Les athlètes provenant de la Russie et du Bélarus seront autorisés à prendre part aux Jeux paralympiques qui débuteront vendredi à Pékin, mais ils devront compétitionner sous bannière neutre en raison de leur rôle dans l'invasion de l'Ukraine, a déclaré le Comité international paralympique (CIP) mercredi.

Une annonce qui n'a visiblement pas plu à tout le monde.

Les athlètes russes devaient déjà y participer sous l'acronyme CPR, pour Comité paralympique russe, à cause du rôle de leur pays dans le scandale de dopage institutionnalisé qui a secoué les Jeux de Sotchi en 2014 et les tentatives suivantes pour étouffer l'affaire.

Le CIP a également décrété d'autres restrictions qui entreront en vigueur lors de la cérémonie d'ouverture des JP vendredi, mais a refusé de les expulser de l'événement. Le Bélarus a été sanctionné pour son rôle aux côtés de la Russie dans l'invasion et la guerre en Ukraine.

Mais il n'y a pas eu d'exclusion. Et certains sont sortis de leurs gonds.

Lors d'une conférence de presse qui s'est déroulée à Pékin quelques heures après l'annonce de la décision, un journaliste qui prétendait travailler pour le 'Kyiv Post' a questionné le président du CIP, Andrew Parsons, sur ce qu'il dirait à la famille du jeune biathlonien Yevhen Malyshev.

Malyshev a été tué cette semaine en Ukraine, même si les circonstances de sa mort demeurent mystérieuses. L'Union internationale de biathlon a dit mercredi qu'il « est mort cette semaine alors qu'il combattait avec l'armée ukrainienne ».

Le journaliste du 'Kyiv Post' tenait une photo du jeune homme alors qu'il échangeait avec Parsons.

« Je ne peux imaginer la douleur que sa famille doit ressentir en ce moment, a dit Parsons. Je ne peux qu'exprimer ma profonde sympathie pour eux. C'est totalement injuste. C'est dégueulasse. C'est inhumain. »

Parsons a réitéré son appui à la décision de ne pas exclure les athlètes de la Russie et du Bélarus, en soulignant que les règlements du CIP l'interdisent. Le CIP est installé en Allemagne, et il a rappelé que toute exclusion «serait renversée devant un tribunal allemand».

« Le principe de neutralité politique et notre sincère conviction dans le pouvoir transformateur du sport doivent être notre phare, notre force ou peut-être même notre canot de sauvetage », a ajouté Parsons.

Le journaliste du Kyiv Post a ajouté qu'il est le seul de son pays à avoir pu se rendre à Pékin, et il a de nouveau demandé à Parsons d'expliquer les motifs pour lesquels les athlètes de la Russie et du Bélarus ont la permission de participer aux Jeux paralympiques – même sous une bannière neutre. Il a répété plusieurs fois que ces athlètes provenaient de «pays agresseurs».

« Je ne peux imaginer à quel point ce doit être difficile d'être Ukrainien en ce moment, a évoqué Parsons, un Brésilien. Je sympathise, et j'essaie d'éprouver de l'empathie. C'est difficile. Mon pays n'est pas en guerre, et ma famille ne se cache pas dans les stations de métro de la capitale de mon pays. »

En plus de devoir évoluer sous bannière neutre, les deux pays seront exclus du tableau des médailles, et le CIP a ajouté qu'il n'autorisera la tenue d'aucun événement sportif dans ces pays «tant que la situation actuelle perdure».

«Nous avons imposé les sanctions les plus sévères prévues dans notre constitution et nos règlements actuels au CIP, a déclaré le président du CIP Andrew Parsons par voie de communiqué. Dans notre processus décisionnel, il était essentiel que nous respections notre nouveau cadre constitutionnel afin de préserver notre neutralité et notre cahier de charge du CIP, de même que les règlements et les lois qui régissent le mouvement paralympique.»

Dans une brève communication transmise mercredi, le CIP précise que les athlètes de ces deux pays impliqués depuis une semaine dans une guerre avec l’Ukraine prendront part aux épreuves sous le drapeau des Jeux paralympiques, et l'hymne paralympique.

La délégation du CPR devra couvrir le symbole « CPR » sur ses uniformes lors des compétitions et des cérémonies. La délégation du Bélarus devra couvrir le drapeau du pays sur ses uniformes.

D’autre part, le CIP étudiera cette année la possibilité de faire du respect de la trêve olympique une condition d'adhésion. Les comités paralympiques russe et biélorusse pourraient ainsi être confrontés à une suspension.

Le CIP a aussi indiqué qu'il retirera la « médaille d'honneur paralympique » remise au président russe Vladimir Poutine.

La même décision a été prise au sujet de Dmitry Chernyshenko, le président du comité organisateur de Sotchi (qui est maintenant le vice-premier ministre de la Russie), Dmitry Kozak, le vice-premier ministre de la Russie (qui est maintenant le directeur de cabinet adjoint du bureau exécutif présidentiel), Oleg Syromolotov, le chef du Centre de commandement de la sécurité interagences pour les Jeux de Sotchi (maintenant ministre des Affaires étrangères), Alexander Gorovoy, chef adjoint du Centre de commandement de la sécurité interagences (aujourd'hui premier vice-ministre de l'Intérieur).

Le président du CIO Thomas Bach n'assistera pas aux Jeux paralympiques et a désigné Parsons – un membre du CIO – pour représenter l'organisation. Le vice-président du CIO Ser Miang Ng devait y assister, mais a testé positif à la COVID-19. Le CIO a indiqué que Ng ne ressentait que des symptômes légers.

Les dirigeants du mouvement paralympique ont souligné que 648 athlètes et 49 délégations participeront aux Jeux paralympiques d'hiver. Il y avait 2900 athlètes provenant de 91 délégations lors des Jeux olympiques d'hiver le mois dernier.

Les dirigeants ont précisé que 71 athlètes russes doivent participer aux Jeux paralympiques, et 20 autres d'Ukraine. La délégation ukrainienne doit arriver en Chine à temps pour la cérémonie d'ouverture prévue vendredi. Les Jeux paralympiques se termineront le 13 mars.

L'iniative des Jets sera imitée; les sanctions s'accumulent