MONTRÉAL – La vaste expérience de Rémi Garde est l’une des principales raisons qui ont incité Joey Saputo à courtiser l’homme de 52 ans dans ses recherches pour trouver le prochain entraîneur-chef de l’Impact.

Garde en a effectivement vu des vertes et des pas mûres durant ses carrières de joueur et d’entraîneur. Mais il vivra une grande première mercredi lorsque son équipe émergera du vestiaire pour croiser le fer avec le New York City FC.

« Un match sur un terrain de baseball? Non », a-t-il répondu, pince-sans-rire, lorsque confronté à l’idée de diriger un match sur la surface rapiécée et peu orthodoxe du Yankee Stadium.

« Peut-être qu’on a joué dans des conditions un peu similaires lors de notre préparation à Las Vegas, a ajouté Garde plus sérieusement. Mon staff et moi n’avons pas connu ça, mais les trois quarts de nos joueurs ont sans doute déjà joué sur ce terrain, donc ils ne seront pas surpris. On va s’adapter, il n’y aura pas d’excuses avec ça. »

La distance entre les lignes blanches pourrait bien s’avérer le dernier des soucis de Garde lorsque son équipe reprendra le collier avec l’objectif d’aligner une cinquième victoire consécutive. Battre le NYCFC n’est déjà pas une mince affaire. Le battre dans son propre stade est pratiquement mission impossible.   

Depuis le début de la saison, la formation du Bronx rejette toute notion d’hospitalité. Les équipes qu’elle reçoit en visite n’ont marqué qu’un total de quatre buts. Une seule d’entre elles est parvenue à en ramener un point.

« Huit victoires sur neuf matchs à domicile, c’est un très beau parcours, ne pouvait que constater Garde à la veille du départ pour la Grosse Pomme. Ce qu’on va devoir faire, c’est au minimum conserver les valeurs qu’on a démontrées sur ces derniers matchs, quels que soient les joueurs qui seront alignés. Ça, c’est le prérequis. Puis je crois qu’il faudra effectivement s’adapter à un terrain très petit qui favorise beaucoup les duels. »

« Ne pas refuser le duel, le contact, et être très vigilant parce que c’est une équipe qui peut varier son jeu, d’un jeu long avec des deuxièmes ballons où il y a justement de la bagarre à un jeu court et rapide en passes. Voilà, c’est un match très compliqué qui nous attend. »

« C’est très difficile d’aller là-bas, corrobore Ignacio Piatti, mais nous on ne change rien. On va là-bas pour prendre des points et continuer à monter dans les classements. On est en confiance et c’est un grand match pour nous. »

L’héritage de Vieira

Garde détectera peut-être des tendances qui lui seront familières dans le jeu des New-Yorkais. Dans les deux premières années et demie de son existence, l’équipe a été dirigée par la légende française Patrick Vieira, un ancien coéquipier avec Arsenal en première ligue anglaise. Garde n’a d’ailleurs jamais caché qu’il avait demandé conseil à Vieira au moment de considérer un passage en MLS.

Les deux hommes ne se seront finalement jamais livré bataille sur les lignes de touche. Il y a un mois, Vieira est retourné en France pour y diriger l’OGC Nice. Il a été remplacé par l’Espagnol Domènec Torrent, un adjoint de carrière au sein de certains des plus prestigieux clubs d’Europe.

New York a remporté deux de ses trois matchs sous les ordres de son nouvel entraîneur.

« Je trouve que Patrick Vieira est parti en laissant une place très propre, comme on dit, un très bel héritage, a commenté Garde. Un fond de jeu clairement identifié et je sais qu’il avait beaucoup travaillé avec des équipes autour de lui pour construire un effectif de qualité, assez jeune. Aujourd’hui, son successeur – que je ne connais pas très bien mais que je respecte, j’ai vu son parcours – a un bel outil entre les mains. »

« C’est une équipe qui travaille bien, qui ferme bien les espaces et qui compte sur plusieurs joueurs qui font la différence en attaque, résume Piatti. Il faut faire un grand match, ne pas donner d’espace. Je pense qu’après on va avoir des chances de marquer. »

Du travail pour tout le monde

L’Impact est engagé dans un segment chargé. Son match de samedi dernier contre les Rapids du Colorado était le premier d’une série de 7 en 22 jours. En raison de son entrée dans les demi-finales du Championnat canadien, le onze montréalais disputera deux matchs par semaine jusqu’à la fin du mois de juillet.  

Critiqué plus tôt cette saison pour son utilisation gourmande de ses titulaires, Garde n’aura cette fois d’autres choix que de faire rouler son effectif.

« On aura certainement besoin de tout le monde, en espérant que les rotations n’affectent pas – et c’est ça le plus important pour moi – le niveau d’investissement de chaque joueur dans l’équipe, a précisé le coach. C’est un aspect sur lequel je serai très attentif. Pour moi c’est le premier critère de jugement, au-delà du critère technique et du critère de réussite. J’ai vraiment envie que l’on conserve ça parce que je sais que dans n’importe quelle équipe de foot, et surtout dans cette ligue, si on n’a pas cet engagement pour l’équipe, on est en difficulté. »

Moins sollicités dernièrement, on suppose que les Canadiens Raheem Edwards, Anthony Jackson-Hamel et Michael Petrasso obtiendront l’occasion de se faire valoir en ouverture du Championnat canadien. Ça vaut aussi pour l’Albertain Shamit Shome, qui a obtenu des minutes lors des trois derniers matchs du calendrier MLS.

Il ne serait pas non plus impossible que Garde profite de l’occasion pour lancer le défenseur central Kyle Fisher dans la mêlée. Opéré pour soigner une fracture de stress au tibia gauche avant le début de la saison, Fisher a repris l’entraînement à plein régime et semble sur le seuil d’un retour à la compétition.