MONTRÉAL – Mine de rien, l’Impact a blanchi, coup sur coup, les deux finalistes de la MLS. Malgré les déboires défensifs de 2017 et les moult changements au sein de l’effectif et chez les entraîneurs, les résultats s’observent déjà.

 

Face à un tel contexte de renouveau, on aurait pu s’attendre à une courbe de progression plus graduelle, mais l’influence de Rod Fanni a accéléré le processus.

 

Dans le temps de le dire, le vétéran de 36 ans a injecté une dose de confiance et de calme à ce rideau défensif qui n’était pas assez opaque. Le résultat est sans équivoque : deux matchs complets de sa part, deux blanchissages consécutifs.

 

« On n’a rien sans rien. On a travaillé et on a mis l’accent là-dessus. Les joueurs l’ont assez bien fait pendant le camp d’entraînement. On a axé les enseignements sur des problèmes qui avaient été constatés la saison précédente. C’est une satisfaction pour l’instant, mais le foot, c’est une remise en question permanente et je l’ai rappelé aux joueurs. Il ne faut pas penser que, puisqu’on emploie un tel système, un blanchissage nous attend forcément. Il faut continuer d’investir les efforts », a cerné l’entraîneur Rémi Garde qui ne s’est pas fait prier pour vanter Fanni.

 

« L’arrivée de Rod, bien sûr, coïncide avec ces deux matchs importants. Son expérience est importante. Il rassure et il a encore des qualités physiques élevées. J’avais pris beaucoup de renseignements sur lui et c’est à lui de continuer à contribuer comme il le fait présentement », a-t-il enchaîné.

 

Maintenant que Fanni a démontré que ses atouts sont encore bien présents à 36 ans, l’occasion est belle pour avouer ses torts. Le gardien Evan Bush s’empresse de lever la main pour le faire.

 

« Comme j’avais dit après le match contre Toronto, il est plus rapide que j’avais prévu. C’est un peu injuste de ma part, mais c’était probablement que je m’attendais à quelque chose en voyant son âge. Il a été une belle surprise dans cet aspect. Il contrôle les choses de manière phénoménale. Son calme vient de son expérience, il n’est pas dépassé par les situations et c’est la chose qu’on veut des défenseurs centraux et encore plus de celui qui est au centre dans un 3-5-2. Il a été extrêmement solide », a raconté Bush qui pourra facilement viser un poste d’analyste ou d’entraîneur après sa carrière.

 

« C’est vrai qu’il n’est pas celui qui s’exprime le plus sur le terrain, mais c’est correct quand tu prêches par l’exemple et il y a d’autres gars autour qui peuvent assumer ce rôle. On a trouvé une bonne combinaison de personnalités et de concept », a soutenu Bush.

 

Justement, la résultante est que Bush paraît mieux que l’an passé. Moins souvent abandonné, il parvient à effectuer la plupart des arrêts clés quand la situation l’exige.

 

Comme le précisait Garde mardi, c’est un cas de vases communicants. Les prestations inspirées de Bush ne sont pas que liées à l’entrée en scène du spécialiste des gardiens, Joël Bats, ou bien à un travail plus affûté devant lui.

 

« C’est un peu de tout, ce n’est jamais qu’un facteur. Défensivement, on a accompli un bon boulot pour limiter les chances de l’adversaire et je suis à l’aise pour composer avec celles qui surviennent. L’influence de Joël est bénéfique, je me sens plus léger sur mes pieds et rapide. Mais c’est aussi relié à la façon d’approcher les choses hors du terrain avec Robert (Duverne, le préparateur physique) et toute la philosophie des entraîneurs. Maintenant, il faut maintenir cette cadence pendant huit mois et je parle de tous les joueurs », a indiqué Bush qui a dû se contenter de cinq blanchissages en 2017 ce qui le classait au 18e rang du circuit.

 

Le gardien de 32 ans a ouvert une porte intéressante avec cette réponse et il a accepté d’en dire davantage sur les changements effectués dans la préparation. 

 

« On accorde un peu plus d’attention dans le gymnase pour faire des choses spécifiques en lien avec le soccer. On ne fait pas autant de travail pour lever des poids ou faire nos trucs individuellement qui sont moins conçus pour le soccer. Il y a plus de travail précis et ça se sent quand on va sur le terrain. Je pense que plusieurs joueurs se sentent plus en forme, plus légers et confiants de pouvoir pousser pendant 90 minutes », a-t-il exposé.

 

Bush ne s’est pas arrêté là, il a parlé des différentes philosophies à travers la planète pour enseigner aux gardiens.

 

« Avec Joël, dans l’approche française, c’est plus du mouvement actif dans la surface. Du côté des Anglais, les gardiens sont souvent plus costauds et ils aiment déployer leur corps pour bloquer des tirs. En Amérique du Sud, dans leurs entraînements, ils font des choses un peu folles comme sauter par-dessus des poubelles ou éviter des fléchettes lancées par des gens. C’est un monde très intéressant et spécifique selon la culture », a décrit Bush avec intérêt.

 

Cabrera s'accroche avec brio, Camacho attend son tour

 

Fanni ne peut tout de même pas avoir colmaté les brèches à lui seul, Victor Cabrera a retrouvé la plupart de son aplomb. On sent que la compétition qui s’installe – particulièrement avec l’arrivée de Rudy Camacho – lui redonne de la vigueur. 

 

« Quand il y a de la compétition, ça peut t’aider à t’améliorer ou te nuire. Dans mon cas, je pense que ça m’aide », a admis Cabrera via une interprète.

 

Rassuré par la présence de Fanni à ses côtés, Cabrera affectionne le système qui mise sur cinq défenseurs en quelque sorte.

 

« J’aime le système, ça aide à relancer l’attaque avec deux latéraux qui peuvent monter sur les côtés. Ensuite, ils reviennent en défense et on travaille à cinq. Ça me plaît et ça fonctionne », a confié l’Argentin de 25 ans.

 

Bush sait bien, lui aussi, que Camacho attend son tour.

 

« On a une bonne idée de ce qu’on veut faire autant défensivement qu’offensivement. La structure est présente et on affiche de la confiance en vue des matchs. Ce sont des jeux blancs contre les deux finalistes, ce n’est pas comme le faire contre deux équipes moins fortes. On peut être fiers de ce qu’on a réussi, mais la compétition sera présente avec Rudy qui veut embarquer. C’est difficile de faire un changement maintenant, mais ça allume de la compétition et il faut travailler de la bonne manière sur le terrain. Je pense qu’on pourra continuer sur cette lancée. Si on regarde les buts alloués, deux sont survenus sur penalty et un autre sur un coup de pied arrêté. Il y a beaucoup de choses positives et on peut encore grandir », a constaté le gardien.

 

Pendant ce temps, Kyle Fisher regarde tout ça de l’extérieur et il espère que sa fracture à la jambe gauche guérira sans tarder. Selon le scénario initial, le défenseur, qui a été opéré le 26 janvier, pourrait renouer avec l’action vers la fin mai.

 

« Ça progresse beaucoup et bien, il est en avance sur sa remise en forme. L’opération a été bien réalisée et c’est un garçon tellement volontaire, il a été tellement déçu d’apprendre ça donc, à quelque part, toute sa rage s’en va dans sa remise en forme. Il est en avance sur le protocole et il faut plutôt le freiner que le secouer », a dévoilé Garde qui parle toutefois de son retour en termes de mois et non de semaines.