MONTRÉAL – Ken Krolicki fait penser à un jeune homme qui gagne rapidement la confiance de ses beaux-parents, le style de copain auquel un père craint moins de confier sa fille. On déduit qu’il a provoqué la même impression à Rémi Garde qui n’a pas hésité à miser sur lui malgré son inexpérience.

 

Parmi les huit joueurs auxquels Garde a déjà attribué un minimum de 15 départs en 2018, Krolicki est le plus jeune à 22 ans. Un degré supplémentaire s’ajoute à cette réussite puisqu’il arrive des rangs universitaires.

 

Le deuxième plus jeune joueur de ce groupe se nomme Samuel Piette. Mais, disons-le, Piette constitue une exception avec son grand bagage malgré ses 23 ans.

 

L’expérience de Krolicki est donc minime en comparaison avec le Québécois ou d’autres coéquipiers tels Saphir Taïder, Ignacio Piatti, Daniel Lovitz, Rod Fanni et Alejandro Silva.

 

Jusqu’à présent, en MLS, Krolicki n’affiche pas autant d’éclat que certains partenaires, mais il se démarque par son dévouement et sa fiabilité.

 

Toutefois, Garde a constaté un petit relâchement au dernier match et il a cru bon s’entretenir avec Krolicki pendant quelques minutes en marge de la séance d’entraînement. Le ton employé n’était pas celui du beau-père qui sermonne son gendre. L’idée était plutôt de le conseiller pour l’envoyer dans la bonne direction.

 

« Il me rappelait simplement ce que je dois faire avant les matchs. Je crois que je dois être un peu plus concentré avant les parties. Sur le terrain aussi, je dois être plus efficace avec le ballon. Défensivement, je n’étais pas aussi alerte que je le suis normalement. Il me rappelait les points sur lesquels je dois m’améliorer », a accepté de raconter Krolicki.

 

« Ce n’était rien de trop sérieux, c’était juste de me dire d’être plus constant dans ma préparation et mon approche. Il a raison », a ajouté le milieu de terrain qui est né au Japon.

 

Cet accroc n’est sans doute pas étranger au mandat de traverser une première saison professionnelle de 34 rencontres.

 

« Oui, il y a évidemment des hauts et des bas. C’est difficile de demeurer constant à ce niveau. Mais c’est la chose que je dois faire et il me le rappelait », a convenu Krolicki qui constitue tout de même déjà une excellente prise pour le club montréalais dans ce repêchage qui offre peu de garanties.

 

À 26 ans, et avec un profil nettement plus élevé, Saphir Taïder s’est lancé dans l’aventure de l’Impact en étant mieux outillé. Par contre, le défi n’a pas été minime pour lui ou d’autres nouvelles acquisitions comme Rudy Camacho et Alejandro Silva.  

 

Taïder semble maintenant en pleine possession de ses moyens dans le maillot bleu-blanc-noir, mais il reconnaît que la traversée vers le soccer nord-américain n’a pas été aussi facile qu’un vol en première classe.

 

« Pour réussir des transferts, ça prend une bonne structure au club »

« C’est vrai que je me sens de mieux en mieux.

 

« Le plus difficile, c’est surtout s’adapter à sa nouvelle équipe et ses nouveaux coéquipiers. J’arrivais dans un contexte au sein duquel personne ne se connaissait, l’entraîneur était nouveau, le personnel aussi tout comme plusieurs joueurs. C’est donc ça, se connaître entre nous, avoir des automatismes, ça prend du temps. Peut-être qu’on a eu besoin de deux ou trois mois, mais je pense que c’est normal quand on ne sait pas ce que notre coéquipier préfère sur le terrain. On a eu besoin de temps, mais c’était nécessaire pour être meilleurs présentement », a exposé Taïder.

 

Sa transition effectuée directement du FC Bologne provoque cependant un volume de jeu éreintant.

 

« Il y a un peu de fatigue, ça fait plus d’un an que je n’ai pas arrêté avec la saison en Série A. Ça revient à ce que je disais, il faut être costaud mentalement. J’ai tellement envie d’aller en séries, de porter le club le plus loin possible. J’essaie donc de faire abstraction de tout ça, d’être fort dans la tête. Je veux m’impliquer au maximum pour donner le sourire aux gens qui m’ont fait confiance. Il y a beaucoup de gens qui travaillent à ce club que ce soit sur le terrain ou à l’extérieur. Je pense au personnel, aux gens des relations avec les médias, au cuisinier, aux personnes de l’équipement. C’est pour l’ensemble du groupe que ce serait beau d’aller le plus loin possible », a spécifié Taïder qui a rapidement développé ce sentiment d’appartenance.

 

Rémi GardeAu 11e rang sur 12 équipes pour le rendement à l’étranger

 

Afin d’exaucer le souhait de Taïder, le onze montréalais doit d’abord assurer sa place en éliminatoires. La meilleure manière d’y parvenir serait d’augmenter la production sur des terres étrangères. Parmi les 12 équipes de la MLS qui accéderaient actuellement aux éliminatoires, l’Impact affiche le deuxième pire dossier à l’étranger.

 

En effet, la troupe Garde se contente d’une fiche de 2-9-1 pour 7 points tout juste devant Real Salt Lake avec 1-8-2 pour 5 points.

 

« Les parties sur les terrains adverses sont exigeantes. Il faut demeurer fort mentalement jusqu’à la fin de la saison. Tout le monde peut être physiquement fatigué et c’est la même chose pour nos opposants si bien qu’au final, ça se joue sur ceux qui vont demeurer le plus fort mentalement », a maintenu Krolicki.

 

Taïder a poussé la réflexion un peu plus loin. Il considère que son groupe peut déployer plus de lucidité loin du stade Saputo.

 

« Notre match référence, je pense, est celui à Portland (un nul de 2-2). On était bien en bloc, bien en place. Si tu n’encaisses pas de buts dans cette ligue, tu obtiens des situations de marquer. Ensuite, il faut essayer de s’inspirer de ça : ne pas partir à l’abordage et plus jouer avec notre cerveau que parfois l’envie d’aller au but. On finira par avoir des chances et ça nécessite un peu plus de justesse technique dans le tiers offensif. Si on s’inspire de ce match, tout en mettant plus d’implication mentale et en réfléchissant avec notre tête, ça peut fonctionner. Je suis confiant malgré tout », a conclu Taïder qui verra l’Impact s’arrêter au domicile du Real Salt Lake, du Toronto FC, de l’Union de Philadelphie, de D.C. United et du Revolution de la Nouvelle-Angleterre d’ici le 28 octobre.

« Beaucoup de gens critiquent, mais il ne faut pas recruter n'importe qui »