nécessairement de bon augure pour l’Impact, dont la défensive s’est complètement écrasée au cours des deux dernières semaines. Après s’être incliné 4-0 dans un match où il était réduit à 10 en Nouvelle-Angleterre, le Bleu-blanc-noir a concédé trois buts dans une défaite à New York, un match au terme duquel Garde avait admis que l’étendue des dégâts aurait pu être bien pire.

« J’en garde l’impression qu’à chaque fois qu’ils avaient le ballon, ils avaient une chance de marquer, retient Duvall de la plus récente performance des siens contre les Red Bulls. Cette semaine à l’entraînement, on s’est presque uniquement concentrés sur la défense pour s’assurer qu’on gagne nos duels et qu’on ne laisse pas les attaquants adverses se faufiler derrière nous aussi facilement. »

« Jouer à domicile sera une force »

L’ironie est difficile à ignorer : l’Impact qui traverse une petite crise en défensive au moment où l’ancien visage de sa brigade rentre au bercail. Qui plus est, le vétéran Rod Fanni, qui s’affiche comme un digne remplaçant de Ciman en défense centrale depuis le début de la saison, risque de ne pas participer aux retrouvailles. Garde n’a pas écarté la possibilité que Fanni soit de la partie, mais « une petite lésion musculaire » subie à New York l’a empêché de s’entraîner toute la semaine.  

Bref, le Général n’était peut-être plus dans les plans, mais sur le terrain comme dans le cœur de ceux qui rempliront les gradins, l’Impact pourrait certainement bénéficier de sa présence pour son entrée au Stade Saputo.

« Ça va être bien de le revoir, mais c’est un match comme un autre, assure Duvall. Pour lui, par contre, ça sera sans doute très spécial de revenir à Montréal. On en est tous très conscients. »