MONTRÉAL – C’était la trame narrative sur laquelle tout le monde voulait s’appuyer, l’espoir qui servait de carburant à l’équipe dans l’adversité.

Bien sûr qu’il faisait suer, ce calendrier complètement insensé. Huit matchs sur neuf à l’étranger pour commencer l’année. Un coup de pied au derrière, avec ça? Mais si vous preniez ce groupe de gars comme cible, il fallait vous assurer de ne pas les manquer. Parce que s’ils tenaient encore debout après cette longue randonnée dans les ronces, personne n’allait les empêcher de sentir les fleurs à l’autre bout du sentier.

Et les joueurs de l’Impact sont restés debout. Droits comme des chênes, fiers comme des paons, et avec raison. Ils l’ont traversé comme des chefs, cette première portion de la saison. Répondre comme ils l’ont fait aux obstacles qui ont été placés sur leur chemin en première moitié de saison est admirable.

Mais maintenant, voilà que le plus dur semble à venir.

Il est vrai que l’Impact n’a pas été déclassé samedi soir contre le Toronto FC, mais en laissant filer un deuxième match de suite à domicile, il a eu l’air d’une équipe à bout de souffle qui a déjà brûlé toutes ses cartouches. Une défensive trop souvent distraite, un milieu de terrain démuni, une attaque prévisible et sans audace.

« On a peut-être laissé aussi beaucoup de force jusqu’à présent », a glissé l’entraîneur-chef Rémi Garde dans son point de presse d’après-match, déposant dans toute oreille attentive son approbation à la théorie énoncée ci-haut.

« Personne ne doit oublier qu’on doit jouer sans Nacho depuis maintenant – plus personne ne se souvient même de son dernier match, a continué Garde. Et quand on sait l’importance de Nacho ici, ça veut dire quelque chose. Imaginez l’équipe d’en face qui joue sans deux de ses trois joueurs désignés. Ça ne serait peut-être pas la même chose. »

Mais au vestiaire, les leaders ont refusé de tomber dans l’apitoiement. Bacary Sagna, dont la douce voix pleine de sagesse se fait de plus en plus tranchante, a balayé du revers de la main tous les facteurs aggravants dont ses coéquipiers et lui pourraient se servir pour justifier leurs récentes contre-performances.

Sur la perte de Samuel Piette, sorti sur blessure à la 60e minute samedi : « Je ne veux pas trouver d’excuses. Sur l’ensemble du match, ils ont mieux contrôlé le ballon que nous. On perdait le ballon un peu trop vite en deuxième mi-temps et forcément, ils nous ont mis sous pression. Maintenant, il faut analyser le match. On va prendre le temps de réfléchir, se reposer et dès mardi, il va falloir se remettre dedans parce qu’on a à cœur de faire les playoffs et pour le moment, on s’en va dans la mauvaise direction. »

Sur les rigueurs du calendrier qui pourraient avoir laissé des traces : « Non, je ne veux pas trouver d’excuses. Je pense qu’on doit chacun de notre côté travailler, tout simplement. Il n’y a pas d’excuses. C’est pas les voyages, il n’y a pas d’excuses. Bravo à Toronto. Malheureusement on aurait aimé prendre les trois points parce que c’est un derby, parce qu’on aurait voulu l’offrir aux fans. Et mathématiquement, c’était un match très important parce qu’on aurait pu les distancer. Mais il nous reste pas mal de matchs et il faut se remettre dedans tout de suite. »

La voix éteinte par la déception, Evan Bush refusait de croire que la fatigue pouvait expliquer l’actuelle glissade des siens.

« Plusieurs gars sont entrés et sortis de l’alignement, je ne pense pas qu’on en a plusieurs qui ont joué 90 minutes sur une base hebdomadaire. Même un gars comme Sam, je sais qu’il était avec l’équipe nationale, mais je crois qu’il n’a joué que deux matchs là-bas. Alors la fatigue n’est pas un problème. Peut-être qu’il y en a au niveau mental, mais si c’est le cas, il faut que les gars qui le ressentent soient honnêtes et il faut que les autres soient ouverts à l’entendre et prêts à prendre le relais. C’est en équipe qu’on va s’en sortir. On n’a pas de Messi qui peut gagner des matchs à lui seul. On a besoin que les onze gars sur le terrain donnent un plein effort à chaque semaine. »

L’Impact a besoin de renfort. Après avoir bâclé les premiers mercatos de l’ère Garde, l’organisation ne peut se permettre de manquer son coup durant l’actuelle fenêtre de transferts. Une autre opération ratée risquerait de tirer l’équipe vers le bas, où l’attendrait une troisième exclusion consécutive aux séries éliminatoires.  

« C’est une très mauvaise journée pour le club, mais je persiste à croire qu’on forme une bonne équipe, a dit Sagna. Je crois qu’on a la qualité nécessaire et je crois que lorsqu’on joue avec confiance, on forme l’une des meilleures équipes dans l’Est. Il faut maintenant le montrer sur le terrain. »

« Les trois derniers matchs ont été éprouvants, mais on est capable d’aller chercher des points avec ce groupe, croit Bush. L’ajout de sang neuf peut parfois aider, mais je ne resterai pas ici à dire qu’on a besoin d’aide. On a le groupe qu’on a et je suis confiant qu’on peut s’en sortir et faire une poussée vers les séries. Il suffit de tous embrasser la bonne mentalité. » ​