MONTRÉAL – Le président de l’Impact, Kevin Gilmore, a rencontré les médias après l’entraînement de l’équipe jeudi afin de faire le point sur le congédiement de Rémi Garde et l'embauche de Wilmer Cabrera, annoncés la veille.

 

Voici les principales questions auxquelles nous cherchions des réponses.  

 

POURQUOI CONGÉDIER GARDE?

 

En novembre 2017, Joey Saputo présentait Rémi Garde comme son nouvel « entraîneur désigné », un gros nom autour duquel s’articulerait le changement de culture souhaité dans l’entourage du club. « La chose qu’il manquait, c’était un investissement au niveau de l’entraîneur, au niveau du personnel d’entraîneurs, qui pourra nous amener au niveau suivant », rêvait le président de l’époque.

 

Garde poussé à la porte par les insuccès

Garde aura finalement connu le même sort que ses prédécesseurs : on ne lui aura même pas donné deux saisons complètes avant d’avorter la mise en place de son projet.

 

Certes, l’entraîneur français était loin d’être sans reproche. Au moment de son départ, l’Impact était en danger de rater les séries éliminatoires pour une deuxième année de suite sous sa gouverne. Garde quitte avec un bilan comptable de 24 victoires, 32 revers et huit matchs nuls, rien qui laissait présager les balbutiements d’une dynastie.

 

Garde était aussi responsable de plusieurs embauches qui n’avaient pas donné les résultats escomptés. À sa défense, par contre, l’organisation commençait à peine à l’entourer d’une structure digne de ce nom. Au final, Gilmore aura congédié son entraîneur avant même de lui trouver un directeur technique, un poste qui n’a toujours pas été comblé depuis le départ d’Adam Braz.

 

« Le dernier mois et demi a été difficile. La performance du club a été inacceptable, a déclaré Gilmore d’entrée de jeu. Quatre points sur 24 dans les matchs de la MLS. On avait deux choix : on pouvait rester sur la ligne de touche et espérer que les choses changent ou on pouvait agir. Pour le bien du club, on a décidé d’agir. »

 

Gilmore a insisté sur le fait qu’il avait lui-même pris la décision de rompre avec Garde et qu’il ne s’était en rien fait imposer par Saputo.  

 

« Mon rôle est clair et précis : je gère ce club et je dois prendre les décisions qui sont dans le meilleur intérêt de ce club. C’est ce que j’ai fait. J’ai eu l’approbation du propriétaire. »

 

POURQUOI MAINTENANT?

 

Au-delà de la décision de brûler les ponts avec l’entraîneur, le moment choisi pour en faire l’annonce semble curieux.

 

Garde a eu le temps de diriger deux entraînements après le décevant match nul de samedi dernier avant qu’on lui montre finalement la porte, seulement trois jours avant un match crucial contre Toronto FC. De plus, l’Impact n’a que sept matchs à jouer avant la conclusion de son calendrier régulier.

 

L’Impact avait aussi fait un certain ménage au sein de son effectif récemment. Harry Novillo, Omar Browne et Zakaria Diallo, trois mécontents que Garde ne s’était pas gêné pour critiquer publiquement, avaient tous été invités à retourner d’où ils venaient. Ces départs, combinés à l’arrivée de Bojan Krkic, Lassi Lappalainen et Ballou Tabla lors du mercato estival, permettaient de croire qu’on laisserait à Garde la chance de redresser la barque avec son nouveau groupe.

 

« Après le match de samedi, ça m’est entré en tête, a raconté Gilmore. J’y ai pensé durant toute la journée de dimanche. Je suis parti pour l’Europe dimanche soir, j’ai passé sept heures sur le vol à y penser. J’ai fait des appels lundi avec le propriétaire et d’autres gens que je voulais consulter. J’y ai pensé encore sur les sept heures de vol du retour. Je suis arrivé mardi soir, j’ai rencontré Wilmer, j’ai passé quatre ou cinq heures avec lui, puis la décision a été prise. »

 

Facteur important à considérer : Garde et ses patrons semblaient coincés dans un cul-de-sac dans les négociations visant à doter l’entraîneur d’un nouveau contrat en vue de la prochaine saison.

 

« Les discussions sur la prolongation de contrat n’ont eu aucun impact, a clamé le président. Si on s’était entendu sur une prolongation de contrat au début de la saison, la décision aurait été la même. »

 

POURQUOI WILMER CABRERA?

 

L’embauche de Wilmer Cabrera pour succéder à Garde est l’indice le plus criant que l’on traverse présentement un autre épisode d’improvisation chez l’Impact.

 

Il y a dix jours, le Colombien de 51 ans était encore à la tête du Dynamo de Houston. Mais l’équipe texane, après avoir connu le meilleur début de saison de son histoire, avait depuis longtemps frappé un mur. Elle avait perdu dix de ses douze derniers matchs lorsqu’elle a décidé de remercier Cabrera et de le remplacer par Davy Arnaud, le 13 août.

 

En l’espace d’une semaine, Cabrera est donc passé de bouc émissaire à sauveur. À court de solutions dans son mandat précédent, il hérite aujourd’hui de la mission de relancer une équipe qui n’a décroché qu’une victoire à ses huit dernières parties.

 

« Les seuls entraîneurs qui n’ont jamais été congédiés sont les entraîneurs qui en sont à leur premier mandat. De notre point de vue, c’était important de recruter quelqu’un qui a de l’expérience en MLS, a clarifié Gilmore. Nous ne sommes pas en début de saison; il reste neuf matchs à la saison. Il n’y a pas beaucoup de temps pour faire des ajustements. Et justement, un entraîneur qui répond à ce critère était disponible. »

 

Gilmore est d’abord resté vague quant aux détails de l’entente qui lie Cabrera à l’Impact avant de finir par admettre que le sort du nouvel entraîneur sera décidé par le prochain directeur technique de l’équipe. Ce poste sera comblé d’ici la fin de l’année, a dit Gilmore.

 

Il est donc plus que probable que le règne de Cabrera ne s'étire pas plus loin que la fin de la présente campagne. 

 

QUEL EST L’AVENIR DE PATRICE BERNIER?

 

Cabrera sera épaulé par Wilfried Nancy, increvable rescapé d’un autre naufrage bleu-blanc-noir, et par l’ancien capitaine Patrice Bernier, qui fait officiellement son entrée dans le personnel d’entraîneur de la première équipe.

 

La promotion accordée à Bernier est intrigante. Quels sont les plans de l’organisation pour celui qui occupait depuis sa retraite de joueur un poste au sein de l’Académie du club? Dans l’optique où Wilmer Cabrera ne s’avérerait qu’une solution temporaire, l’ancien numéro 8 serait-il qualifié pour prendre dès l'an prochain les commandes de l’équipe de son cœur?

 

« Le départ [de Joël Bats et Robert Duverne] a laissé des trous dans le staff. Patrice est important en ce sens qu’il connaît les joueurs, il connaît l’équipe, il connaît l’organisation. Il est bien connu de nos joueurs et possède déjà un peu d’expérience dans le coaching. Il amène une grande dose de respect dans le vestiaire. C’est un atout qui aura un impact positif sur tout le monde, je le sais », a assuré Gilmore.