Loin de moi l'idée de jeter un regard complaisant sur la situation actuelle, mais je dois avouer que le contexte dans lequel nous entreprenons le dernier droit de la saison est à des années lumières des attentes que j'entretenais quand j'ai pris la décision de rentrer au bercail pour porter de nouveau les couleurs de l'Impact.

Notre petite équipe d'expansion a fait bien du chemin depuis qu'elle a pris le terrain pour la première fois au mois de mars. Avec sept matchs à jouer au calendrier, nos performances n'ont jamais été aussi solides, les résultats qui en découlent nous permettent de rêver à une place en séries et nous avons la chance de jouer nos parties locales dans un stade bondé.

Il faut se rendre à l'évidence, le hot ticket de l'été à Montréal, c'est une place à un match de l'Impact. La ville a tourné soccer, tellement que les amateurs de sports suivent même les résultats des équipes avec qui nous luttons pour surveiller nos progrès au classement. Ça ressemble un peu à une fin de saison du Canadien quand il se bat pour le huitième rang de son association. En soi, c'est déjà une petite victoire pour l'organisation.

L'amateur de sport qui n'était peut-être pas branché sur l'Impact au printemps l'est devenu. Les gens vont au stade une première fois pour essayer, apprécient leur expérience et veulent la répéter. Je le sens bien dans mon contact avec les partisans. Au début de l'année, les gens venaient me saluer, certes, mais c'est beaucoup plus fréquent ces jours-ci. Partout où je vais, je sens les regards me suivre. Le monde vient m'offrir un bon commentaire, un mot d'encouragement. Je sens que la communauté est vraiment derrière nous.

Je me répète, mais c'est plus que ce à quoi je m'attendais. Non seulement j'étais conscient qu'une année d'expansion est généralement un processus assez pénible pour une équipe professionnelle, mais je n'avais pas oublié l'état dans laquelle j'avais laissé le soccer professionnel montréalais quand j'avais pris la décision de m'exiler en Europe. En prenant en considération les raisons pour lesquelles j'étais parti, si on m'avait dit que les choses allaient se dérouler ainsi aussi rapidement à mon retour, je ne l'aurais pas cru.

Je ne dis pas que l'Impact est maintenant assis sur des fondations inébranlables pour des décennies à venir et que le soccer a supplanté le hockey dans le cœur des amateurs de sports québécois, mais pour une première année, c'est excellent. Ça pourrait encore être mieux au niveau des statistiques, mais ça demeure très positif jusqu'à présent.

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Personnellement, je qualifie encore « d'irréelles » nos chances de participer aux séries. En jetant un coup d'œil rapide au classement, c'est vrai que nous avons l'air au cœur de la course aux éliminatoires, mais tant et aussi longtemps que les clubs qui nous entourent n'auront pas joué ces fameux matchs en mains qu'ils possèdent sur nous, on ne saura pas vraiment où on se situe au classement.

C'est pourquoi présentement, même si je continue de suivre ce qui se passe dans la Ligue, je me concentre surtout sur ce que nous pouvons accomplir pour faire de cette fin de saison un succès. Après tout, même si nos adversaires ont un certain avantage sur nous, nous contrôlons tout de même une partie de notre destin. Sept matchs, c'est un potentiel de 21 points à ajouter à notre récolte, sans compter que nous affronterons uniquement des rivaux de la section Est à qui nous pourrons couper l'herbe sous le pied par la même occasion.

L'objectif, c'est de mettre de la pression sur les équipes qui bataillent avec nous, que ce soit le D.C. United, le Crew de Columbus ou l'Union de Philadelphie. Il faut qu'on passe notre message, qu'on leur fasse comprendre que leurs matchs en mains, elles devront tous les gagner pour espérer nous doubler. Il faut qu'on rende la situation un peu moins confortable pour elles. Je joue au soccer depuis assez longtemps pour savoir que rien n'est encore joué.

Une attaque que nous pouvons contenir

Notre prochain match, samedi à Montréal, est justement contre le D.C. United, qui occupe présentement la dernière place donnant accès aux séries avec une priorité de quatre points et trois matchs en mains sur nous. Il s'agira de notre troisième rencontre avec l'équipe de la capitale américaine, avec qui nous avons fait match nul en avril mais qui nous a battu 3-0 à la fin juin.

