MONTRÉAL – Dans les rares occasions qu’il a eues de briller durant son passage à l’Impact de Montréal, David Choinière a donné un aperçu de ce qu’il pouvait faire lorsque la chaleur des projecteurs s’intensifiait.

Le moment le plus mémorable de sa brève carrière en bleu-blanc-noir est peut-être survenu à l’été 2016. Dans un match amical contre l’A.S. Roma, Choinière, qui n’était alors âgé que de 19 ans, avait mis un tir sur le poteau et avait été de façon générale l’un des jeunes joueurs montréalais les plus en vue face à la puissante formation italienne. L’année suivante, l’Académicien avait marqué son premier but chez les professionnels dans un match du Championnat canadien contre les Whitecaps de Vancouver.

Depuis son départ de Montréal il y a deux ans, le natif de Saint-Alexandre a continué de répondre présent dans les rendez-vous importants. L’an dernier, à sa première saison avec le Forge FC de Hamilton en Première ligue canadienne, il a fourni une passe décisive sur les deux buts des siens dans leur bref parcours en Championnat canadien. Il a aussi marqué l’unique but du match décisif de la finale de la CPL en plus de toucher la cible à deux reprises dans des rencontres de la Ligue de la CONCACAF, une compétition panaméricaine donnant accès à la Ligue des champions.

Bien des choses ont changé en 2020, mais Choinière n’a rien perdu de sa capacité à influencer l’issue des matchs importants. Pour souligner le retour du Forge dans la Ligue de la CONCACAF, il a marqué le premier but des siens dans une victoire de 2-1 au Honduras en octobre. Deux semaines plus tard, il a préparé de brillante façon celui de son coéquipier Mo Babouli dans un autre gain de 2-1, cette fois au Panama.

« La Ligue des champions, ça serait historique pour nous »

« Quand je me prépare pour un match, je me prépare tout le temps de la même façon et j’essaie de faire de mon mieux. Si j’arrive à marquer, que ça soit un petit match ou un gros match, ça n’a aucune importance pour moi, assurait Choinière en fin de semaine dans une discussion avec RDS. Pourquoi j’ai un peu plus de réussite dans les gros matchs? Même moi je ne le sais pas! Mais oui, c’est flatteur quand j’entends des choses comme ça. »

Choinière aura la chance d’ajouter une couche à sa réputation ce soir alors que le Forge affrontera en République dominicaine le club haïtien Arcahaie FC. Une victoire dans ce quart-de-finale permettrait à son équipe d’attendre l’objectif qui lui avait échappé l’an dernier, soit d'obtenir leur billet pour une participation à la Ligue des champions en 2021.

« [L’an passé], on a réalisé que ce n’était pas évident de venir dans des pays comme le Honduras et le Salvador et y gagner des matchs. On s’est prouvé à nous-même qu’on était capable de le faire. Ça c’était très gros. Une fois que tu arrives à battre des équipes au Panama - Tauro est une très grosse équipe dans la CONCACAF - ça donne de la confiance au groupe et on est prêt pour le prochain match. »

« Je n’avais plus de confiance à Montréal »

En rétrospective, Choinière peut dire qu’il n’aurait pu mieux tomber lorsqu’il a décidé, à l’hiver 2019, de couper le cordon qui le retenait à son club formateur. À Hamilton, où l’attendait son ancien coéquipier Kyle Bekker et où il retrouverait éventuellement Maxim Tissot, il s’est joint à l’une des meilleures équipes du nouveau circuit professionnel canadien. Le Forge a remporté le premier championnat de l’histoire de la CPL, un titre qu’il a défendu cette année dans le contexte particulier lié à la pandémie.

Mais la sortie du cocon n’a pas été simple. Avant de partir de Montréal, Choinière n’avait jamais joué ailleurs que sur l’aile gauche, où il avait développé l’habitude de couper vers le centre du terrain afin d’utiliser la force et la précision de son pied fort. L’entraîneur Bobby Smyrniotis l’a tout de suite converti en ailier droit, un déplacement qui a nécessité humilité et adaptation.  

« J’ai eu mes moments hauts et mes bas à ma première saison. C’est plus moi qui étais à blâmer parce que je n’étais pas constant l’année passée. Donc c’était normal pour moi, même si des fois c’était difficile à accepter, que le coach fasse tourner l’effectif. Mais cette année, je suis arrivé avec une bonne mentalité au camp, une bonne mentalité au tournoi et je crois que ça fait toute la différence. »

« Honnêtement, je ne savais pas à quoi m’attendre »

Choinière a participé à tous les matchs de son équipe cette saison, accumulant près de 600 minutes de jeu seulement dans le tournoi de relance de la CPL. C’est parce qu’il ne croyait pas pouvoir obtenir cette opportunité à Montréal qu’il avait décidé de quitter même si l’Impact lui avait présenté l’option de continuer.

« C’était une décision longuement réfléchie. Il y avait du positif et du négatif à partir de Montréal. J’ai passé un peu plus de deux ans à Montréal, ça n’a pas toujours été facile, j’ai eu beaucoup de blessures. Je voulais un nouveau départ. Je n’avais plus de confiance à Montréal et même s’ils m’offraient un contrat, j‘avais l’impression que je n’allais pas jouer beaucoup. Et j’ai pris cette décision-là basée sur le temps de jeu, sur une continuité. Je voulais jouer. C’était mon but principal et je savais qu’en venant à Hamilton, j’aurais la chance de jouer, d’avoir de la constance durant la saison. »

Choinière a jusqu’ici obtenu tout ce qu’il était venu chercher à Hamilton, mais il n’est pas prêt à dire qu’il a gagné son pari.

« Ce qui va me dire si c’était un bon move, c’est si je réussis à passer dans une ligue supérieure », admet ouvertement celui qui écoule présentement la dernière année de son contrat.

« Le but principal en venant ici, c’était de remonter dans une plus grosse ligue. Donc si la chance se présente de revenir en MLS ou de partir ailleurs, c’est sûr que je vais l’accepter. Mais j’ai encore des étapes à franchir au niveau personnel avant de revenir en MLS. S’il faut que je reste ici encore quelques années pour faire le saut et être performant, c’est ce que je vais faire. »