MONTRÉAL – Rod Fanni avait de gros clients devant lui pour ses débuts dans l’uniforme de l’Impact.

Même s’il revenait à peine d’un déplacement exigeant au Mexique pour y disputer un match de la Ligue des champions de la CONCACAF, le Toronto FC était débarqué à Montréal avec toute la cavalerie. Pour son tout premier match en MLS, Fanni s’est donc retrouvé devant Sebastian Giovinco et Jozy Altidore, deux des meilleurs attaquants du circuit. Il a passé le test haut la main.

Grâce à un sens de l’anticipation juste à point, Fanni a multiplié les jaillissements bien calculés tandis que son intransigeance dans les duels lui a maintes fois permis d’éliminer le menace dans la zone dangereuse. Du haut de ses 6 pieds 1 pouces, il a également bien dirigé le trafic aérien autour du gardien Evan Bush, se substituant à chaque occasion à l’imposante ombre d’Altidore.

Les statistiques disent qu’il a réussi quatre interceptions et cinq dégagements tout en complétant plus de 90% de ses passes. Notre ami Patrick Leduc lui a offert une note de 7,5 sur 10 dans son traditionnel bulletin d’après-match, la plus haute réservée à un membre du corps défensif.

« ‘Papi’ Fanni! », s’est exclamé Samuel Piette, saisissant à la volée l’occasion de dévoiler le sobriquet dont il a affublé le doyen de l’effectif montréalais.

« Très solide, a évalué le jeune milieu de terrain. C’est une présence importante pour nous en charnière centrale. Très imposant, il a gagné beaucoup de duels contre Altidore et ça nous a fait du bien. Et avec la balle, très serein, belle relance. ‘Papi Fanni’ a très bien fait aujourd’hui! »

L’entraîneur-chef Rémi Garde a corroboré les observations de Piette.

« Je crois que son influence est allée en crescendo durant le match. Il nous a fait du bien en deuxième mi-temps, surtout, sur des situations où il fallait être présent physiquement, où il fallait lire le jeu et les combinaisons de Giovinco et Altidore. Il a été très présent et je pense que sur ce match, il a déjà donné beaucoup de ce qu’on attendait de lui. »

Acquis par l’Impact au début du mois en réaction à la blessure subie par Zakaria Diallo, Fanni n’approchait pas ce match dans des conditions idéales. Laissé en plan à la fin de son association avec l’Olympique de Marseille, l’athlète de 36 ans disputait un premier match en dix mois.

Rémi Garde a admis que dans un monde idéal, il aurait repoussé encore un peu l’entrée de son vétéran dans la formation partante, mais que les circonstances – lire le manque de profondeur de son effectif - l’avaient forcé à précipiter sa préparation.

« Personnellement, je me connais, je ne suis pas encore à 100%, a confirmé le principal intéressé au terme de son baptême montréalais. C’est normal, ça faisait longtemps que je n’avais pas fait un match plein, mais ça s’est quand même bien passé pour une première. Je suis confiant pour la suite et ça me donne encore plus envie de bosser. »

« Je suis ravi, mais je ne suis pas surpris, a enchaîné l’entraîneur. J’ai posé beaucoup de questions à beaucoup de gens en France. Je connaissais Rod, bien sûr, mais pas sur une base personnelle. Toutefois, quand vous voyez un joueur toujours actif à 36 ans et que vous savez qu’il a subi très peu de blessures dans sa carrière, vous savez qu’il est un vrai pro. »

Fanni, qui a eu l’air d’un poisson dans l’eau au centre de la charnière à trois défenseurs élaborée par Garde, a rendu hommage au travail de préparation de son entraîneur pour l’aisance qu’il a démontrée lors de son initiation.

« On l’avait travaillé à l’entraînement, c’est vrai que ça avait bien fonctionné et je pense que c’est pour ça qu’on l’a mis en place. L’entraîneur a bien étudié l’adversaire et je pense que c’est le schéma qui les a contrariés le plus. Ça les a empêchés de pouvoir se tourner et percuter beaucoup. Vers la fin du match on a un peu subi, c’est dommage, mais la solidarité a pris le dessus. »

Si la performance offerte par Fanni est un gage de ce qu’il pourra offrir sur la suite, l’Impact pourrait finalement se retrouver avec un équilibre rassurant en défense central. L’équipe ne l’a toujours pas confirmé, mais tout indique qu’elle annoncera prochainement l’embauche du Français Rudy Camacho, qui évoluait jusqu’à tout récemment en première division belge.

Un match tremplin pour Piette

Samuel Piette a avoué après la victoire contre Toronto qu’il n’était pas satisfait de sa contribution lors des défaites des semaines précédentes à Vancouver et Columbus. « Ce n’était pas un manque de confiance, mais on apprend encore à se connaître. Il y a beaucoup de nouveaux joueurs, une nouvelle philosophie et je n’étais pas encore assez à l’aise », a-t-il confessé.

Impact 1 - Toronto FC 0

Le jeune Repentignois sentait donc qu’il avait des choses à prouver samedi. La performance qu’il a livrée devrait lui permettre d’entreprendre la prochaine semaine dans un tout autre état d’esprit.

Piette a été magistral contre Toronto. Dans un milieu de terrain des ligues majeures, sa présence constante dans les lignes de passes adverses et sa pugnacité dans les duels lui ont permis de s’imposer comme l’instigateur de moult relances montréalaises. C’est d’ailleurs de ses pieds qu’est né le seul but du match après qu’il eut subtilisé le ballon au capitaine torontois Michael Bradley.

« Sam est très important pour l’équipe, a vanté Rémi Garde. Il a eu beaucoup de récupérations. Je pense qu’il a un potentiel pour faire encore mieux, pour être encore plus influent. Aujourd’hui, il a fait un très bon match, il a été solide. Ça a été la pierre angulaire du milieu de terrain au niveau défensif. »

« Pour moi, c’est plus facile parce qu’il fait énormément de travail défensif et me laisse donc conserver des forces pour repartir, apprécie Saphir Taïder. Forcément, ça m’aide énormément et il fait très bien son travail. »

« Là, je pense que j’ai trouvé mon erre d’aller, se félicitait le jeune homme de 23 ans après le match. En espérant que ça continue comme ça. »