À sa dernière année de contrat, Anthony Jackson-Hamel ne sait pas s’il portera toujours le maillot de l’Impact en 2018.

« Mon rêve c’est de rester à Montréal, de gagner la coupe MLS et d’être attaquant no.1. »

Des propos encourageants pour les partisans de l’Impact qui voient en lui une pièce importante du plan de Joey Saputo. En décembre dernier, le président s’est donné comme défi de remporter la Coupe MLS d’ici cinq ans.

Lors de la même entrevue accordée au 91,9 Sports mardi dernier, le Bombardier de Limoilou a cependant offert un complément d’information plus inquiétant.

« Pour les années à venir, je veux être quelque part où on reconnaît mon travail à sa juste valeur. »

Avec un peu de recul, voici quelques constats sur la négociation d’un contrat qui enverra un message fort au soccer québécois.

Mieux vaut vite que jamais

C’est au mois de mai que les discussions entre l’attaquant de 24 ans et l’Impact auraient débuté. Depuis, sa valeur ne fait qu’augmenter. Vous me direz qu’à 66 000$ par année, ça ne pouvait qu’aller en ce sens. De tous les joueurs de MLS qui ont comme lui marqué 7 buts en 2017, le moins bien payé est Jack Harrison du NYCFC à 165 000$.

Le hic pour le club est qu’à l’heure où on se parle, Jackson-Hamel prend même de la valeur lorsqu’il est sur le banc. À chaque mauvaise performance de Matteo Mancosu qui compte maintenant 17 départs cette saison, le pouvoir de négociation d’AJH augmente.

Ce dernier affirme également avoir des options ouvertes sur l’Europe. L’intérêt viendrait de Ligue 2 en France, du Championship en Angleterre, ainsi que des championnats belges et suisses. Si cet intérêt s’avère sérieux et qu’une entente avec Montréal tarde à venir, le club pourrait le perdre sans recevoir la moindre compensation.

Avec quatre mois à faire, le dossier devrait être au sommet de la pile, pas trop loin de celui de Nacho Piatti.

Tracer la voie

Au fil des ans, les produits locaux ont généralement eu un pouvoir de négociation limité, voire nul. La direction de l’Impact doit être saluée pour les paris sportifs qu’elle a pris avec les gradués de son Académie, mais financièrement les risques et l’engagement ont été minimes.

Le prochain contrat de Jackson-Hamel marquera les esprits des jeunes Québécois et tracera la voie pour plusieurs joueurs de l’Académie qui feront éventuellement le saut chez les professionnels.

Deviendra-t-il le premier joueur formé au club à faire rêver les jeunes de la province en signant un « gros » contrat à Montréal ou sera-t-il celui qui a préféré quitter puisque le club n’était toujours pas convaincu qu’il en valait la peine?

Chose certaine, il y a un ton « business » assumé que l’on a jamais entendu venant d’un produit de l’Académie. Cette semaine, le principal intéressé affirmait ne pas être dans une position facile. « J’adore ma ville, mais à la fin ta carrière personnelle aussi c’est important. »

Ça monte à combien?

En demandant d’être considéré à sa juste valeur, la grande question devient : « Ça vaut combien un Anthony Jackson-Hamel à Montréal? »

Plutôt subjectif comme interrogation, mais l’Impact offre néanmoins des comparables qui orientent la réflexion.

L’hiver dernier, l’Impact a consenti à verser 290 000$ à Adrian Arregui pour la saison à venir. L’Argentin était reparti au mois de juin. En 2016, c’était plus de 400 000$ pour un jeune de 21 ans qui arrivait du championnat slovène. Lucas Ontivero n’a pas été retenu à Montréal pour la saison suivante. Ces cas sont peut-être extrêmes, mais démontrent que le club est prêt à dépenser lorsqu’il croit au joueur en question. Est-ce le cas avec AJH?

Ce dernier ne peut demander les 330 000$ d’un vétéran de 12 saisons comme Dominic Oduro ou les 720 000$ de Matteo Mancosu (32 ans) qui a mérité de passer GO et ramasser la somme disponible après une excellente première saison dans la Métropole.

Avec ses statistiques et les performances décevantes de Mancosu, pourrait-il demander 200 000$?

Ce serait probablement un peu cher payé, mais le coût de le perdre serait à mon sens plus important. La perception du public prendrait un sérieux pas de recul. Sans compter le message qui serait envoyé aux joueurs de l’Académie qui seraient en droit de douter que l’Impact est un club où ils peuvent bien réussir leur carrière. Tant d’un point de vue sportif que financier.

Avec le prochain contrat de Jackson-Hamel, il peut y avoir un avant et un après. Que ce soit comme attaquant no.1 ou no.2, le joueur croit clairement pouvoir contribuer aux succès du club. Si ce dernier est sur la même longueur d’ondes et que la prochaine entente en est le reflet, on aura fait un énorme progrès dans les perceptions du talent local.