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RÉSULTATS

Une Québécoise à la conquête du pôle Sud en solo

Caroline Côté Caroline Côté - Page Facebook de Caroline Côté
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Mise à jour

MONTRÉAL - Caroline Côté est avide de dépassement. Ultramarathonienne accomplie, réalisatrice de documentaires primée, femme investie dans la communauté, elle avait besoin de plus pour son prochain défi. Elle s'attaquera donc au pôle Sud. En solo.

La Montréalaise de 36 ans, qui gagne aussi sa vie comme guide d'aventures, veut devenir l'une des rares femmes à atteindre le pôle Sud en solo, il y en aurait sept ou huit, selon les différents sites consultés, soutient-elle, et la deuxième Canadienne, après Meagan McGrath, qui a réussi l'exploit fin 2009-début 2010.

Côté ne veut toutefois pas que franchir la distance: elle souhaite le faire en moins de 38 jours, 23 heures et 5 minutes, record établi par la Suédoise Johanna Davidson, entre novembre et décembre 2016.

« Ici aussi, au Québec, on peut vivre des expériences qui vont nous changer, mais j'ai l'impression que le pôle Sud, c'est vraiment l'apogée », a-t-elle répondu à La Presse Canadienne il y a quelques semaines, quand on lui a demandé pourquoi l'Antarctique.

« C'est la terre de l'aventure, la terre de l'expédition avec les explorateurs qui sont allés là-bas, qui ont essayé il y a des centaines d'années déjà d'explorer ce territoire-là, qui est vaste et qui est inconnu pour la majorité des hommes », a-t-elle expliqué.

« Ça allume une flamme à l'intérieur de moi. Ça me donne envie d'aller au bout de moi-même. C'est clair qu'on peut aller au bout de soi-même au Québec; mais de faire ça là-bas, en Antarctique, ça amenait un niveau de plus. C'est un endroit où on est face à nous-mêmes », a ajouté Côté.

Cette dernière, dont le plus récent documentaire, « Le Dernier Glacier », vient de remporter le Gémeau de la meilleure réalisation, prendra la route de Punta Arenas, au Chili, la semaine prochaine, d'où son périple vers l'un des sites les plus hostiles de la planète sera officiellement lancé.

Elle a passé les derniers mois à mettre la touche finale à sa préparation, autant d'un point de vue physique, mental, que logistique.

« Je reviens d'une expédition au Groenland où j'étais guide, donc ça m'a permis de m'entraîner sur un terrain qui était similaire à l'Antarctique, a-t-elle raconté. Le fait d'avoir un traîneau à tirer pendant un mois, ça m'a bien préparée, mais ce n'est pas assez.

« (Dans les dernières semaines avant le départ), ça devient stressant parce qu'on doit tout préparer. Tous les petits détails qui concernent l'équipement que je vais apporter, parler aux gens du projet, parce que c'est important pour les partenaires, toutes ces choses qui font que dans les derniers jours, dernières semaines, je n'aurai presque pas le temps de m'entraîner physiquement. »

Sa marge d'erreur est inexistante.

« On ne peut pas faire d'erreur et c'est complexe, parce que chaque petit détail dans mon quotidien, jour après jour, quand je vais avancer là-bas, je vais être seule pour les affronter. Je ne pourrai jamais dire si je ne réussis pas que c'est de la faute de quelqu'un d'autre », a-t-elle mentionné.

« Non, ça va être vraiment moi qui vais être mise à l'épreuve, seule pendant aussi longtemps, avec le soleil qui tourne autour de moi jour et nuit. Mais j'avais envie de ça: j'avais envie de me retrouver seule, pour voir comment je vais réagir », a poursuivi Côté.

Elle sera seule pour réaliser l'exploit, mais ne sera tout de même pas laissée à elle-même.

« Il y a un météorologiste norvégien qui va m'accompagner là-dedans à distance, qui va me donner la météo. Il y a aussi un camp de base, Union Glacier. C'est un endroit où il y a des médecins et toute une équipe prête à nous aider », a-t-elle évoqué.

« Chaque jour, je vais devoir leur communiquer ma position. Ainsi, eux vont suivre vraiment exactement où je suis rendue chaque jour. Si vraiment là je décide que je ne peux plus continuer, parce qu'il y a trop de vent, ou que j'ai un problème grave de santé comme une plaie infectée, ils seront là pour intervenir », a-t-elle résumé.

Coût de l'aventure: quelque 160 000 $. Côté a quelques partenaires, l'équipementier Helly Hansen, pour qui elle sert de « laboratoire humain », Treco, une compagnie québécoise qui fabrique des repas lyophilisés en sacs compostables, ainsi que Tel-Loc, qui lui fournit un téléphone satellitaire, mais la plupart des fonds proviennent de sa réserve personnelle et de quelques dons.

Côté quittera Montréal le 9 novembre. Elle espère ne pas revenir trop tôt: ce sera signe qu'elle aura réussi.