MONTRÉAL – Dominic Oduro roule sa bosse sur les terrains du circuit Garber depuis la saison 2006. Au sein de l’effectif de l’Impact, aucun joueur n’a plus d’expérience que lui en MLS. Pourtant, demandez-lui de vous raconter une anecdote reliée à ses présences précédentes en séries éliminatoires et le volubile marchand de vitesse n’a soudain pas grand-chose à dire.

« Il faut être prêt à tout »

Au sens figuré, Oduro a vu neiger. Par contre, c’est littéralement la première fois que son équipe est encore en lice alors qu’un tapis blanc couvre les terrains les plus nordiques du championnat nord-américain.  

Aujourd’hui âgé de 31 ans, le Ghanéen saisit donc probablement mieux que quiconque la valeur de l’occasion que l’Impact tentera de saisir mercredi soir à Toronto.

« Ça fait onze ans que je suis dans cette ligue et c’est la première fois que j’atteins cette étape, rappelait Oduro à la veille du match retour du Championnat de l’Est. C’est crucial pour moi d’en faire un moment important, mémorable. Et je sais que le reste de l’équipe ressent la même chose. Tout le monde veut avancer et atteindre la grande finale. »

Pour y arriver, Oduro et ses coéquipiers savent précisément ce qu’ils doivent faire. Fort d’une avance de 3-2 consolidée lors du match aller au Stade olympique – match au cours duquel Oduro a marqué le premier but de sa carrière en séries – le onze montréalais se déplace dans la Ville Reine en sachant qu’une victoire ou un nul lui ouvrirait la dernière porte le séparant de la finale.

Pour un club qui n’en est qu’à sa cinquième année en ligue majeure et qui pourrait devenir la première équipe à représenter le Canada en finale de la MLS, le moment est gigantesque. Mais Oduro promet que la pression n’étouffe personne.

« À l’époque où je ne jouais jamais en séries, j’étais misérable. Je détestais rester à la maison et regarder les autres équipes jouer. C’est donc un plaisir de me présenter à l’entraînement à tous les jours, de continuer de côtoyer les gars. On a du plaisir et j’espère que tout cœur que ce n’est pas notre dernière semaine de travail. »

Patrice Bernier, le vice-doyen de l’Impact, n’a lui non plus pas besoin qu’on lui fasse un dessin pour comprendre l’importance du moment.

« Ce n’est pas une question d’âge, mais tout simplement une question d’opportunité. On est à 90 minutes de pouvoir accéder à une finale. Dans une carrière, une finale, ça n’arrive pas souvent. Ce n’est pas tout le monde qui a le CV de Didier. Il faut donc en profiter », réalise le capitaine de 37 ans.

Plus gros que le Costa Rica 

Avant de rentrer au bercail pour venir terminer sa carrière en Amérique, Bernier a remporté deux fois la Coupe Danoise avec le FC Nordsjaelland. Le parcours actuel de l’Impact représente toutefois la première incursion de l’un de ses clubs aux portes de la finale d’un championnat.

« Connaissant la structure de la MLS, ça n’arrive pas souvent que les mêmes équipes se retrouvent en finale deux années consécutives. C’est un long périple, se rendre jusqu’ici. On va donc tout faire pour faire de cette saison une année spéciale dont on pourra se rappeler pendant longtemps », promet le Brossardois.

« Nous sommes vraiment motivés »

Il y a un peu plus d’un an, Bernier s’envolait avec ses coéquipiers pour la ville d’Alajuela, au Costa Rica, avec une mission comparable à celle qu’ils ont à l’horaire aujourd’hui. L’objectif : protéger une avance de deux buts. L’enjeu : une place en finale de la Ligue des champions de la CONCACAF.

Mais Bernier trouve le parallèle boiteux. Le Costa Rica, c’était l’inconnu, l’exotisme, le cirque. Du bonus, presque. Le Toronto FC, c’est la routine, les pantoufles, mais surtout une rivalité naturelle qui rend le duel, même s’il est plus commun, encore plus significatif.

« Pour moi, c’est encore plus historique. Il y a déjà une équipe canadienne qui va accéder à la finale, on veut s’assurer que ce soit la nôtre. Pour moi, surtout que j’arrive vers la fin, c’est le genre de match que je veux vivre encore plus. Ça va être très haut dans les matchs que j’ai joués, beaucoup plus que la Ligue des champions. »

Le coach dort bien

Comme joueur, Mauro Biello a mené l’Impact à la conquête de trois championnats au cours d’une carrière de 16 ans dans l’uniforme bleu, blanc et noir. Il se retrouve aujourd’hui à deux victoires d’un quatrième et d’un premier comme entraîneur, à peine un an après avoir accédé à la tête de l’équipe.

Il admet qu’il trouve un peu plus dur sur les nerfs de préparer une équipe pour le grand jour plutôt que de s’apprêter soi-même à prendre le terrain pour un match sans lendemain.

« Quand tu joues, tu es capable d’agir sur le terrain. Comme entraîneur, tu essaies de mettre tes joueurs dans les meilleures conditions possible pour réussir, mais dès que le match commence, tu n’es plus en contrôle et ça, ça devient stressant », a comparé l’ancien attaquant.

« Mais je dors bien, a-t-il tenu à rassurer. Je ne peux pas dire que je dors aussi bien qu’à l’époque où je jouais, mais je dors! »