MOSCOU - Pour la première fois de son histoire, la Coupe du monde de soccer passera par le Canada.

Dans une proportion de 134 contre 65, avec vote contre les deux candidatures et des abstentions, les associations membres de la FIFA ont octroyé l'organisation de la Coupe du monde de 2026 à la candidature unifiée du Canada, des États-Unis et du Mexique, au détriment de celle du Maroc.

La Coupe du Monde, un rêve qui devient bien réel

La décision a été prise lors d'un vote tenu mercredi au congrès de la FIFA qui se déroule à Moscou.

Le gouvernement canadien s'est réjoui de cette décision qui « donnera la chance aux athlètes canadiens de disputer des matchs à domicile, en plus de permettre aux communautés de soccer du pays de prendre de l'expansion et d'inspirer la prochaine génération d'athlètes. »

Par voie de communiqué, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, dit être très heureuse de la décision de la FIFA. Elle écrit que par son rayonnement et ses retombées, le tournoi masculin de la Coupe du monde est l'un des événements sportifs les plus importants de la planète.

Steven Reid, président de l'Association canadienne de soccer, a décrit la décision du congrès comme un « privilège et un honneur extraordinaires ».

À la CONCACAF, dont le président - le Canadien Victor Montagliani - a joué un rôle instrumental dans la candidature, on a qualifié le verdict de « victoire monumentale » pour la confédération qui couvre l'Amérique du Nord, l'Amérique centrale et les Caraïbes.

« Accueillir des matchs de Coupe du Monde masculine représenterait une chance unique pour les amateurs de soccer québécois de vivre au rythme du plus grand événement sportif mondial, a déclaré Pierre Marchand, président de la Fédération québécoise de soccer, par voie de communiqué.

« En tant que membre du comité aviseur et président de la Fédération de soccer du Québec, je ferai tout en mon possible pour encourager la candidature de Montréal ».

La réaction a été tout aussi joyeuse au sud de la frontière canadienne, où Carlos Cordeiro, président de U.S. Soccer, a affirmé que le « football était l'unique victorieux ».

Dans la défaite, la délégation du Maroc, qui a subi un cinquième échec, a fait preuve de classe en félicitant le groupe nord-américain.

En 2026, 48 pays participeront au tournoi de la Coupe du monde.

Le Canada admis?

Au fil de son histoire, le Mexique a accueilli la Coupe du monde en 1970 et en 1986. Et comme l'a souligné le président Enrique Pena Nieto dans une vidéo affichée sur Twitter, le Mexique deviendra le premier pays à accueillir des matchs de la Coupe du monde en trois occasions.

Les États-Unis ont présenté l'événement planétaire en 1994.

Le Canada avait échoué dans sa seule tentative, en 1986, alors que la Colombie avait retiré sa candidature à titre de pays-hôte. Il s'agit encore de la seule année où le Canada a délégué une équipe à la Coupe du monde.

Cette décision des associations membres de la FIFA tend à indiquer que le Canada effectuera un retour sur la scène la plus prestigieuse du soccer masculin au monde. Il s'agit d'un scénario fort plausible mais qui reste encore à être confirmé.

Toutefois, avec une hausse de 32 à 48 du nombre d'équipes qui seront admises à l'édition de 2026, le fait de tripler le nombre de clubs venant des pays-hôtes ne devrait pas provoquer trop de vagues.

Les responsables de la candidature unifiée ont déjà envisagé un scénario où un match serait présenté dans chacun des trois pays en guise de coup d'envoi de la compétition.

La candidature nord-américaine actuelle prévoit que 60 des 80 matchs seront présentés aux États-Unis; le Canada et le Mexique en offriraient dix chacun. Mais rien n'est coulé dans le béton.

Au Canada, les matchs devraient être présentés dans les villes de Montréal, de Toronto et d'Edmonton. La FIFA choisira jusqu'à 16 villes-hôtesses sur les 23 ayant été incluses dans la candidature unifiée.

Présentation finale

Les représentants des deux candidatures - qui n'ont pas participé au vote électronique - ont eu le droit d'effectuer une présentation finale de 15 minutes mercredi, à commencer par la délégation nord-américaine.

Une grande nouvelle pour le soccer canadien!

Le Canada s'est tourné vers l'adolescent Alphonso Davies, une vedette des Whitecaps de Vancouver dans la MLS, pour amorcer sa présentation.

Les parents de Davies ont quitté leur demeure située à Monrovia, la capitale du Libéria, pour fuir la guerre civile. Ils ont abouti dans un camp de réfugiés au Ghana, où Davies a vue le jour.

« Ç'a été une vie difficile. Mais alors que j'avais cinq ans, un pays qui s'appelle le Canada nous a accueillis, a déclaré Davies aux membres du Congrès. Et les gars dans l'équipe de football m'ont fait sentir comme si j'étais chez moi.

« Aujourd'hui, j'ai 17 ans et je joue pour l'équipe masculine (du Canada). Et je suis un fier citoyen canadien. Et un jour, mon rêve est de participer à la Coupe du monde, peut-être même chez moi, à Edmonton. Les gens en Amérique du Nord m'ont toujours accueilli. Si on leur en donne l'opportunité, je suis sûr qu'ils vont vous accueillir. »

De son côté, Steven Reid a parlé du Canada comme d'une "nation où le football est en croissance et qui accueille fièrement les gens de tous les coins du monde".

Dans un film promotionnel, on a fait la promesse de poser du gazon naturel sur chacune des surfaces de stades « légendaires » et « ultra-modernes » déjà construits, une petite pointe en direction de la candidature du Maroc, dont les infrastructures sportives sont loin d'être complétées.

« Nous prévoyons des profits records de 11 milliards $ US », a déclaré Cordeiro, possiblement l'élément-clé du dossier de candidature nord-américain.

Quant aux représentants du Maroc, ils ont déclaré que « le coeur du pays battait au rythme du football, un pays où le football est plus qu'un sport ». Ils ont promis des profits de 5 milliards $ pour la FIFA.

Sur papier, les deux candidatures étaient séparées par des années-lumière.

Dans une évaluation de l'ampleur des risques, la candidature nord-américaine a vu 17 éléments cotés à faible risque et trois à risque moyen (coût d'organisation, le soutien des gouvernements et les questions liées aux droits de la personne et aux normes du travail).

Le Maroc a vu trois éléments de sa candidature cotés à haut risque (les stades, l'hébergement et les transports), dix à risque moyen et sept à faible risque.