MONTRÉAL – Sur le terrain, Saphir Taïder a été pratiquement sans reproche à ses quatre premières sorties en MLS. On a toutefois l’impression que c’est en son absence qu’on a véritablement pu mesurer sa grande valeur au sein du onze montréalais.

Taïder a raté l’essentiel des deux dernières parties de l’Impact. Sorti sur carton rouge dans le premier quart d’heure de jeu la semaine dernière en Nouvelle-Angleterre, il a servi un match de suspension samedi contre les Red Bulls de New York. En 107 minutes de jeu sans les services de l’international algérien, le Bleu-blanc-noir a concédé sept buts.

Contre une équipe aussi suffocante que les Red Bulls, personne ne s’est autant ennuyé du numéro 8 que Samuel Piette, son partenaire en milieu de terrain. Habitué de bénéficier de l’implication tous azimuts de Taïder, le Québécois n’a pas obtenu un support équivalent de la part d’Alejandro Silva, que l’entraîneur Rémi Garde avait titularisé aux côtés de Ken Krolicki dans un rôle de relayeur.

Conséquemment, Piette s’est soudainement retrouvé plus démuni devant la défense montréalaise. La récupération du ballon a été plus ardue et la transition vers l’avant beaucoup moins fluide sans un remplaçant capable d’émuler le volume de jeu du joueur désigné.

« On était un peu étouffés, a convenu Piette, lucide lors du retour de l’Impact à l’entraînement lundi. Saphir aime beaucoup être sur la balle, mais il est capable d’enchaîner les efforts physiques défensifs. Alejandro était parfois plus haut sur le terrain, donc on avait peut-être une présence manquante du côté défensif. »

« Comme tout le monde, [Silva] a fait de bons trucs et de moins bons trucs, a ajouté Piette. Mais quand tu mets un joueur là pour la première fois, c’est sûr qu’il lui manque des automatismes. On a été assez légers au milieu de terrain, on n’a pas très bien géré ça. »

Piette est le premier à reconnaître qu’il n’a pas livré une performance à la hauteur des attentes. Sa prise de décision étant souvent précipitée, ses passes ont parfois peiné à trouver un destinataire et éventuellement, ses efforts ont donné l’impression de lui alourdir les jambes. C’est notamment lui qui était au marquage d’Alejandro Gamarra quand ce dernier a inscrit le deuxième but du match en début de deuxième demie.

« C’est sûr que quand tu es un peu le seul joueur défensif en milieu de terrain, c’est plus difficile. Tu cours partout, tu essaies de couvrir plus de terrain et donc quand tu reçois la balle, c’est plus difficile, tu es plus essoufflé. Tu n’as pas trop les idées claires », s’est-il désolé.

Piette a aussi noté que la défense comptait sur un nouveau visage, celui de Rudy Camacho.

« Beaucoup de circonstances ont fait en sorte qu’on manquait un peu... peut-être pas d’expérience, mais de familiarité », a-t-il calculé.

Réticent à placer autant d’importance sur les épaules d’un seul joueur, Garde a fini par admettre que l’indisponibilité de Taïder avait créé un trou plus gros que souhaité.

« Ça se passe peut-être de manière un peu moins claire dans la tête des joueurs lorsque ça joue, mais il est évident que sur ce qu’a proposé et fait Saphir depuis qu’il est dans l’équipe, c’est un leader technique, quelqu’un qui a un très gros volume de jeu au milieu du terrain. On n’a pas pu le remplacer aussi facilement, c’est un constat. Les onze qui ont joué ont essayé de combler son absence, mais c’est vrai qu’elle a été préjudiciable. »

« Ken et Alejandro ont travaillé très fort, moi aussi, mais ce n’était peut-être pas toujours dans le bon sens, a conclu Piette. Je pense que ça a été un mauvais jour pour tout le monde. Il n’y a pas de doigts à pointer. »

Vargas : Garde en veut plus

Depuis quatre matchs, Jeisson Vargas est le seul joueur de l’Impact à avoir trouvé le fond du filet.

Après avoir profité du brio d’Ignacio Piatti pour enfoncer le but gagnant contre Toronto et Seattle, le jeune Chilien a brillé de ses propres feux contre les Red Bulls, enroulant un superbe coup franc juste à l’intérieur du poteau surveillé par le vétéran cerbère Luis Robles.

Vargas a aussi raté une occasion en or de procurer les devants à l’Impact dans les arrêts de jeu de la première demie. Il revendiquait les trois seuls tirs cadrés des siens lorsqu’il a cédé sa place à Anthony Jackson-Hamel à la 66e minute.

Le rendement de la recrue de 20 ans apparaît comme l’un des signes positifs du début de saison inégal de l’Impact, mais Rémi Garde n’est pas pleinement satisfait.

« Il est dans la lignée de ce que j’avais vu en vidéo, mais je pense qu’il peut faire beaucoup mieux. C’est un jeune joueur, je vais être derrière lui pour qu’il progresse parce qu’il a du talent, il a des capacités. Mais je pense qu’il peut donner encore plus à l’équipe. »