MONTRÉAL – À cinq reprises durant la dizaine de minutes qu’a duré son point de presse après la défaite de l’Impact aux mains de D.C. United, l’entraîneur-chef Wilmer Cabrera a fait allusion à la fatigue qui avait handicapé ses joueurs au cours de ce troisième match qu’ils venaient de disputer en l’espace de huit jours.

 

« C’était notre huitième match en un mois. C’est beaucoup », calculait avec justesse le stratège colombien.

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De façon prévisible, les joueurs de l’Impact ont effectivement peiné à suivre la parade samedi contre des visiteurs qui n’avaient pas joué depuis une semaine. Ce qui s’explique plus difficilement, ce sont les moyens qui ont été proposés par l’entraîneur afin de minimiser les effets de ce déséquilibre.

 

D’abord, Cabrera n’a apporté aucune modification à l’alignement de départ qu’il avait envoyé sur le terrain trois jours plus tôt contre les Whitecaps de Vancouver. Malgré une  ligne arrière amochée, un milieu de terrain fragile et un manque d’explosivité sur les ailes, Zachary Brault-Guillard, Jorge Corrales, Shamit Shome et Ballou Tabla ont tous amorcé le match sur le banc.

 

Cabrera a été tout aussi conservateur dans sa gestion de la partie. Même quand son équipe a encaissé un troisième but à la 32e minute, jamais l’entraîneur n’a fait signe à ses réservistes d’aller se mettre à l’échauffement. Au retour du vestiaire, après une première demie catastrophique, les onze titulaires ont trotté vers le milieu du terrain pour débuter la deuxième période.

 

Il a fallu attendre à la 72e minute pour voir le banc de l’Impact signaler une substitution au quatrième officiel. Le match était à ce moment plié depuis longtemps.

 

« Les gars essayaient, ils poussaient et je voulais les voir se battre, a justifié Cabrera dans son bilan d’après-match. Je voulais donner aux joueurs qui avaient débuté le match la chance de trouver les solutions parce qu’au final, ce sont nos gros canons. Ballou essaie de gagner du temps de jeu et on voulait lui en donner, mais je sentais qu’il y avait une opportunité pour moi de montrer à nos titulaires un peu de support en deuxième demie. »

 

« J’aurais pu faire des changements à la mi-temps, mais je ne voulais ni exposer, ni blâmer qui que ce soit, a enchaîné Cabrera. Le seul qui pourrait être blâmé, ici, c’est moi. Mais je voulais donner l’opportunité aux gars de changer le match et ils ont essayé. Ils ont fait une bonne poussée. »

 

Daniel Lovitz, qui avait mis l’accent la veille sur l’importance pour ses coéquipiers et lui de vider complètement le réservoir en sachant qu’une semaine de congé suivrait le match contre D.C., ne voulait pas utiliser l’excuse de la fatigue après la défaite.

 

« On ne peut pas dire qu’on est fatigué quand un match est si important. Si tu l’es, tu dois tout donner jusqu’à ce qu’il ne te reste absolument plus rien et ensuite, tu te fais remplacer. Mais tu ne peux pas appuyer sur le frein et offrir de demi-mesure sous prétexte que tu es fatigué. Bien sûr, les minutes que nous avons accumulées au compteur cette semaine sont bien réelles, je ne le nie pas. Mais ça ne devrait pas avoir d’importance. Dans une semaine comme celle-là, il faut mettre ses culottes et faire ce qu’on a à faire. On ne peut pas se permette de prendre des matchs à la légère. Alors je comprends la théorie de la fatigue, mais je ne veux pas l’entendre. »

 

« Trois matchs en huit jours, c’est beaucoup, mais ce n’est pas un fait derrière lequel on peut se réfugier, a fait écho Jukka Raitala. On est des sportifs de haut niveau et on doit être capable de livrer des résultats quand c’est le temps de le faire. Ce soir, ce n’était pas assez bon. »

 

« Je ne veux pas utiliser ça comme excuse, mais au niveau de la fraîcheur physique, je pense qu’il y avait une différence ce soir, a remarqué Bacary Sagna. Dans l’entame du match, tout au long du match, on avait un peu un manque de pep. Mais ce n’est pas une excuse. Les trois buts [qu’on a encaissés] étaient évitables. »

 

Lovitz et Raitala sont deux des quatre joueurs de l’Impact qui passeront la semaine de congé avec leur équipe nationale. Les autres pourront non seulement profiter de la trêve pour reprendre leur souffle, mais ils auront aussi l’opportunité d’être exposés aux principes de jeu que Wilmer Cabrera a l’intention d’instaurer avant le prochain match de l’équipe le 14 septembre contre le FC Cincinnati. 

« J’attendais avec impatience cette pause afin d’avoir la chance de travailler avec eux, de leur faire part des idées que j’ai à proposer. C’est le genre de choses qu’on peut seulement faire sur le terrain. Depuis que je suis arrivé, je parle beaucoup aux joueurs, je tente de les motiver, tout passe par la communication. À partir de maintenant, j’aurai le temps de travailler concrètement sur le terrain avec eux, en espérant qu’on puisse en tirer des bénéfices. »