MONTRÉAL – Olivier Renard a finalement eu besoin d’une dizaine de jours pour rayer les noms qu’il avait inscrits sur sa liste de remplaçants potentiels à Thierry Henry. Les rayer tous jusqu’à ce qu’il en reste un seul, évidemment.

Après avoir étudié des candidatures venant autant d’Europe que d’Amérique du Nord, son choix s’est arrêté sur Wilfried Nancy. Celui qui a accédé à la première équipe de l’Impact comme adjoint à Mauro Biello en 2016 est devenu lundi le huitième entraîneur-chef de l’histoire du club, aujourd’hui nommé Club de Foot Montréal, en MLS.

« Il ne faut pas toujours chercher très loin pour trouver de la qualité », a dit Renard en présentant le fruit de ses démarches.  

Le directeur sportif prétend que « pas plus que cinq personnes » ont été sérieusement considérées pour le poste laissé vacant par le départ d’Henry à la fin février.  

« Will a toujours été une personne qui était tout en haut de la liste pour nous, mais j’étais aussi obligé de regarder autour pour voir ce qui pouvait se passer. On a une grande confiance en lui et on le démontre en lui confiant le poste d’entraîneur principal. »

Nancy se sentait prêt pour le poste

C’est la première fois que Nancy, 43 ans, se retrouve à la tête d’une équipe professionnelle. Son vécu comme entraîneur-chef se résume à ses expériences auprès des équipes U16, U18 et U21 de l’Impact entre 2011 et 2015.

« Est-ce que Will avait les meilleurs papiers pour être coach? Non, parce que tout le monde sait bien qu’il n’a pas l’expérience d’être coach principal, a admis Renard. Mais c’est peut-être l’un des seuls petits points négatifs. Et la chance que nous avons dans ce choix, c’est qu’il est un enfant du club et on connaît ses qualités. »

« C’est vrai que c’est ma première expérience en tant qu’entraîneur-chef, mais j’ai beaucoup d’expérience aussi dans ce domaine, a plaidé Nancy. J’ai été joueur en France, je sais comment ça se passe. Mais tout a été clair dès le début. Si le club avait décidé d’aller dans une autre direction, ça serait mentir de dire que j’aurais sauté de joie, mais j’aurais compris la décision. Ça n’aurait pas été mon moment. »

En réponse posée à un confrère anglophone, Renard a raconté que Nancy avait pris l’initiative d’aller cogner à la porte de son bureau pour lui indiquer clairement qu’il était intéressé par le poste. « Quand quelqu’un fait ces premiers pas, que vous pouvez voir cette volonté dans ses yeux, il gagne des points », a-t-il dit.

Nancy a été moins loquace sur les détails de cette rencontre. Pour lui, les graines de son intérêt avaient été semées bien avant le début du processus qui s’est enclenché dans les derniers jours.

« L’année dernière, on avait échangé déjà. Il avait vu ma vision, on avait discuté quand j’avais su que Thierry allait arriver. Quand Thierry est parti ensuite, les choses naturelles sont arrivées, on s’est rencontrés, on a échangé. À force d’écoute et de réflexion, on est arrivés à cette décision. »

Un contrat d’un an

Le CF Montréal ne s’est pas engagé à long terme avec son nouvel entraîneur. Nancy a signé un contrat d’un an seulement accompagné de « plusieurs options ».

« C’est une nouvelle chose pour lui et [une occasion] pour nous aussi de le voir dans une autre position, a répondu Renard pour justifier ce conservatisme. Mais ce qu’il faut savoir, et c’est important de le dire, c’est qu’il n’a absolument pas le couteau sous la gorge pour obtenir des résultats directement. Je suis conscient de l’arrivée de beaucoup de nouveaux joueurs, de l’équipe qui est jeune et de la réalité de ne pas être à Montréal pour les prochaines semaines. »

« Il n’y a pas de mon côté de deadline ou [d’exigence] de devoir faire les séries. Évidemment, on veut les faire, il veut les faire aussi, mais il n’y a pas de pression de ce côté-là », a précisé le patron.

« Je me mets à la place du club, je comprends pourquoi on ne m’a donné qu’un an, a réagi Nancy, bon joueur. Pour moi, ce n’est pas un problème. Ce qui m’intéresse véritablement, c’est le projet qu’Olivier Renard est en train de mettre en place. »

« Oui, il y a les playoffs à faire, mais ce qui est important, c’est de voir de la progression au niveau des joueurs. J’ai des idées, je sais où je veux aller. Aujourd’hui, on parle de cette année de contrat, mais ce qui m’intéresse, c’est d’avancer et de voir ce que je serai capable d’avoir dans le futur. »

Le poste d’adjoint qu’occupait Nancy avant d’obtenir sa promotion ne sera pas comblé à court terme. C’est donc dire que Kwame Ampadu, Laurent Ciman, Rémy Vercoutre (gardiens) et le préparateur physique Jules Gueguen complèteront le personnel d’entraîneurs du CF Montréal jusqu’à nouvel ordre.

« Je vais réfléchir un peu par rapport à la situation, a dit Nancy. Un adjoint, c’est quelqu’un de très important. J’en étais un jusqu’à il n’y a pas si longtemps. Je vais prendre mon temps, je vais analyser plein de choses. Pour l’instant, je suis content du staff en place. Avec Olivier, on a dit qu’on n’allait pas stresser. Si j’ai besoin, bien sûr je le prendrai. Si je n’en n’ai pas besoin, je n’en prendrai pas. »