MONTRÉAL – Comme plusieurs des joueurs qu’il a pris sous son aile au cours des derniers mois, Wilmer Cabrera n’a aucune idée de ce que l’avenir lui réserve maintenant que la saison 2019 de l’Impact est officiellement terminée. Mais l’entraîneur-chef colombien croit avoir laissé une belle carte de visite au nouveau directeur sportif Olivier Renard, qui devra décider de son sort au cours des prochaines semaines.  

 

« La façon dont on a joué au cours des cinq derniers matchs reflète exactement ce que je voulais instaurer en arrivant ici, a fièrement observé Cabrera après la victoire de 3-0 de l’Impact contre les Red Bulls de New York dimanche. Ça a pris un certain temps avant d’y arriver, ce qui est normal, mais on a grandi en tant que groupe, on a fini par connecter. J’avais une idée à proposer et les joueurs commençaient à la saisir. »

 

Au cours de la période mise en exergue par Cabrera, l’Impact a balayé sa série de deux matchs contre Toronto FC pour mettre la main sur la Coupe des Voyageurs et son billet pour la Ligue des champions de la CONCACAF. Il a entretemps subi une défaite de 2-1 sur le terrain du Galaxy de L.A., mais a terminé sa saison avec un match nul contre Atlanta et un blanchissage contre New York, deux équipes qualifiées pour les matchs éliminatoires dans l’Est.

 

« On a gagné et ce n’est pas parce qu’on a été chanceux », a pris soin de souligner Cabrera, qui a fait jouer la plupart de ses réguliers dimanche même si le match était dénué d’enjeu.

 

Au final, l’Impact aura présenté un dossier de 2-4-1 sous les ordres de Cabrera, qui a été appelé à succéder d’urgence à Rémi Garde après le congédiement de ce dernier à la fin août. Le pilote de 52 ans venait lui-même d’être congédié par le Dynamo de Houston lorsqu’il a accepté la mission de sauvetage qui lui a été proposée par le président Kevin Gilmore.

 

« La décision de venir ici a été très positive pour moi, jugeait-il en rétrospective. C’était un risque, bien sûr. La suite pourrait être positive, elle pourrait être négative. Mais on ne peut pas profiter pleinement de la vie si on ne prend pas de risque. J’ai aimé découvrir le Québec et la ville de Montréal, son climat et ses problèmes de circulation! Je suis reconnaissant de l’opportunité qui m’a été offerte. »

 

« Les joueurs ont été fantastiques, très professionnels, a-t-il poursuivi. Ce n’est pas évident d’accepter quelqu’un qui vient briser vos habitudes en plein milieu de saison. Mais ils ont été bons. »

 

Saphir Taïder a rendu les fleurs à Cabrera et s’est montré ouvert à reprendre la relation au retour du long congé.

 

« Je pense qu’il a fait ce qu’il devait faire. Il nous a permis de remporter un trophée. On a corrigé certaines choses avec lui et c’est quelqu’un de vraiment appréciable. Je ne veux pas non plus oublier le travail de l’ancien coach, Rémi Garde. Ce sont deux coaches que j’ai beaucoup apprécié, différents mais de qualité. Après, vous savez que les joueurs ne contrôlent rien, mais pourquoi pas? Je pense que la plupart des joueurs étaient contents de travailler sous ses ordres. »

 

« On verra ce qui arrivera, mais que ça soit moi ou quelqu’un d’autre, le club, lui, continuera d’avancer, a conclu Cabrera. Je l’ai dit en arrivant, les entraîneurs ne sont que des outils pour les joueurs et le club. Mais je n’ai aucun regret. »

 

Plusieurs points d’interrogation

 

De nombreux autres dossiers devront être attaqués de front par les dirigeants de l’Impact avant que ne commence la préparation pour la phase de groupe de la Ligue des champions. Après avoir raté sa qualification pour les éliminatoires pour une troisième année consécutive, l’équipe risque de montrer un visage fort différent à l’ouverture du prochain camp d’entraînement.

 

Est-ce la fin de Piatti avec l'Impact?

« C’est possible, réalise Samuel Piette. Je sais qu’il y a beaucoup de points d’interrogation avec l’arrivée du nouveau directeur sportif. Je l’ai rencontré, mais je ne connais pas sa mentalité, je ne sais pas quel genre de joueurs il aime et veut avoir dans son club. »

 

La priorité de Renard sera de régler la question entourant Ignacio Piatti. Le joueur désigné a déjà exprimé son souhait de revenir à Montréal pour écouler la dernière année de son contrat, mais l’organisation n’a jusqu’ici émis aucun signal de réciprocité.

 

Cabrera a ouvert le débat sur l’identité du gardien numéro 1 de l’organisation en donnant les deux derniers matchs de la saison MLS à Clément Diop au détriment du vétéran Evan Bush. Diop a signé un contrat de deux ans l’hiver dernier tandis que Bush vient d’écouler la première saison d’un pacte de trois ans.

 

Quatre joueurs sont arrivés à Montréal sous forme de prêt en 2019. Orji Okwonkwo semble davantage avoir le cœur au Bologne FC, qui détient aussi le droit de regard sur l’avenir de Lassi Lappalainen. Ballou Tabla, qui n’a obtenu que 127 minutes de jeu après son arrivée dans le mercato estival, est de retour sous la juridiction du FC Barcelone. Zachary Brault-Guillard, qui n’était même pas en uniforme dimanche, retourne jusqu’à nouvel ordre à l’Olympique lyonnais.

 

Le nom de Daniel Lovitz n’apparaissait pas non plus sur la feuille de match contre New York et son avenir à Montréal semble nébuleux.

 

Pour en finir avec la défense, il sera intéressant de voir l’approche que préconisera Renard avec les vétérans français Bacary Sagna et Rod Fanni, qui seront respectivement âgés de 37 et 38 ans au début de la prochaine saison.

 

Puis il y a Piette, qui avait confié en juillet avoir reçu une proposition d’entente à long terme de l’Impact. Mais les négociations ont semblé tomber au point mort par la suite et avec la quantité d’eau qui a coulé sous les ponts depuis, le milieu de terrain québécois devra prendre un numéro avant d’obtenir une poignée de main d’Olivier Renard.  

 

 « Il est au courant de ma situation, il sait que j’ai une année d’option, a précisé Piette, qui a déjà eu une rencontre exploratoire avec le nouveau patron. Je lui ai donné le numéro de mon agent, évidemment. C’était plus une rencontre pour apprendre à se connaître, avoir mes impressions sur le club. C’est évidemment un environnement nouveau pour lui. En tant que leader, c’est sûr que j’avais quelques réponses à ses questions. Mais on n’est pas rentré dans les détails. Je sais qu’il reste beaucoup de temps jusqu’à l’année prochaine. On verra bien où ça mène. »