Si vous ne connaissez pas encore Dwayne De Rosario, vous risquez de faire sa connaissance si vous venez assister au match. Dwayne, un joueur canadien, est l'une des figures de proue de notre ligue. Très explosif en attaque, il domine le circuit avec onze mentions d'aide et totalise également six buts. Il faudra assurément le surveiller de près, mais le United compte sur plusieurs autres atouts.

Gardez à l'œil le Brésilien Maicon Santos, un gaucher qui possède toute une frappe de son pied fort. Chris Pontius, sur l'aile gauche, a aussi beaucoup de flair pour aller chercher le gros but. Voilà trois joueurs qui peuvent vous faire payer cher pour une erreur d'inattention dans votre territoire.

Notre récent rendement en défensive me permet toutefois d'envisager le match avec le plein de confiance. Depuis le début de notre série de quatre victoires, nous n'avons concédé que deux petits buts, résultat d'une nette amélioration de notre jeu sur les séquences arrêtées.

Nesta, Matteo Ferrari et Nelson Rivas sont venus renforcer la défensive et même si les blessures et les suspensions ont souvent empêché le groupe de travailler ensemble, les remplaçants comme Jeb Brovsky, Hassoun Camara et Dennis Iapichino ont redoublé d'efforts pour que ces absences passent sous silence. Dernièrement, l'osmose de l'équipe est bien en place dans les trois portions du terrain.

Tout est également au beau fixe devant le filet. Notre nouveau gardien, Troy Perkins, s'est bien intégré au groupe et cadre parfaitement dans notre équipe. Il a rapidement trouvé ses automatismes et se veut très rassurant dans sa surface. Il parle beaucoup, une belle qualité pour un gardien au soccer. Quand il a eu à faire des sorties ou des gros arrêts, il l'a fait. Ça ne fait que renforcer le lien de confiance qui est encore tout jeune avec ses défenseurs.

Bref, s'il y avait un moment idéal pour affronter une puissance offensive comme le D.C. United, ce serait maintenant. Nous sommes prêts!

Un Occéan à suivre de l'autre côté de l'Atlantique

Je trouve important de profiter de cette tribune pour souligner le moment historique que s'apprête à vivre le soccer québécois. Samedi, Olivier Occéan, qui a grandi à Brossard, deviendra le premier joueur d'ici à jouer un match dans une équipe de première division de l'un des grands championnats européens. Olivier portera les couleurs du Eintracht Francfort, qui débutera sa saison dans la Bundesliga, en Allemagne.

Pour moi, grand partisan du FC Barcelone devant l'éternel, le début des championnats européens est un moment de pur bonheur. Lorsque j'évoluais en Europe, je profitais pleinement de la chance de pouvoir regarder les matchs des différentes ligues, même les plus petites comme celles des Pays-Bas ou de la Belgique, à la télévision.

Je suis aussi un amateur de football américain. J'ai grandi en regardant les matchs du dimanche et du lundi soir. Plus jeune, j'aimais bien les Cowboys de Dallas, mais aujourd'hui, j'avoue avoir un faible pour Michael Vick et les Eagles de Philadelphie. Le fait qu'il ait pu revenir en force après tout ce qui lui est arrivé m'impressionne. J'aime aussi beaucoup son receveur DeSean Jackson, avec qui il forme un duo explosif.

Mais sans être vendu à une seule équipe, j'aime bien observer les aspects tactiques du sport et les qualités athlétiques des joueurs.

Même lorsque je jouais sur le Vieux Continent, je me débrouillais pour écouter les matchs de la NFL. Les Danois, ne me demandez pas pourquoi, adorent le football américain. Avec le décalage horaire, je pouvais toujours écouter le premier match de la journée en soirée. Certains de mes coéquipiers danois étaient maniaques de NFL depuis leur tout jeune âge et étaient toujours partants pour écouter les parties avec moi.

Le seul match de football américain auquel j'ai assisté demeure une rencontre de la vieille Machine de Montréal. Je n'ai jamais assisté à un match de la NFL et c'est certainement quelque chose que j'aimerais faire bientôt. Peut-être dans la saison morte, si notre saison se termine prématurément.

Pour l'instant, ce n'est pas dans mes plans.

À la semaine prochaine!

*Propos recueillis par Nicolas Landry.