MONTRÉAL – Le titre de joueur désigné génère des attentes élevées en MLS. Celui qui en hérite est porteur d’espoir. Comme son statut est différent, on s’attend à ce qu’il fasse la différence.

C’est le cadeau empoisonné dont a hérité Saphir Taïder à son arrivée à Montréal. Avec en plus cette particularité : son prédécesseur dans ce rôle, Blerim Dzemaili, avait marqué sept buts et ajouté dix passes décisives en seulement 22 matchs à une position similaire la saison dernière. On avait beau insister pour noter la différence fondamentale entre les deux joueurs, les comparaisons allaient être inévitables.

Une 5e victoire de suite au Stade Saputo

Taïder a offert un aperçu de son potentiel offensif au camp d’entraînement. On se rappelle de ce magnifique but de la tête lors d’une incursion dans la surface en match préparatoire. Mais il a fallu attendre près de deux mois avant de voir la même chose en saison régulière. L’international algérien a marqué son premier but à son septième match, puis rien pendant les sept suivants.

Sauf que depuis un mois, Taïder apparaît plus régulièrement sur la feuille de pointage. Il a amassé une passe décisive dans chacune des manches d’une série aller-retour balayée contre Orlando. Il a inscrit un doublé contre les Rapids du Colorado. Puis il a réussi son troisième but en une semaine dans une victoire de 2-0 contre les Earthquakes de San Jose.

Taïder n’affectionne pas particulièrement la lumière des projecteurs. Il dévie rapidement les compliments vers les accomplissements du collectif et ne semble pas apprécier la suggestion qu’il joue mieux maintenant qu’il trouve le fond du filet.

« Avant, je touchais autant de ballon. Je me créais aussi des occasions, notait-il samedi. Là c’est vrai que ça rentre, donc tant mieux, mais je suis autant libéré qu’avant. »

Ceux qui l’entourent ont toutefois remarqué une différence. À commencer par Rémi Garde, celui qui en est à l’origine.

« On essaie effectivement de travailler tactiquement avec Saphir, qui est un joueur tellement généreux que parfois, il court beaucoup trop, mais pas aux bons endroits, a expliqué l’entraîneur-chef. Ça part toujours d’un très bon sentiment, mais voilà, on a travaillé avec lui pour lui montrer comment il pouvait être plus dangereux. Pas forcément en marquant des buts, mais en étant dans la construction, plus haut sur le terrain. C’est vrai que là, il est dans une passe où il conclut le travail. Encore un but ce soir, une semaine après les deux autres, c’est tout à fait positif. »

Taïder a bien voulu admettre que Garde a bien su travailler avec lui pour l’amener à être plus performant dans son système.

« C’est vrai que le coach me parle beaucoup. J’ai la chance d’avoir une superbe relation avec lui. Je le respecte beaucoup parce qu’il a fait du bon travail dans le passé. Il me fait des séances vidéo personnalisées où il m’explique certaines choses pour que je puisse non pas m’approcher de la perfection, mais donner le meilleur de moi-même. [La clé] n’est pas de toujours vouloir le ballon, mais d'essayer d’être plus intelligent. En ce moment ça marche. »

« Il a toujours bien joué, c’est juste qu’il fallait qu’il trouve ses repères, a commenté Samuel Piette. Je pense aussi qu’il joue mieux parce que les joueurs autour de lui jouent mieux. Ça, c’est gros. Tout le monde autour de lui fait très bien présentement, donc ça l’aide dans son jeu. Mais c’est vrai que son jeu est un peu plus vers l’avant. Quand le ballon est sur le côté, il est plus souvent dans la surface au lieu de rester derrière pour faire le jeu. Je pense qu’on a des joueurs maintenant qui sont capables de faire ça et c’est ça le gros changement dans son jeu. »

« Il se projette plus vers l’avant, on le retrouve beaucoup plus dans la surface, a également remarqué Rudy Camacho. Et voilà, il met l’adversaire en difficulté et il est arrivé à marquer sur les deux derniers matchs à domicile. C’est bien pour lui et j’espère qu’il va continuer à monter en puissance. »

Hommage à Donadel

Le but marqué par Taïder samedi était l’occasion qu’attendait Ignacio Piatti pour rendre un ultime hommage à un ancien coéquipier.

Libéré par l’Impact à la fin juin, Marco Donadel a regardé le match dans une loge en compagnie des joueurs de l’Impact qui n’étaient pas en uniforme. Quand Taïder a ouvert la marque à la huitième minute, Piatti s’est dirigé vers le banc des siens où on lui a remis le maillot numéro 33 que Donadel a porté pendant ses trois saisons à Montréal.

Taïder et lui ont ensuite soulevé le maillot en direction des tribunes à l’intention de leur camarade. Piatti macérait l’idée depuis une semaine.

« Ça fait trois ans et demi ou quatre ans que je suis avec lui et maintenant qu’il part, c’est difficile de le voir retourner dans son pays. Mais c’est comme ça, la vie dans le football. C’est un bon geste parce qu’il a donné beaucoup à Montréal. Il a joué deux finales. On voulait le remercier. »