Comme c'est fascinant de réaliser que peu importe la préparation, bonne ou pas, Bianca Andreescu est née pour faire le spectacle.

 

En fait, à chacune de ses présences sur un terrain de tennis, elle nous offre une performance pleine. Je ne parle pas nécessairement de la qualité de son jeu, mais surtout de son attitude de guerrière.

 

Rentrée au pays après les Internationaux d'Australie après avoir passé plusieurs mois à s'entrainer et à compétitionner, Bianca ressent un grand besoin de se resourcer auprès de sa famille et amis. Pour compliquer la situation encore plus, notre Canadienne doit, comme tout le monde, observer 14 jours de quarantaine. Donc au lieu de quatre belles semaines pour continuer de travailler très fort sur le court afin d'être plus compétitive et surtout moins souffrir au cœur de la compétition, c'est à peine deux semaines dont elle dispose. Avouez que ce n'est ni adéquat pour compétitionner parmi les meilleures à Miami et loin d'être idéal pour éviter les blessures.

 

Peu importe, armée d'une nouvelle philosophie du genre « Hakkuna Matata » (relaxe et vas-y!), Bianca tisse sa toile au fil des tours prouvant encore une fois qu'elle est une championne hors norme. J'avais même l'impression lors des deux derniers sets face à Garbine Muguruza, pourtant une des plus belles joueuses cette année, que Bianca se réinventait alliant vitesse, imagination et explosivité, tout cela sur un bon fond d'endurance.

Puis face à Sorribez Tormo et Sakkari, « She the North » a le grand mérite de ne pas être submergée par la négativité qu'elle remplace plutôt par une envie quasi irrationnelle de gagner! Les points ne sont pas toujours beaux, elle en a ras-le-bol par moments mais toujours elle se bat! Elle nous avait averti avant le tournoi qu'elle voulait réapprendre à se faire confiance et que le temps passé à l'entrainement fait partie d'un processus nécessaire qu'elle avait apprécié. Ouais, ce sont de belles paroles mais j'ai plutôt l'impression de revoir la merveilleuse jeune dame qui ne sait plus perdre!!!

 

Aujourd'hui en finale face à la no 1 mondiale Ashley Barty qu'elle affronte pour une première fois, Bianca est très fatiguée et n'arrive pas à utiliser sa puissance comme d'habitude. Elle tente par tous les moyens de revenir dans le match mais l'Australienne est mieux équipée pour stopper l'élan de Bianca à 2-3. Pire, en tentant d'aller chercher une balle assez loin en coup droit, Bianca se foule la cheville droite et doit abandonner au 2e set, en douleurs et en pleurs. Je ne crois pas que c'est très grave, mais l'avenir nous le dira. 

 

Qu'en est-il de ses compatriotes?

 

Allons-y maintenant avec un survol des performances de nos Canadiens, à commencer par Félix Auger-Aliassime, qui débute son tournoi avec une belle copie face au dangereux Pierre-Hugues Herbert. Même si le Québécois perd son service à chacun des deux sets, il retourne bien et réussit à mettre de la pression sur le français sur une base régulière. Adéquat et explosif par moments, voilà ce que je pense de son début de tournoi. Ensuite, dès le 2e tour c'est le géant John Isner qui l'attend. Cela se joue à bien peu de choses lors des deux bris d'égalité. Des erreurs mal venues ou un mauvais choix ici et là apparaissent de nulle part alors que Long John, lui, est parfait.

 

Un grand homme rempli de sagesse du nom de T.D. Jakes raconte que la peur est une réaction normale qu'il place dans la catégorie des « réponses » à ce que l'on vit. À l'inverse, le « courage » ne tombe pas du ciel, c'est un choix, une décision que l'on prend fermement de faire ce qui doit être fait, peu importe comment on se sent dans une situation donnée. 

 

Je crois que Milos Raonic est un bon exemple à suivre dans ce département. Pas assez prêt physiquement après l'ablation d'un kyste au genou après l'Australie, notre grand serveur est limité dans ses déplacements dans la chaleur moite de Miami. Alors, il choisit de bombarder les adversaires en deuxièmes balles de service aussi. Risqué pour le joueur commun mais pas pour lui. Faire du gauche/droite en fond de terrain est plus difficile à gérer pour Milos et pire encore, il a moins de chance de contrôler le point. Fascinant de réaliser que cette stratégie lui permet de frustrer à l'extrême Jordan Thompson, d'éviter un 3e set face au jeune aux dents longues Ugo Humbert et de se rendre jusqu'au bris d'égalité de la 3e manche devant Hubert Hurkacz en ronde des 16. Pas mal comme maximisation de son potentiel du moment. Savoir gérer un match s'apprend avec l'expérience.

 

Émotive, Andreescu est forcée à l'abandon

Denis Shapovalov livre une grosse performance face à Ilya Ivashka qui le pousse à exceller jusqu'à tard au 3e set pour la victoire. Puis face à Hubert Hurkacz, notre blondinet manque d'opportunisme sur ses trois balles de bris en plus de perdre le contrôle de son lancer de balles au service. Le Polonais voit tout cela et en profite pour d'abord grimper son intensité d'un cran et aussi pour tourmenter encore plus l'adversaire avec des parties au service efficaces et un jeu dans l'échange tissé serré. Shapo devient tellement frustré qu'il perd en deux sets en commettant presque 40 fautes. Il faut y voir absolument et corriger ce fichu lancer de balle, ça presse.

 

Vasek Pospisil vit lui aussi un cauchemar le soir avant son match face au coriace américain Mackenzie McDonald. Lors d'une réunion des joueurs avec les dirigeants de l'ATP, il se fait apparemment remettre à sa place violemment alors qu'il demande de voir les revenus de commandites de l'organisation. Fait à noter, les bourses de Masters 1000 de Miami ont été revues à la baisse de 78 %, ce qui est immense comme diminution. Tellement blessé de la façon qu'on le traite, il explose en plein match le lendemain alors qu'il est brisé à 3-3, au 1er set. Il fait pitié à voir tellement il est submergé par les émotions. Il faut aussi savoir que Vasek épaule Novak Djokovic, qui tente de mettre sur pied une nouvelle association des joueurs (PTPA) pour remplacer celle déjà en place. Donc, il ne faut pas que Pospisil s'attende non plus à être reçu à bras ouverts par les dirigeants qui n'apprécient sûrement pas d'être menacés dans leur rôle. 

 

Dernière petite note alors que les organisateurs n'ont pas jugé bon garder deux places dans le tableau principal pour les deux finalistes du tournoi de Monterrey. Donc très décevant de constater que Leylah Fernandez n'a pas eu le temps de se remettre de ses émotions après un premier titre mais surtout du long voyage pour se rendre à Miami.

 

L'agence IMG est propriétaire du tournoi à qui on permet de favoriser ses propres joueurs. Donc pas de place pour Leylah, mais des invitations données à deux Chinoises, une Croate, égyptienne, russe, australienne et deux américaines...