COLLABORATION SPÉCIALE

 

On dit souvent que le sport est une école de vie.

 

Ce n’est pas pour rien que cette phrase a atteint le statut de cliché. Les mondes professionnels et amateurs du soccer québécois nous en ont offert des exemples probants au cours de la dernière semaine.

 

Question

 

À peu près tout le monde a vu passer la vidéo.

Un grand-père d’une équipe U14 qui se rend sur le terrain pour agresser un jeune arbitre assistant. Dans un premier temps, il est évidemment essentiel de dénoncer. Le responsable de l’incident a d’ailleurs publié une lettre d’excuses depuis.

 

Dossier clos? Non. Ce serait se contenter d’avoir traité les symptômes sans se pencher sur la cause du problème qui va bien au-delà de cet incident et du soccer.

 

En marge de mon travail dans les médias, j’ai le plaisir d’offrir des conférences aux parents d’athlètes pour les aider à maximiser l’expérience sportive de leur enfant. Les questions qu’on se pose avant d’intervenir comme adulte me sont particulièrement chères.

 

Sans connaître l’individu, sa lettre d’excuses laisse croire que c’est une personne mature qui sait bien s’exprimer et reconnaître les répercussions de ses actes... à froid.

 

À chaud, la vidéo démontre que ces qualités peuvent s’effriter, voir disparaître. Sur le terrain (comme dans les estrades ou au bureau), quand les émotions montent, l’intelligence descend.

 

Comment éviter cet ascenseur destructeur? En posant de meilleures questions avant d’intervenir.

 

À sa plus simple expression, la plus importante d’entre elles est la suivante : que restera-t-il dans 15 ans?

 

En d’autres mots, en quoi les gestes que je m’apprête à poser aideront-ils mon enfant à être plus autonome, heureux, en maîtrise de ses émotions, travaillant, ouvert à apprendre, etc. lorsque je ne serai plus à ses côtés?

 

Par expérience, cette question change drastiquement les moments où nous choisissons d’intervenir et comment nous le faisons.

 

Sentez-vous très à l’aise de la partager à ceux qui pourraient en profiter.

 

Faire plus parler moins

 

En novembre dernier, je saluais l’absence du mot transparence lors du bilan de saison du XI montréalais.

 

Tu n’as pas besoin de parler de ta propre transparence quand tu l’es. Les autres s’en occuperont pour toi.

 

Il en va de même pour les rapprochements que le club veut créer avec ses supporters. En ce sens, ses dirigeants ont frappé dans le mille samedi dernier.

 

À mes yeux, le passage de Gabriel Gervais (son 2e en autant de matchs) et Joey Saputo au tailgate des supporters est le moment le plus important de l’année pour le CF Montréal.

 

À Loin de s’en Foot, Sydney Fowo nous faisait remarquer (à juste titre) que Saputo a partagé plusieurs moments de proximité avec les partisans dans le passé. Fut un temps où il répondait en direct aux questions des abonnés de saison lors d’événements de début et de fin d’année.

 

Un pas de plus a été franchi le week-end dernier. Un grand pas. Pour la première fois, ce n’est pas le propriétaire qui recevait les supporters chez-lui, il allait plutôt les rencontrer « chez-eux ».

 

Inestimable

 

Comparé au citoyen (supporter) moyen, Joey Saputo peut acheter à peu près tout ce qu’il veut. Malgré les entreprises, des clubs de soccer des deux côtés de l’Atlantique, les voitures et les millions, sa ressource la plus précieuse demeure son temps.

 

Voilà pourquoi sa présence pour manger des nachos avec les supporters était d’une valeur inestimable. Parce que ce genre de geste ne s’achète pas.

 

Après le match, j’ai pu discuter avec des partisans qui ont eu la chance d’échanger avec Saputo et Gervais. Ils se sont sentis vus, entendus, importants... Le fait que Joey Saputo avait une bière à la main en a marqué plusieurs. C’est comme si le propriétaire était passé de quelque chose à quelqu’un.

 

Tout ça, sans que le club ne débourse un seul dollar.

 

On peut travailler et dépenser une fortune sur des slogans, des logos et des campagnes marketing jusqu’à ce que mort s’ensuive. Au final, ce sont les actions concrètes qui feront une différence durable.

 

Si l’avant-match de samedi est annonciateur du futur, le nouveau président aura mis moins de deux mois à donner une dimension humaine à une organisation qui était devenue plus distante que jamais avec son marché.