MONTRÉAL – L’ampleur de la tâche qui se dresse devant lui est considérable. Olivier Renard, le nouveau directeur sportif de l’Impact, le reconnaît d’emblée, soucieux de moduler les attentes d’une base de supporteurs qui se fait de plus en plus impatiente.  
 
« Ce n’est pas parce que j’arrive et, avec une baguette magique, que tout d’un coup tout va se passer et on va parler de titre. Il faut rester calme. Après trois années de non-qualification pour les séries, il faut rester humble », a voulu faire comprendre le nouveau patron des opérations soccer de l’Impact mardi lors de sa première apparition publique dans ses nouvelles fonctions.

Mais Renard ne veut pas non plus qu’on interprète son réalisme comme une justification précoce d’une lente reconstruction. « Il n’y a pas d’année de transition dans le sport », claironnera plus tard le Belge de 40 ans, désigné par le président Kevin Gilmore comme l’architecte d’un club qui ambitionne d’être vu comme une référence en MLS.
 
Le mandat élargi de Renard, dans les mots de Gilmore, sera « d’instaurer une identité, une philosophie et une culture » au sein d’une organisation qui a cruellement manqué de stabilité depuis son accession aux ligues majeures. Déjà, Renard a nommé le travail et la solidarité comme les principales valeurs qu’il tentera d’importer dans son nouveau milieu.
 
« Je crois que c’est quelque chose que je peux apporter avec mes connaissances footballistiques et dans mes choix de joueurs », estime-t-il.
 
Renard, un ancien gardien de but, a aussi fait part de son intention de construire une équipe portée sur l’attaque, à l’image de celles qui parviennent généralement à s’élever au-dessus de la mêlée au sein du circuit Garber.
 
« Le championnat MLS, comme le sport américain en général, doit être un sport spectaculaire. Même si le football n’est pas comme le basketball, où il y a une action spectaculaire toutes les 30 secondes, on doit essayer de faire plaisir aux supporters en jouant un football offensif. Je pense que les supporters préfèrent avoir un 3-3 qu’un 0-0 et que la cloche sonne. L’idée, c’est d’essayer d’apporter quelque chose, même au niveau du recrutement, d’avoir une idée footballistique axée vers l’offensive. »
 
Renard, qui a connu une carrière de joueur en Belgique et en Italie et qui a passé les six premières années de son après-carrière en Europe, arrive en Amérique du Nord avec des connaissances sommaires d’un championnat complexe aux mécanismes de gestion uniques. À Montréal, les craintes quant à sa capacité d’adaptation à ce nouvel environnement sont naturelles considérant que d’autres avant lui s’y sont buté et ont connu une chute prématurée.
 
« Il est jeune, désamorce promptement Gilmore. Si on parlait d’un directeur sportif qui a passé 40 ans en Europe, peut-être qu’on pourrait s’attendre à une période d’ajustement un peu plus difficile. Mais dans nos discussions, c’est vite devenu très clair qu’il avait ce qu’il faut pour s’adapter. Sa vision est parfaitement alignée avec ce qu’on veut faire ici. »
 
« Les inquiétudes, ça me fait plaisir parce que ça a commencé comme ça lorsque j’ai commencé comme directeur sportif il y a six ans. C’est sûr que quand quelqu’un vient de l’étranger et qu’il est un peu inconnu au bataillon, il faut faire ses preuves », accepte Renard, qui décrit lui-même la MLS comme « un championnat étrange et particulier ».
 
Dans le communiqué annonçant l’embauche de Renard, l’Impact a précisé que ce dernier serait épaulé dans ses fonctions par trois membres actuels de l’état-major, soit le  responsable de l'analytique et directeur adjoint du personnel des joueurs Vassili Cremanzidis, le directeur de l’Académie Philippe Eullaffroy et le directeur administratif des opérations soccer Patrick Leduc. Renard n’a pas écarté la possibilité d’élargir son entourage en cours de route.
 
« On verra bien. L’important, c’est de faire de l’Impact de Montréal une équipe qui va faire le maximum pour obtenir des résultats. Donc si on doit s’améliorer par rapport à une structure bien précise, avec le président, on va évidemment en parler. »
 
Entraîneur recherché
 
La mentalité européenne d’Olivier Renard ne vient pas qu’avec des bémols. Quand on lui fait remarquer que son premier entre-saison à la tête de l’Impact sera court et chargé, avec l’ajout récent de la Ligue des champions au calendrier, le dirigeant fait la moue.
 
« Quand j’entends que j’ai peu de temps devant moi, ça me surprend quand même. Comme il n’y aura malheureusement pas de playoffs, ça risque d’être un arrêt de plus de deux mois. En Europe, ça n’existe pas ça. De dire que je n’ai pas de temps, ça serait une excuse complètement ridicule de ma part. »
 
Comme l’avait stipulé Gilmore lors de l’annonce de l’embauche de Wilmer Cabrera en remplacement de Garde, la première mission du nouveau directeur sportif sera d’identifier le prochain entraîneur de l’Impact. Sans surprise, Renard n’a pas voulu se commettre sur le sort qui attend Cabrera et ses adjoints. Son intention est d’attendre la fin de la saison avant de rencontrer les personnes concernées et d’éventuellement évaluer leur candidature.
 
Renard a précisé qu’il n’attendra pas nécessairement que le club soit fixé sur l’identité du prochain entraîneur avant de commencer à modeler l’effectif en vue de la prochaine saison. Il s’est toutefois décrit comme un dirigeant « proche de l’entraîneur » qui aime impliquer son coach dans le processus d’acquisition de nouveaux joueurs.
 
« Mon job, c’est essayer de trouver un maximum de joueurs pour augmenter le niveau de jeu, des joueurs avec un potentiel de revente à toutes les positions, et de les présenter à l’entraîneur. Parce que mon style, ce n’est pas d’imposer un joueur à un entraîneur. Si un entraîneur regarde les joueurs A, B, C et D et qu’il me dit qu’il préfère A et D, on voit en fonction du budget et on essaye de finaliser. L’entraîneur est aussi impliqué dans l’arrivée d’un joueur. Je crois que c’est la meilleure méthode et ça a marché dans les clubs par où je suis passé. »
 
Renard a aussi reconnu l’importance de développer le talent local et de pouvoir compter, en ce sen, sur une équipe réserve. Le sujet sera débattu avec Gilmore en temps et lieu, a-t-il laissé entendre.

« Quelqu’un qui fait la différence chez les jeunes n’est pas nécessairement prêt à atteindre l’équipe première directement. Par contre, il y a au moins cette équipe-là. Présentement, les jeunes qui ne jouent pas en équipe première ne jouent pas et un jeune qui ne joue pas, c’est la catastrophe. »