MONTRÉAL – La marche entre le terrain d’entraînement et l’autobus qui devait ramener les joueurs du Los Angeles FC à leur hôtel a été ponctuée de plusieurs arrêts vendredi après-midi pour Laurent Ciman.

Entre les franches accolades avec lesquelles il a salué certains employés de l’Impact et une brève séance photos à laquelle il s’est prêté avec quelques visiteurs, Ciman s’est arrêté devant un imposant peloton de journalistes, qui le revoyaient pour la première fois depuis son départ surprise annoncé au début de l’hiver.

« Ça fait chaud au cœur, c’est certain, n’a pas caché le Belge après s’être faufilé devant les caméras. J’ai passé trois ans ici, trois bonnes années. Sur le plan personnel, fantastique. Sur le plan professionnel, il y a eu des hauts et des bas, mais je crois que ça fait partie du soccer. Je suis très content d’être ici, très ému. »

Ciman, c’est bien connu, n’avait pas digéré la manière avec laquelle son ancien club avait décidé de brûler les ponts. Au lendemain de l’échange qui l’avait envoyé à une équipe d’expansion en retour des défenseurs Raheem Edwards et Jukka Raitala, son agent avait affirmé à Radio-Canada que c’était « une véritable claque en plein visage qu’il vient de recevoir ».

À la veille de son retour sur la pelouse du Stade Saputo, le Général n’a pas voulu s’éterniser sur les circonstances houleuses de sa séparation avec le club montréalais. « Je ne sais pas et je n’ai même pas envie de le savoir », a-t-il répondu sèchement quand on lui a demandé s’il comprenait les raisons derrière la décision de l’Impact.

« Il y a eu assez de trucs autour de tout ça, avait-il expliqué plus tôt avec plus de candeur. Il y a eu des insultes autour de ma personne, de ma vie privée. Je préfère ne plus en parler, je préfère mettre ça de côté. C’est sûr que c’est un match qui sera émotif pour moi. Je serai content de revoir les supporteurs et certaines personnes. Mais je devrai mettre les émotions au vestiaire et être compétitif sur le terrain, je le serai. Je ne ferai pas de cadeau à des joueurs avec qui je m’entendais bien ou à d’autres. »

Ciman dit s’attendre à un accueil mitigé de la part des partisans qui garniront les gradins d’un stade qu’il a maintes fois fait vibrer. « Il y en a qui seront contents de me voir, d’autres pas, mais ça, ça fait partie du métier », philosophe-t-il. Il ignore si l’organisation aura osé préparer un petit clin d’œil pour souligner son retour

« Je ne m’attends à rien vis à vis de ça. Le plus important pour moi, c’est la relation que j’avais avec les supporteurs et les joueurs. Je suis quelqu’un d’honnête et j’ai toujours dit les choses en face, que ce soit aux fans, aux gens de la direction ou aux joueurs. Je n’ai rien à me reprocher, j’ai la tête tranquille. Je sais ce que j’ai fait de bien, je sais ce que j’ai fait de moins bien. Je suis un homme, j’ai mes défauts et j’essaie d’avancer avec ça. »

Le cœur à L.A., mais un œil sur Montréal

Pour l’instant, la Californie semble donner à Ciman bien peu de raisons de s’ennuyer du Québec. Un cocon familial bien installé et toujours tissé aussi serré, un avantage météo évident et, sur le terrain, une équipe qui fait beaucoup de bruit. Après cinq matchs, tous disputés sur la route, le LAFC a déjà décroché trois victoires.

Dans un groupe principalement composé de vedettes montantes sud-américaines et de vétérans établis en MLS, Ciman jouit d’un statut avantageux. Pour les débuts historiques du club, c’est à lui que l’entraîneur Bob Bradley a fait l’honneur de remettre le brassard de capitaine.

« Bob, pour moi, est comme un père. Il me parle beaucoup, il me dit ce que je fais de bien et ce que je dois améliorer. Il sait comment je joue, comment j’aime jouer et il apprécie. Ça aussi, ça compte pour beaucoup dans la transaction. Ça fait plaisir de se sentir apprécié à sa juste valeur. »

Mais même à des milliers de kilomètres de la métropole qui l’avait adopté, Ciman continue de suivre l’actualité québécoise. L’Impact qu’il affrontera samedi n’est plus le même que celui qu’il a quitté, mais ses informations sont à jour.

« Il ne faut surtout pas sous-estimer cette équipe. Elle compte sur un des meilleurs attaquants de la Ligue et elle s’est bien renforcée. Je connais tous les joueurs, ceux qui sont arrivés ont des qualités. Quand je vois le coup franc que Vargas a mis la semaine dernière, quand je vois Silva qui vient d’arriver. Diallo, le pauvre, il n’a pas pu prouver ce qu’il valait, mais je pense que c’est un bon joueur. Ils ont amené Fanni qui est un joueur de classe internationale. Victor qui est derrière. Lovitz et Duvall, ce sont des soldats, Piette aussi. Ils ont une équipe solide et nous aussi on a une bonne équipe, donc ça sera un bon match. »

Ciman a réservé ses plus beaux compliments pour Ignacio Piatti, qui aura l’occasion samedi d’ajouter le Belge à la liste des défenseurs dont il s’est moqué depuis son arrivée en MLS.

« Si je devais en prendre un dans mon équipe, ça serait lui, pas seulement pour les qualités qu’on lui connaît sur le terrain, mais aussi en dehors. C’est vraiment une grande personne. Après, c’est sûr que je le connais, mais Nacho est toujours imprévisible. Ça va être difficile de le cerner, mais on va le cerner en équipe. Pas juste en un contre un, parce qu’on sait très bien que ça, c’est impossible. »​

« Ça fait chaud au coeur »
Quel sera l'accueil pour Ciman?