MONTRÉAL – Un cliché vieux comme le monde veut qu’on apprenne davantage dans la défaite que dans la victoire. Dans les mots de Rudy Camacho, « des fois, ça fait du bien de prendre une petite claque ».

Pour l’Impact, cette claque a été encaissée le 25 août. Après avoir récolté un point inespéré à Salt Lake City et décroché une victoire pas tout à fait méritée contre le Fire de Chicago, le onze montréalais s’était déplacé à Toronto le torse bombé. Il en était revenu complètement dégonflé. Il avait encaissé dès la septième minute du derby et sa réponse devant l’adversité avait été atroce. Juste avant la demi-heure de jeu, il perdait déjà par trois buts.  

Union 1 - Impact 4

Une déconfiture de la sorte aurait pu avoir des conséquences désastreuses sur les espoirs de l’équipe de conserver ses acquis dans la course aux séries. Mais l’Impact, il est temps de se rendre à cette évidence, n’est plus l’équipe fragile qui s’enlisait de semaine en semaine en début de saison.

Après la boucherie au BMO Field, la troupe de Rémi Garde a pansé ses plaies en silence, avec toute l’humilité requise pour bien assimiler un tel rappel à l’ordre. Depuis, il exhibe ses cicatrices comme autant de sources de motivation. Sa victoire de 3-0 contre les Red Bulls de New York n’a laissé aucun doute sur sa capacité à rebondir, mais celle qu’il a ramenée de Philadelphie en fin de semaine est encore plus impressionnante. Pour la première fois de la saison, l’Impact a remporté un match dans lequel il avait accordé le premier but.

Seulement deux semaines lui auront été nécessaires pour exorciser les démons qui l’avaient tourmenté en Ontario.

« Je crois que si l’on compare notre dernier match à celui qu’on avait connu à Toronto, les deux ont débuté de façon similaire, approuvait le gardien Evan Bush mardi. Dans les dix premières minutes, on a eu quelques occasions en territoire ennemi et tout semblait indiquer qu’on était en contrôle de la situation. Ils ont ensuite marqué sur un coup de pied de coin et on aurait facilement pu s’écrouler encore une fois à ce moment-là. Heureusement, on a été capables de garder notre calme et de répliquer peu de temps après. Je crois que ça démontre qu’on a gagné en maturité dans ce genre de contexte. »

Pour Garde, qui prêche depuis le début de la saison les vertus de l’effort collectif, les récents résultats de son équipe présentent aux joueurs des arguments qui frappent plus fort que n’importe quel discours.

« À Toronto, on avait donné une réponse trop rapide et trop individuelle, en voulant bien faire bien sûr. Je pense qu’on était sortis de ce qu’on voulait faire trop tôt dans le match à cause de ce premier but. La différence à Philadelphie, ce que j’ai bien aimé, c’est qu’on a donné une réponse plus sereine, on a été plus patients. Et la réponse a été donnée de manière collective. Parfois on veut bien faire et on fait des choses individuelles qui sortent du cadre de ce qu’on veut faire. Là ça n’a pas été le cas. Pour moi, c’est une grosse progression. »

Cette quiétude dans les moments troubles, que l’Impact avait progressivement commencé à intégrer à son portfolio au cours du dernier mois, pourrait s’avérer précieuse si elle peut être consolidée et considérée comme faisant désormais partie de l’identité de l’équipe. Si on exclut la débâcle torontoise, le Bleu-blanc-noir a maintenant concédé un but ou moins dans quatre matchs de suite. Et chaque fois qu’il a cédé, il a offert une réplique qui lui vaut concrètement six points supplémentaires au classement.

Ce nouveau front de bœuf devant l’adversité ne sera pas de trop dans la lutte sans merci que se livrent les dernières équipes visant la qualification dans l’Est.

« C’est un très bel atout à posséder dans notre poche arrière pour le dernier droit de la saison, mentionne Daniel Lovitz. Dans un monde idéal, on n’aura pas à s’en servir, mais c’est bon à savoir. »

Grand gardien de l’équilibre entre la confiance et la complaisance, Garde espère lui aussi pouvoir garder cette carte dans son jeu le plus longtemps possible. Il n’est jamais recommandé de pousser sa chance, sait pertinemment l’entraîneur. Surtout quand David Villa s’amène en ville...

« Il ne faut pas penser que tout est acquis et fermé définitivement. Loin de là », prévient le patron.