MONTRÉAL – Evan Bush avait soigneusement préparé le bouquet et était prêt à livrer les fleurs. Avec ses deux buts, Ignacio Piatti allait certainement être désigné comme le grand responsable de la victoire de 3-0 que l’Impact venait de signer aux dépens d’Orlando. Mais aux yeux du gardien gagnant, c’était le défenseur Rod Fanni qui méritait le titre de joueur du match et il avait les arguments pour défendre son point. C’est finalement la seule fois de la soirée où Bush aura été déjoué. La foule, appelée aux urnes comme à chaque partie locale, avait rendu le même verdict que lui.

« C’est rare qu’un tel honneur revient à un défenseur central. Je pensais arriver devant vous et vous mousser sa candidature, mais finalement je n’ai pas besoin de le faire! Je l’ai trouvé superbe. Et Rudy [Camacho] a été fantastique. Je crois qu’on a vu de ce duo ce qui était attendu lors de l’arrivée des deux joueurs. »

Au cœur d’une unité qu’on a trop souvent vu désorganisée cette saison, Fanni s’est avéré une présence rassurante pour ses partenaires. Il a été crédité de dix dégagements et quatre passes interceptées. Le seul tacle à sa fiche en fut aussi tout un : une spectaculaire glissade pour couper l’herbe sous le pied d’un intrus sur le flanc protégé par Chris Duvall.

« Je pense qu’il a sauvé un nombre très important de situations par sa vitesse et sa lecture du jeu, a approuvé l’entraîneur-chef Rémi Garde. Il a coupé beaucoup de ballons et a aidé ses coéquipiers de la défense sur le côté droit. Probablement que oui, c’était son meilleur match. »

« Il n’a pas l’air de ça, mais il est très rapide, fait remarquer le milieu de terrain Samuel Piette. Chaque fois qu’il faut une course pour aller chercher un ballon, il me surprend. Il apporte certainement une assurance à la charnière centrale. »

Les bienfaits sont généralisés, mais il n’y a sans doute personne qui bénéficie davantage de la présence de Fanni que son compatriote Camacho. Mis à mal par de nombreux observateurs depuis son acquisition, le défenseur français est peut-être en train de démontrer qu’on l’a critiqué précocement.

Après une performance alliant maladresse et malchance la fin de semaine précédente à Dallas, il a joué un bon match mercredi, sans doute son meilleur dans l’uniforme montréalais. Mais même en se portant à sa défense, Garde a noté qu'il « a encore des réglages à faire » et qu’il avait bénéficié de la présence du joueur du match à ses côtés. 

« Je commence à reprendre mes sensations petit à petit, je me sens de mieux en mieux, a plaidé le grand numéro 4. J’enchaîne sur une saison et demie d’un coup. La blessure est peut-être survenue à cause de ça, j’en sais rien, j’en n’ai aucune idée. Mais c’est clair pour moi que physiquement, j’ai plus de jambes que quand je suis arrivé. Je me sens mieux, je suis plus habile et ça me fait du bien. »

« Je pense qu’il fallait lui donner du temps, a défendu Piette. Quand il est arrivé, il n’était peut-être pas au niveau physiquement. C’est normal. Pour être bon et retrouver sa forme dans un nouveau championnat, je pense que ça prend tout le temps trois à quatre matchs. C’est normal qu’il ait été moins à l’aise au début, mais il a très bien fait avec Rod aujourd’hui, et même la semaine dernière. Je ne suis pas inquiet pour lui. »

Bush en a vu assez depuis qu’il est à Montréal pour se garder une petite gêne. Sagement, il préfère attendre un peu avant de proclamer la paire Fanni-Camacho comme la nouvelle formule gagnante au milieu de la défense de l’Impact. Mais ce qu’il a vu mercredi l’encourage, chose qui n’a pas pu être dite très souvent dans un contexte d’après-match cette saison.

« On peut voir que par moments, ils essaient encore de se comprendre quand ils sont en possession. Qui veut la balle et à quel endroit? Qui se déplacera dans telle position et pourquoi? Vous savez, ce genre de détails... Mais c’est important de souligner que défensivement, ils ont été très bons ce soir.