MONTRÉAL – Un nouveau refrain émanait de la tribune des Ultras alors que le tableau indicateur signalait le début du match entre l’Impact et les Whitecaps de Vancouver.

À l’unisson, les bruyants partisans du Bleu-blanc-noir saluaient le retour de leur capitaine. « Pa-trice Ber-nier! », scandaient les fidèles sur un air accrocheur à l’intention du titulaire du jour, qui occupait le milieu de terrain aux côtés de Calum Mallace. Pour le favori de la foule, il s’agissait seulement d’un deuxième départ cette saison en MLS. L’autre remontait au début avril à Houston.

Débattu en début de campagne, puis remisé sur les tablettes faute d’éléments nouveaux à y apporter, le sujet du statut de Bernier recommence à faire jaser dans l’entourage du onze montréalais. Joueur par excellence de l’Impact lors de sa campagne inaugurale en première division, élu sur l’équipe d’étoiles du circuit Garber l’année suivante, l’athlète de 35 ans n’a passé que 197 minutes sur le terrain après neuf matchs de championnat en 2015. Wandrille Lefèvre, Maxim Tissot, Anthony Jackson-Hamel et Jérémy Gagnon-Laparé sont les seuls joueurs en santé à avoir vu moins d’action.

Mercredi, le journaliste Jeremy Filosa rapportait sur les ondes de la station radiophonique 98,5 fm de Montréal que Bernier avait demandé et obtenu une rencontre avec la haute direction du club pour discuter de son utilisation et de son avenir.

L'Impact refuse de baisser les bras

« Je vous l’ai déjà dit, je suis là, je m’entraîne et tout mon cœur est ici », a répondu Bernier, sans jamais nier la rumeur, lorsque questionné à ce sujet après la victoire des siens.

« L’important pour moi, c’est de rester concentré et de jouer quand j’ai une opportunité comme aujourd’hui. Pour le reste, je suis content d’être ici, c’est chez moi. C’est sûr que tout le monde va commencer à interpréter des choses quand je ne suis pas là, c’est toujours un peu particulier. Mais mon cœur est à Montréal et c’est ça ma priorité. »

Bernier a néanmoins admis du bout des lèvres que la relation n’était pas au beau fixe entre Frank Klopas et lui.

« C’est sûr qu’il y a une tension. Quand on perd un match comme la semaine passée (0-3 contre Chicago), ce n’est jamais facile. Surtout qu’on ne peut pas se le cacher, on n’est pas dans une position au classement où tout est rose. Donc pour lui, pour moi, pour le groupe, le résultat de ce soir est un soulagement. Ça fait sortir la frustration de la mauvaise performance de samedi. »

Le débat entourant le rôle qui devrait être confié à Bernier est un sujet délicat à aborder avec Klopas. En début de saison, le bouillant entraîneur avait levé le ton à quelques reprises pour faire comprendre à qui voulait bien l’entendre qu’il n’avait pas l’intention de justifier ses décisions sur une base hebdomadaire.

Mercredi soir, Klopas était prêt à prendre congé des journalistes quand un collègue a retardé sa sortie en osant une question à propos de Bernier. Le coach l’a patiemment accueillie avec un grand sourire.

« Il a été bon, il a été très bon, a commencé Klopas. C’est toujours bien quand Patrice joue à la maison. La foule se range derrière lui et je crois que ça lui donne une petite motivation supplémentaire. Dans notre situation actuelle, il ne jouera peut-être pas 90 minutes à tous les matchs, mais quand il obtient sa chance, on peut toujours compter sur lui. »

La grande gueule de Laurent…

La victoire contre Vancouver arrivait à point pour l’Impact. Après le dur revers encaissé quelques jours plus tôt sur la route, il était impérial pour la troupe montréalaise de prouver que les bonnes performances offertes précédemment contre Salt Lake et Dallas représentaient la norme plutôt qu’une éphémère exception.

Pour y arriver, les joueurs ont senti le besoin de laver leur linge sale en famille et de tenir une réunion d’équipe.

« Il y avait des choses à dire et elles ont été dites, a résumé le défenseur Laurent Ciman. J’ai une grande gueule et quand j’ai des choses à dire, je les dis en face. Je pense que chacun a pris ses responsabilités. Pas besoin d’avoir de qualité particulière pour se battre sur un terrain de football. À Chicago, on n’a pas su le faire et ce n’est pas normal. »

« Ça a fait du bien et aujourd’hui, on a répondu de la bonne manière en jouant du bon football devant nos partisans. On a encaissé un but, mais on a quand même continué à pousser et on a su en marquer un deuxième. C’est bon pour le moral », a ajouté le charismatique Belge.

... et celle de Klopas

Qu’on parle de l’élaboration de son onze partant, du moment qu’il choisit pour effectuer ses changements ou du schéma qu’il emploie pour exploiter les habiletés de ses joueurs, les choix tactiques de Frank Klopas font rarement l’unanimité. Il n’ira peut-être pas vous lire sur Twitter, mais il ne fera pas semblant de ne pas avoir attendu si une critique se rend à ses oreilles.

Et il ne se gênera pas pour répondre.

Après qu’Ignacio Piatti eut marqué le deuxième but de l’Impact contre les Whitecaps, Klopas s’est retourné vers la foule pour s’adresser avec véhémence à un spectateur. L’entraîneur a été forcé de plaider coupable lorsqu’un journaliste lui a révélé qu’il avait capté la scène.

« Nous avons des partisans passionnés, nous sommes tous comme ça dans le feu de l’action et c’était simplement une réaction de ma part, c’est tout. C’est déjà oublié », a timidement expliqué Klopas, repentant.

« Ce n’est rien de personnel contre le partisan. Vous pouvez me dire "C’est une décision terrible, Frank!" ou "Ce changement ne valait pas de la merde"… mais parfois, ça dérape. Bien sûr, j’aurais dû me la fermer et me retourner vers le terrain. Mais tout ça est terminé et oublié. »