MONTRÉAL – C'est maintenant officiel : l'Impact de Montréal adoptera une nouvelle identité en 2021. Le directeur sportif Olivier Renard et l'entraîneur-chef Thierry Henry s'affairent déjà à en instaurer une sur le terrain.

C'est comme ça depuis qu'ils ont été réunis en novembre 2019. La tendance est claire. Elle passe par une cure de rajeunissement qui aura été très visible en 2020.

Le leadership individuel et la personnalité en font aussi partie, deux traits de caractère qui n'ont rien à voir avec l'âge, estime Renard, qui veut en voir davantage au sein de son équipe.

« Ce n'est pas parce que tu as 30 ans que tu as de la personnalité. Un leader peut être quelqu'un de 22 ans qui a du cran, qui a de la personnalité, mais forte. Quelqu'un qui ne se laisse pas marcher sur les pieds », a fait remarquer le directeur sportif de l'Impact lors d'une entrevue à La Presse Canadienne au début du mois.

Ce vent de renouveau souffle depuis l'arrivée de Renard, à la fin septembre 2019. C'est dans ce but que Walter Sabatini, nommé directeur sportif global pour le Bologne FC, en Italie, et pour l'Impact en juin 2019, a approché Renard, qu'il connaissait déjà très bien.

Ainsi, au cours des 12 derniers mois, les amateurs de soccer de Montréal ont vu partir, dans des circonstances différentes, le défenseur Bacary Sagna (36 ans, contrat non renouvelé), les milieux de terrain Ignacio Piatti (35 ans, rentré en Argentine) et Saphir Taïder (28 ans, Arabie saoudite) ainsi que le gardien Evan Bush (34 ans, échangé à Vancouver).

Par ailleurs, la saison qui s'est terminée le 15 décembre à Orlando sera, en principe, la dernière à Montréal des défenseurs Jukka Raitala (32 ans) et Rod Fanni (39 ans), de l'attaquant Anthony Jackson-Hamel (27 ans) et de quelques autres qui n'ont jamais réussi à s'imposer.

Et comme tout indique que le milieu de terrain Bojan (30 ans) jouera ailleurs la saison prochaine, l'effectif de l'Impact pourrait n'inclure aucun joueur de 30 ans ou plus sous contrat au tournant de la nouvelle année.

Vent de jeunesse

En fait, l'Impact pourrait regrouper environ 10 joueurs âgés de 23 ans et moins au sein de sa première équipe en 2021. La liste inclut trois athlètes nord-américains, dont un est né à Montréal, qui se sont joints à l'Impact en décembre.

En 2020, l'organisation montréalaise a aussi fait le plein d'espoirs locaux en octroyant des contrats à sept joueurs issus de l'Académie, à commencer par le gardien Jonathan Sirois, au mois de mars.

« Je pense qu'on est concret dans ce qu'on dit et ce qu'on fait. Je crois que maintenant, nous sommes à six joueurs de l'Académie nés entre 2002 et 2004 qui sont sous contrat. Ça coûte de l'argent au club, ce n'est pas pour leurs beaux yeux, ce ne sont pas des cadeaux de Noël. On a envie de faire ça », explique Renard.

À cet égard, l'entraîneur-chef Thierry Henry ne semble pas craindre d'utiliser des jeunes joueurs à des moments importants.

Il l'a montré lors du duel retour en Ligue des champions, le 15 décembre, en dépêchant Jean-Aniel Assi, seulement 16 ans, à la 83 minute de jeu alors que son équipe avait absolument besoin d'un but pour prolonger sa saison.

Le 8 novembre, face à D.C. United, Henry a utilisé le défenseur latéral Mustafa Kizza, 21 ans, à la 71 minute. Une quinzaine de minutes plus tard, Kizza se faisait le chef d'orchestre du but victorieux de Romell Quioto, garantissant à l'Impact une place en séries éliminatoires.

Départ intéressant

Cette qualification au tout dernier match du calendrier régulier a permis à l'Impact d'atteindre un objectif fondamental, aux yeux de Renard: prendre part aux éliminatoires.

De bonnes prestations en Ligue des Champions, en début de saison, et quatre points sur une possibilité de six en MLS avaient de quoi donner espoir aux dirigeants de l'équipe et à ses partisans que cette cible allait enfin être atteinte, après des échecs en 2017, 2018 et 2019.

Puis, est arrivée la pandémie. Une pandémie dont la fin semble encore loin et qui est venue mettre des embûches dans le parcours des trois équipes canadiennes de la MLS.

Peut-être plus encore à l'Impact qu'aux deux autres, à cause des délais qui lui ont été imposés avant de reprendre les entraînements collectifs au Centre Nutrilait.

Pendant une accalmie de la pandémie dans la dernière portion de l'été, l'Impact a quand même pu jouer trois matchs au stade Saputo, devant un maximum de 250 spectateurs chaque fois. D'autres équipes n'ont pas eu cette chance.

Or, les sportifs carburent à l'émotion et le public contribue à la générer, souligne Renard. Ce dernier espère que cette relation particulière sera de retour en 2021, dans un monde qui aura retrouvé une certaine normalité.

« Pourquoi tu commences à faire du sport? Pour les émotions. Et les émotions, tu les as encore plus quand le stade est comble. Il suffit de voir quand tu marques un but, la façon de fêter les buts. Les supporters te poussent à toucher des objectifs, des choses que tu ne peux pas atteindre tout seul. »

Malgré l'éloignement constant et les quarantaines à répétition, malgré le fait que l'équipe n'a pas réussi à défendre son titre de champion canadien, malgré l'élimination crève-coeur aux mains de la Nouvelle-Angleterre en ronde initiale des séries, Renard ne parle pas de 2020 en termes négatifs.

« Ce que je retiens, c'est que dans la difficulté, nous sommes quand mêmes arrivés à avoir des émotions positives, notamment à D.C. pour bien terminer la saison. Il y a des jeunes joueurs qui ont montré qu'on pouvait compter sur eux et que nous allons dans la bonne direction. Après, il faut inclure les prochains joueurs qui vont arriver pour introduire de la qualité et que l'équipe soit plus forte. »