MONTRÉAL – Déraciné à des milliers de kilomètres de la maison, dans une ville où on ne parlait pas sa langue, dans une saison déjà en cours et dans une ligue dont il ne connaissait à peu près rien, Emanuel Maciel a eu besoin d’aide pour s’adapter à Montréal et à la MLS l’année dernière.

L’Argentin était toutefois bien tombé. L’Impact, à l’époque, comptait sur un important contingent de joueurs hispanophones et sur un entraîneur qui s’exprimait avec aisance dans la langue de Borges. Bien couvé par un bon noyau de vétérans, le jeune milieu de terrain avait trouvé ses repères relativement rapidement.

À peine un an plus tard, Maciel se retrouve malgré lui au cœur d’une dynamique fort différente. Son compatriote Maxi Urruti est parti, tout comme les vétérans Jorge Corrales et Bojan Krkic. Samuel Piette, qui parle couramment l’espagnol et qui lui avait donné un bon coup de main à son arrivée, a passé la majeure partie du mois de mars avec l’équipe nationale canadienne. Thierry Henry, qui pouvait lui aussi échanger avec aisance avec les joueurs latino-américains, a laissé sa place. De cette zone de confort dans laquelle il a grandi en 2020, il ne reste que Romell Quioto.

Mais Maciel sent qu’il est prêt à sortir du nid et à voler de ses propres ailes. Il est habitué à la culture nord-américaine, sa compréhension de l’anglais est améliorée et il sait exactement ce qui l’attend sur les terrains du circuit Garber. Non seulement il se sent mieux équipé pour prendre la place qu’il croit lui revenir au sein de l’équipe, mais il est conscient qu’il lui revient maintenant de donner au suivant et de transmettre tous les conseils qui lui ont été prodigués par ses tuteurs du passé.

C’est donc tout naturellement qu’il a pris sous son aile Joaquin Torres, un ancien rival dans les clubs de jeunes en Argentine qui est au nombre des acquisitions faites par le directeur sportif Olivier Renard durant la saison morte.

« Assurément, ça n’a pas été facile d’apprendre le départ de tous les joueurs latinos, a confié Maciel après l’entraînement jeudi. Ils m’avaient aidé à m’acclimater à la ville et cette année j’essaie de faire la même chose avec Joaquin, qui est un grand joueur. J’essaie de l’aider à s’intégrer dans le club, de lui inculquer ce qu’on m’a enseigné et de lui ouvrir la porte comme les autres l’ont fait pour moi l’an passé. »

« On est moins nombreux, évidemment, mais on essaye de s’intégrer au reste du groupe à tous les niveaux, pas juste au sur le terrain. »

En 2020, Maciel a participé à son premier entraînement sur la surface du Stade olympique le 2 mars. Dix jours plus tard, la MLS suspendait ses activités en réaction aux balbutiements de la crise du coronavirus.

Lorsqu’il a finalement eu l’occasion de fouler le terrain pour son premier match en Amérique du Nord, Maciel s’est rapidement fait remarquer. Il a obtenu une passe décisive dès sa première titularisation au tournoi MLS is Back, contre Toronto FC. Il en a récolté une autre à son départ suivant contre les Whitecaps de Vancouver.

Une hernie qui l’a mis sur le carreau pour la majeure partie du mois d’octobre a toutefois freiné sa progression, si bien qu’il a été limité à une douzaine de parties.

« Dans l’ensemble, je suis très content de ma première saison. Je voulais participer au plus de matchs possible et ça a été un point positif. J’étais très à l’aise et confiant dans les premiers matchs. Ensuite je me suis blessé, j’ai traîné ça pendant un bon bout et ça m’a ralenti. Mais cette année, je suis en santé et je veux donner le meilleur de moi-même afin de solidifier ma place. »

Passé sous le bistouri dans l’entre-saison, le natif de Buenos Aires revient déterminé à prendre du galon dans un groupe au sein duquel il ne manquera pas de compétition en 2021. En réactions aux départs de Saphir Taïder et Bojan s’amènent l’Américain Djordje Mihailovic et l’Égyptien Ahmed Hamdi. Mathieu Choinière, qui se remet toujours d’une opération au pied droit, convoitera lui aussi des minutes au milieu de terrain, tout comme les académiciens Rida Zouhir et Sean Rea.  

« Le club a fait l’acquisition de plusieurs joueurs et il y a du talent à tous les postes sur le terrain. À ma position, la compétition est peut-être encore plus forte qu’elle ne l’était l’année dernière, prétend Maciel. Comme je l’ai fait dans le passé à San Lorenzo, je dois essayer de montrer aux joueurs et au staff que je suis prêt pour obtenir de grandes responsabilités. Je veux démontrer à chaque entraînement que je suis ici pour me battre pour être dans le onze partant. Je sais que ça ne sera pas facile, mais que je dois démontrer que je suis prêt à prendre ma place. »