MONTRÉAL – Trois entraîneurs ont été congédiés depuis que Wilfried Nancy s’est joint à la première équipe de l’Impact de Montréal, aujourd’hui connu sous le nom de CF Montréal. À chaque fois, sa candidature a été ignorée quand est venu le temps de leur trouver un successeur.

« Oui, à certains moments, je pensais que j’aurais pu être une personne qui pourrait prendre l’équipe, a admis Nancy mardi. Mais si ça n’a pas été fait, il y avait des raisons. Je ne suis pas quelqu’un qui vit dans le passé, je préfère voir devant. Le jour où ça arrivera, ça arrivera. »

Ce jour, il pourrait bien être arrivé. Nancy assure l’intérim à la barre du CF Montréal depuis que Thierry Henry a renoncé, pour des raisons personnelles, au poste d’entraîneur-chef qu’il s’était vu confier en 2020. La semaine dernière, le directeur sportif Olivier Renard avait affirmé avoir « plusieurs noms en tête » pour partir à la recherche d’un remplaçant. Il avait ajouté qu’il ne brusquerait rien et que malgré l’imminence du début de la saison, il prendrait son temps afin de « choisir la meilleure personne possible ».

Nancy, qui a aussi travaillé pendant cinq ans au sein de l’Académie de l’Impact, se sent prêt pour cette nouvelle étape dans sa carrière.

« Être un adjoint pendant toutes ces années, ça a été une bonne formation pour moi, a dit celui qui a épaulé tour à tour Mauro Biello, Rémi Garde, Wilmer Cabrera et Henry. Le fait que j’aie déjà pu côtoyer plusieurs entraîneurs différents avec des personnalités et des visions distinctes, ça a été un véritable cadeau. Peut-être que je serai de retour dans les mêmes fonctions et peut-être que ça sera pour le mieux. Mais aujourd’hui, je sais ce que je veux, je sais quelle direction je veux donner à ce club. »

« Attention, je ne dis pas que je serai l’entraîneur bientôt, a précisé Nancy. Peut-être que ça sera le cas, peut-être que ça sera pour plus tard, je ne le sais pas. Je suis très à l’aise avec ma position et tout est clair avec le club. Mais je suis impatient de diriger un jour cette équipe parce que pour moi, c’est la suite logique de mon cheminement. »

Ce qui suit n’est que spéculation, mais plus le temps passe et plus il apparaît probable que le CF Montréal restera à l’interne pour répondre au départ imprévu de son célèbre entraîneur.

Chacun leur tour au cours des derniers jours, Laurent Ciman et Samuel Piette ont publiquement exprimé leur support envers Nancy. Leurs paroles ne doivent pas être prises à la légère : l’un vient de faire son entrée dans le staff dans un rôle d’entraîneur-adjoint tandis que l’autre devrait logiquement hériter en permanence du brassard de capitaine en 2021.

Le moment choisi pour officialiser l’arrivée de Ciman est d'ailleurs un autre élément qui semble pointer vers la promotion de Nancy. En effet, pourquoi précipiter l’embauche d’un adjoint pour ensuite l’imposer à un nouvel entraîneur avec lequel il n’a aucune familiarité? « Le coach qui va arriver va devoir vivre avec ça », a pourtant tranché Renard en commentant le retour de Ciman à Montréal.

Aussi, des similitudes frappantes se sont dégagées entre les propos de Nancy mardi et ceux qu’avait tenus son patron lors de sa plus récente sortie.

« Avec les personnes que je vais rencontrer, j’insisterai surtout sur la continuation d’une philosophie de jeu, avait déclaré le directeur sportif. C’est à moi de trouver quelqu’un qui a les mêmes idées footballistiques. Ça va être le point majeur pour moi. »

Ces paroles ont rejoué en écho lorsque Nancy s’est fait demander si le début du camp d’entraînement s’inscrivait dans la continuité de ce qui se préparait déjà quand Henry faisait toujours partie du projet.

« C’est sûr qu’il y a une continuité avec Thierry, a-t-il répondu. J’ai passé énormément de bon temps avec Thierry étant donné qu’on avait beaucoup de discussions sur le football, sur l’aspect du terrain. Avec son accord, on a pu avoir un peu plus de liberté l’année dernière quand il était ici. On a pu échanger, s’exprimer. Donc ce que vous avez vu l’année dernière avec Thierry, ce sont des valeurs et des choses qui me parlent, je vais dans cette direction-là. Maintenant bien sûr chaque entraîneur à des spécificités et moi, je peux apporter [les miennes]. Mais c’est sûr qu’il y a une continuité par rapport à ce qui a été mis en place parce que c’est le football que je prône. »

Finalement, Nancy a laissé filtrer un autre indice de la grande compatibilité de ses idées avec celles de Renard lorsqu’il a décrit le groupe qu’il aimerait mettre sur le terrain comme une équipe « proactive et dynamique qui serait tout autant agressive avec le ballon qu’à la perte du ballon. »

« Cette année, on est content parce qu’au niveau de la vision du club, on a des joueurs qui sont beaucoup plus jeunes et donc capables de répéter les efforts à haute intensité. Du coup, ça va nous permettre de mettre en place notre vision », a clamé le chef intérimaire.

Contrairement à un nouvel entraîneur qui débarquerait dans un environnement inconnu, Nancy a le luxe d’avoir un peu de temps devant lui. Le camp d’entraînement qui vient de s’amorcer au Complexe sportif Marie-Victorin s’étirera sur sept semaines. La préparation s’est mise en branle avec un effectif partiel qui sera complété dans quelques jours avec l’arrivée d’une deuxième vague de joueurs. Le but est de pouvoir former un groupe homogène au sein duquel tout le monde sera sur un pied d’égalité à partir de la troisième semaine.  

« On a tout le temps de s’ajuster. Pour l’instant tout est sous contrôle », assure Nancy.