Disputer un match en 28 jours c'est peut-être favorable pour soigner de petits bobos, mais ce n'est certainement pas avantageux pour une équipe qui lutte toujours pour sa survie. C'est pourtant la situation avec laquelle nous devons négocier mes coéquipiers et moi.

Alors qu'ils nous restent que trois matchs à disputer d'ici la fin de la campagne, neuf points nous séparent toujours du Dynamo de Houston et de la cinquième position donnant accès aux séries éliminatoires.

Le hic, c'est que nous avons encore un match de plus de joué que les équipes avec lesquelles nous bataillons. Ainsi, nous ne disputerons qu'une rencontre en l'espace de près d'un mois. Je n'ai jamais vu une ligue où l'écart entre les matchs peut être aussi grand.

En Europe, où j'ai évolué pendant plusieurs années, les équipes n'avaient rarement disputé plus de deux matchs que les autres formations. De plus, cet écart était souvent dû aux retards engendrés par des conditions climatiques peu clémentes.

Dans la MLS, c'est une autre réalité. En pleine chaleur au mois de juillet, nous avons joué six matchs en l'espace de 24 jours. À l'opposé, à deux reprises, en septembre et en octobre, nous aurons eu une pause de deux semaines sans match pour permettre aux autres équipes de rattraper le retard dans des conditions de jeu automnales et plus clémentes.

Ces équipes épargnées en début de calendrier sont-elles avantagées en fin de saison? Je ne sais pas, mais ce n'est pas normal que dans une bataille pour une place en séries les clubs impliqués n'aient pas disputé le même nombre de matchs au même moment.

C'est un peu irréaliste de constater que d'ici la fin de la campagne, on ne peut que récolter un maximum de 9 points alors que les autres équipes peuvent en ajouter 12 à leur fiche.

N'empêche, on ne se laissera pas perturber par cette situation inusitée.

Si seulement…

Si nos espoirs de se qualifier pour les séries se sont amenuisés à la suite de notre verdict nul de 0-0 face au Sporting Kansas City samedi dernier, nous sommes toujours en vie, mathématiquement du moins.

Les équipes nous devançant dans cette lutte serrée ont tout à perdre. La pression repose maintenant sur leurs épaules. Nous n'avons rien à perdre, contrairement à elles.

Frapper à la porte des séries à notre première saison malgré les attentes élevées que s'était fixé le club en début de campagne, c'est déjà inespéré.

Si ce n'est que d'un manque d'expérience dans la MLS en début de saison, qui sait où nous nous retrouverions actuellement. En bout de ligne, c'est peut-être ce qui nous coûtera une place en séries.

Dans cette ligue, les équipes n'abandonnent pas, et ce jusqu'à la toute fin d'un match. On l'a d'ailleurs vite constaté au cours des deux premiers tiers de la saison, alors que nous avons bêtement échappé une victoire ou un verdict nul dans les derniers instants d'une rencontre.

Si on avait remporté ne serait-ce que deux victoires au cours de cette période, on occuperait sans doute la cinquième et dernière place donnant accès aux séries…

Ce n'est qu'à la fin juillet et au début du mois d'août, à la suite notamment de l'arrivée de Marco Di Vaio et d'Alessandro Nesta, que l'équipe a trouvé son osmose et développé sa personnalité.

On a alors réalisé qu'on pouvait être non seulement compétitif dans cette ligue, mais aussi très bon. On est devenu une équipe redoutable dans cette ligue.

À nous maintenant de poursuivre dans la même veine et y aller à fond jusqu'à la toute dernière minute de jeu de cette saison historique, à commencer par notre duel de première importance face au Dynamo le 6 octobre prochain. Après tout, nous avons notre première place à protéger parmi les équipes canadiennes du circuit.

Pour les séries, on ne sait jamais.

Propos recueillis par Mikaël Filion