MONTRÉAL – Pendant ses trois premières saisons en MLS, Samuel Piette était aussi facile à identifier qu’un pois vert parmi des grains de maïs pendant un match de l’Impact. 

Peu importe les ajustements tactiques apportés par les trois premiers entraîneurs qui l’ont dirigé à Montréal, le milieu de terrain québécois pouvait généralement être trouvé directement devant la dernière ligne de défense du Bleu-blanc-noir. Dans un rôle principalement défensif, on lui demandait de récupérer les ballons égarés et les passes mal ajustées afin d’éteindre les menaces et de redonner de la manière la plus fluide possible la possession du ballon à son équipe.  

Piette a disputé plus de 6000 minutes avec sensiblement le même mandat. La qualité de son travail à cette position lui a permis de se bâtir une réputation enviable qui dépasse largement les frontières de sa ville. Mais Thierry Henry, lorsqu’il est arrivé à la barre du club, a fait une entorse au dicton qui dit qu’on ne doit pas tenter de réparer ce qui n’est pas brisé. 

Cette saison, le petit bouledogue a été placé un cran plus haut sur le terrain et s’est vu confier des missions plus offensives que par le passé. De l’extérieur, la décision s’est butée à beaucoup de scepticisme au départ, des doutes que la réponse de Piette sur le terrain ne faisait qu’alimenter. Cette transition ne s’est pas fait sans heurt pour le numéro 6, mais les choses semblent vouloir se replacer. 

Lors du dernier match de l’Impact, une victoire de 1-0 contre le Toronto FC, Piette a multiplié les courses sur le flanc droit pendant que Victor Wanyama et Emanuel Maciel contrôlaient son territoire habituel. On ne confondra jamais l’athlète de Repentigny à Nacho Piatti et on peut continuer d’exprimer son désaccord quant à l’utilisation qu’on en fait, mais il faudrait être de mauvaise foi pour nier le progrès qu’il a effectué en quelques mois. 

« Personnellement, je me sens de plus en plus à l’aise, a commenté Piette mardi. Je pense que ça se voit – en tout cas moi je le sens dans le match. C’est sûr que quand on te met dans une position où tu n’as pas vraiment évolué avant, tu n’as pas vraiment de repères. Tu as besoin de quelques matchs sous la cravate pour en avoir, des repères, ce qui commence à être le cas tranquillement pas vite. Je me sens bien à ce poste-là. J’ai toujours mon rôle aussi de récupérer des ballons. J’ai vu quelques statistiques où je continue à récupérer beaucoup de ballons même si je suis un peu plus haut sur le terrain, avec un rôle un peu plus offensif. Si je suis capable de combiner les deux et de continuer à progresser au niveau offensif, ça va faire de moi un meilleur joueur, c’est sûr. »

« Personnellement, je ne sais pas ce qu’on demandait à Sam avant, a plaidé Henry. Avec nous, on lui demande de jouer vers l’avant, d’être un peu plus haut. Que ça soit avant que Victor arrive, même quand il était en bas, je lui demandais de se tourner. Maintenant il le fait très bien. Il a compris la position. On m’avait posé la question à savoir si les deux pouvaient jouer ensemble. Aujourd’hui je réponds que les trois peuvent jouer ensemble : Manu, Victor et Sam. » 

Trois matchs... et ensuite? 

Le mystère continue de planer sur le contexte dans lequel les équipes canadiennes de la MLS poursuivront leur saison une fois que la première tranche de six matchs qui leur avait été programmée sera complétée. 

Isolés au nord de la frontière américaine depuis leur retour du tournoi de relance à Orlando, l’Impact, le Toronto FC et les Whitecaps de Vancouver devront possiblement déménager leurs pénates aux États-Unis, dans un domicile temporaire, afin de compléter le calendrier de la saison régulière. Depuis bientôt un mois, des rumeurs circulent à l’effet que l’Impact s’installerait temporairement au Red Bull Arena, au New Jersey. En fin de semaine, la même information s’est échappée de la bouche d’un commentateur durant la télédiffusion d’un match entre l’Union de Philadelphie et les Red Bulls de New York. 

Pourtant, Henry et Piette assurent qu’ils ignorent ce que l’avenir réserve à leur équipe au-delà de ses trois prochaines parties. 

« Franchement, on est en mode adaptation, dit Henry. Depuis le début de la saison, on est en mode adaptation, alors peu importe ce qui va arriver, il va falloir accepter la donne. Je ne sais pas ce qui va arriver, j’ai entendu pas mal de choses, mais vous avez plus d’infos que nous. »

« On en sait, mais on en sait très peu, affirme Piette. Je ne peux pas vraiment répondre à cette question parce que moi, personnellement, je n’ai pas assez d’info pour pouvoir prendre une décision. C’est sûr que j’ai hâte d’avoir le plus de réponses possibles pour pouvoir m’enligner. Je sais que ça a été difficile, la bulle à Orlando. [...] Mais au final, c’est notre job. C’est sûr que c’est dur de dire non à ce qui nous est demandé. Mais je ne pourrais vous dire où le vestiaire se positionne sur ce sujet parce qu’il y a encore trop de questions qui sont sans réponse. » 

Piette, dont la conjointe vient d’accoucher du premier enfant du couple, pourrait être tourmenté par la possibilité de s’exiler pendant quelques mois aux États-Unis sans contact avec la famille. La même logique s’applique à Saphir Taïder et Rudy Camacho, qui sont aussi nouvellement papas. 

« Ça pourrait être délicat, mais on verra bien », a laissé tomber Henry.

Un « MVP » sur le banc

Qu’est-ce qui cloche avec Orji Okwonkwo?

Après une première saison en MLS au cours de laquelle il a marqué huit buts, été titularisé à 24 reprises et été nommé joueur par excellence de l’Impact, l’ailier nigérien est relégué à un rôle de réserviste depuis le début de la saison.

Okwonkwo a obtenu son seul départ de la campagne lors du premier match du tournoi à Orlando contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre. Il avait été remplacé à la mi-temps d’une défaite de 1-0. Depuis, il n’a jamais obtenu plus de 24 minutes d’action dans un match. Lors de la récente séquence de trois matchs en huit jours de l’Impact, Henry a notamment préféré faire confiance à Lassi Lappalainen et Romell Quioto à chaque occasion plutôt que d’insérer Okwonkwo dans son XI de départ.  

Questionné sur son utilisation du jeune joueur prêté par Bologne, mardi, Henry a préféré garder ses observations à l’interne. 

« Je le lui ai dit et ça restera un truc de vestiaire. Je vous ai déjà dit que moi, passer par la presse pour faire passer des messages, ce n’est pas trop mon truc. Il sait ce que j’attends de lui et c’est le plus important. »