MONTRÉAL – « Je te le dis, lève-toi, prends ton brancard, et rentre dans ta maison. » Il se leva, prit aussitôt son brancard, et sortit devant tout le monde. Tous étaient frappés de stupeur et disaient : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. »

 

L’Évangile selon Rémi : la guérison du paralytique au Stade Saputo.

 

L’Union de Philadelphie, samedi après-midi, ne devait pas avoir les jambes pour rivaliser avec l’Impact. Il s’agissait de son cinquième match de la saison à l’étranger; il n’avait marqué aucun but dans les quatre premiers. Pire encore, il n’avait pas gagné à ses 16 derniers matchs sur les terrains adverses. Infirmité footballistique.

 

On parlait d’un match que l’Impact ne pouvait échapper. Il l’a pourtant perdu 2-0, souvent sans même donner l’impression d’essayer. Sous les sifflements d’une foule désillusionnée, qu’on a annoncée à un peu plus de 17 000 spectateurs, les visiteurs ont pris leur brancard et sont retournés à la maison avec une victoire inespérée, laissant derrière un adversaire humilié.

 

« On a eu des manques offensivement, on a eu des manques défensivement, a analysé l’entraîneur-chef Rémi Garde. On a fait un début de match très pauvre d’un point de vue technique. On a remis beaucoup de ballons faciles à l’adversaire, on les a mis en confiance alors qu’on aurait dû prendre les choses en main. Ça ne s’est pas passé comme on le voulait au début et je pense qu’on a couru après ce mauvais début de match tout au long de la partie. »

 

Les deux équipes disputaient un troisième match en moins de dix jours. Si Garde avait décidé de reconduire la même formation partante que trois jours plus tôt à Chicago, son vis-à-vis Jim Curtin avait décidé d’incorporer cinq joueurs qui n’avaient pas joué en milieu de semaine.

 

Très tôt, l’Union a affiché une énergie qui semblait faire défaut chez les locaux. Dans le corridor droit, Michael Petrasso n’avait pas la vitesse pour rivaliser avec Fafa Picault. Dans la charnière centrale, Jukka Raitala jouait comme un gars qui avait été abandonné par la chance du débutant. Au milieu de terrain, les déchets trop fréquents rendaient difficile la progression vers le tiers offensif. Et Ignacio Piatti, pour un deuxième match de suite, n’avait pas de miracle dans les semelles.

 

Evan Bush a donc dû se démener pour garder son équipe dans le match. Superbe plongeon aux dépens de Raymon Gattis à la 15e minute, belle sortie devant Alejandro Bedoya à la 29e, encore solide contre Cory Burke à la 31e. On se doutait bien que ça allait finir par céder.

« La remise en question est impérative »

 

Deux minutes avant l’entracte, Picault a centré dans la surface pour Burke, un attaquant de 6 pieds 3 pouces qui obtenait son premier départ de la saison. Raitala est arrivé en retard au marquage et l’Union, qui n’avait marqué que six buts en neuf matchs avant son arrivée à Montréal, était en avant.

 

« L’énergie n’était pas là en première demie et c’est ce qui, ultimement, nous a coûté le match, déplorait Raheem Edwards. On n’a pas d’excuses, ils étaient dans la même situation. Je ne sais pas, il faudra se regarder dans le miroir, apporter des ajustements et continuer d’avancer. »

 

Deux rouges et des changements tardifs

 

Le vent allait tourner dans la dernière demi-heure de jeu. C’est du moins ce qu’on a cru quand, à la 58e minute, Burke a écopé d’un carton rouge pour avoir cramponné Samuel Piette. Avec un joueur en plus, il était inconcevable que l’Impact ne renvoie Philadelphie sur son grabat.

Une défaite inacceptable

 

Saphir Taïder est passé à un cheveu de créer l’égalité quand Alejandro Silva lui a dirigé un centre millimétré au deuxième poteau, à la 62e, mais le Français a piqué une tête directement dans la pelouse et n’a pu convertir son occasion.

 

Dommage, puisque les forces ont aussitôt été rééquilibrées. Daniel Lovitz a été semoncé pour avoir accroché Picault alors que ce dernier filait vers le filet défendu par Bush. L’arbitre Kevin Stott a instantanément sorti le carton jaune, mais a finalement expulsé le fautif avec le bénéfice de la révision vidéo.  

 

Garde a attendu à la 81e minute pour effectuer sa première substitution, envoyant l’attaquant Matteo Mancosu prendre la place d’Edwards. Deux minutes plus tard, Dominic Oduro était convoqué pour relever Petrasso. L’effet recherché n’a pas été obtenu.

 

À la toute fin du temps réglementaire, une bourde de Raitala a premier à l’Union de reprendre le ballon près des six mètres. Haris Medunjanin a marqué sans aucun effort.

« On n'a pas été capable de mettre nos couilles »

 

« Je pense que l’équipe que je fais débuter, c’est la meilleure équipe, a répondu Garde lorsque questionné sur ses changements tardifs. Sinon, je ne ferais pas débuter ces joueurs-là. Et je pensais – que ce soit Raheem, Alejandro, tous ces joueurs-là – qu’ils pouvaient encore apporter sur le terrain. Les solutions que j’avais sur le banc de touche, je les ai aussi utilisées. Un peu plus tard peut-être que ce que vous auriez souhaité, mais ce sont mes choix. »

 

Blanchi à ses deux dernières sorties, l’Impact a perdu six de ses sept derniers matchs et ne compte que trois victoires après onze parties depuis le début de la saison.

 

Samedi, il a fait marcher une équipe qui ne devait pas avoir de jambes. Pour Rémi Garde, le vrai miracle serait peut-être maintenant de réussir à mener cette équipe en séries. ​

« Je dis pardon à tout le monde »