Sortir de sa zone de confort, des sentiers battus, ou simplement évacuer le stress de notre vie trépidante. Mais pourquoi ai-je besoin d’aller si loin pour faire tout ça? L’appel de l’aventure a été plus fort que tout, plus fort que ces matchs de soccer fascinants que j’allais rater (je me suis tenu au courant tout de même… la Juve qui passe devant Tottenham!) et plus fort encore parce que j’avais le plein support des miens qui savent bien que je dois périodiquement satisfaire ce besoin d’aller réveiller la bête qui sommeille en moi.

Il y avait aussi le profond désir de retrouver le désert, ce Sahara fréquenté avec amour et passion à l’époque des Gazelles et que je brûlais de saluer à nouveau, comme un vieil ami qu’on n’a pas vu depuis longtemps et de qui on se languis. C’est ainsi que le trek « Elles marchent » a croisé ma route, organisé par le Défi du cœur et Corinne Péron. Ce trek compétitif en est à sa deuxième édition. Course d’orientation, sans GPS, épreuve d’endurance et de précision, le trek est passé de 31 équipes à sa première mouture à 50 pour la deuxième. « Je voulais créer un événement qui faisait appel aux valeurs de solidarité, de partage, d’entraide qui permettent à chacune des participantes de profiter du désert à son rythme tout en relevant un défi sportif intéressant. »

Les équipes sont formées de quatre trekkeuses armées de leurs espadrilles, guêtres de sable, bâtons de marche, poches d’hydratation et crème solaire. Mon équipe s’appelle « Ze Dunes Buddiezzzz » (on n’a pu résister au jeu de mot à l’anglaise), porte le no 46 et est formé de quatre femmes qui sont loin d’être des princesses. Il y a Francine, navigatrice hors pair, Marie-Josée, globe-trotteuse d’aventures émérite, Suzy, à qui aucun défi ne fait peur, et moi qui complète modestement l’équipe. Pour la première fois, il y a des équipes entières de Québécoises à ce trek et outre la nôtre, on retrouve les « 4 Z’elles du désert », ainsi que deux filles qui se sont jointes à des formations françaises, qui forment l’essentiel de la compétition. L’an dernier elles n’étaient que deux participantes du Québec, dont Nathalie Breton par qui l’aventure nous est arrivée, et cette année nous sommes dix. Belle progression!

Le jeu consiste à trouver trois bornes quotidiennes, à répondre à certaines questions de connaissance ou d’habileté, et à accepter – ou non – un petit défi supplémentaire, tout en marchant environ 25 km par jour, sur quatre jours, le cinquième étant réservé à la « journée solidaire » où on contribue par nos actions au bien-être des populations locales.

Nous sommes arrivées à Errachidia, lieu de rendez-vous avec l’organisation, avec une journée et demie d’avance, juste ce qu’il fallait pour se remettre du décalage horaire et passer de notre hiver fantaisiste à une chaleur épaisse et torride. Mais retrouver aussi ces sensations oubliées, ce parfum subtil et épicé du Maroc, ce sable qui court sur les rues en promesses de dunes et d’ergs spectaculaires avait quelque chose d’enivrant.

La rencontre avec les équipes françaises et autres, arrivées par vol nolisé de Paris, a été bruyante et joyeuse. Après un goûter d’accueil au son d’une fanfare dynamique et colorée, les 200 femmes sont montées dans les cinq autobus qui nous attendaient et cap vers le bivouac. Dès que nous avons dépassé Erfoud, la réalité du défi s’est imposée à nous. Le soleil impitoyable dans un ciel si bleu qu’il en devient irréel, la chaleur qui s’insinue dans chacune des pores de notre peau et le paysage à la fois fascinant et terrifiant, fait de creux et de rocs jusqu’à ce que se profilent à l’horizon les magnifiques dunes de Merzouga, les plus hautes d’Afrique du nord.

Ce sera notre terrain de jeu pour les prochains jours. Nous nous lancerons avec détermination, nervosité et peut-être même un peu d’anxiété dans ce paysage démesuré qui sera témoin de nos efforts et où le son de nos rires et peut-être parfois de nos larmes glissera sur le dos de ces dunes majestueuses. La compétition commence demain. Je m’y consacrerai avec toute la rigueur et l’énergie que vous me connaissez et reviendrai vous en parler au milieu du trek et à la fin de la course. D’ici là, vous pouvez nous suivre sur le site de l’organisation www.trekellesmarchent.com et voir en direct notre évolution. Souhaitez-nous bonne chance!