Début de la Coupe Davis nouveau format ce week-end alors que 24 équipes sont en lice pour mériter les 12 places disponibles pour la grande finale qui se tiendra à Madrid du 18 au 24 novembre prochain.

 

D'abord, quelques petites explications pour éclaircir le modus operandi de cette compétition par pays nouveau format. Fini la formule des quatre week-ends par année pour couronner les champions alors que les pays disputaient en trois jours cinq matchs au meilleur des cinq sets. Dorénavant, les 12 formations qui s'extirpent de la ronde qualificative de ce week-end iront rejoindre les quatre demi-finalistes de l'an passé soit la Croatie, la France, l'Espagne et les États-Unis en plus de deux pays invités, l'Argentine et l'Angleterre. 

 

Ces 18 formations seront présentes à Madrid à la fin novembre dans un site unique, selon la formule suivante : six groupes de trois équipes. Chaque pays disputera deux rencontres alors que la meilleure formation de chaque groupe se qualifie pour les quarts de finale. On ajoute à cela deux autres pays, soit les meilleurs deuxièmes (qualifiés grâce au nombre de victoires puis la moyenne des sets gagnés). Chaque rencontre se joue en une journée avec deux simples et un double tous disputés au meilleur des trois manches avec bris d'égalité à chaque manche.  

 

Certains mordus de l'ancienne formule sont frustrés, voire même outragés parce que selon eux cette finale d'une semaine dans un lieu unique efface l'essence même de la compétition qui est de jouer à la maison dans une atmosphère survoltée ou en pays ennemi avec tous les inconvénients que cela représente. Le problème c'est que dès que les meilleurs remportaient la Coupe, on ne les revoyait plus beaucoup et une compétition sans ses cadors perd de son prestige. Après tout, la vieille dame fête ses 119 ans cette année. Bien normal qu'un moment donné, le format change, surtout que plusieurs pays perdaient de l'argent en l'organisant. 

 

J'ai représenté mon pays en Coupe Fed à quelques reprises et je me souviens que ce format offrait plusieurs avantages. D'abord, les spectateurs ont l'embarras du choix si les meilleurs sont au rendez-vous : ils peuvent aller voir un petit bout du match de Martina Navratilova ou de Chris Evert. Découvrir une p'tite inconnue, blonde comme les blés, en train de surprendre la 30e mondiale Ann Hobbs alors que le Canada affronte une des puissances mondiales, soit la Grande-Bretagne. Je vous l'assure, ce nouveau format n'est pas une catastrophe, loin de là. De toute façon, les fans finis, qui voyagent à l'étranger pour supporter leurs joueurs, auront juste à prendre un avion en direction de Madrid. Il y a des choses pires que cela dans la vie.

 

Cette fin de semaine à Bratislava, nos merveilleux ados affrontent la Slovaquie. Daniel Nestor a pris sa retraite. Milos Raonic a mal au genou. Vasek Pospisil vient d'être opéré au dos et sera absent au moins trois mois. Donc, Denis Shapovalov et Félix Auger-Aliassime sont appelés au combat. Dans le premier match, Denis affronte le 199e mondial Filip Horansky classé 3e chez les juniors. Notre Canadien l'emporte en deux sets parce qu'il sert bien lors des moments importants. Donnons aussi le crédit au Slovaque qui arrive à tenir l'échange avec en prime quelques beaux passings du coup droit. Le Canada mène 1-0 grâce à une victoire de 6-4 et 7-5.

 

La Slovaquie l'emporte en double

Puis c'est au tour de Félix Auger-Aliassime de vivre son baptême de la compétition et pas contre n'importe qui! Martin Klizan est 36e au monde et six fois titrés sur le circuit. Il est de plus considéré par plusieurs comme un des meilleurs sur terre battue. Pas impressionné du tout, le Québécois part en trombe et mène 5-2. Le vétéran s'ajuste cependant, allonge ses frappes et devient plus offensif. Félix a juste manqué un peu d'expérience. Le pointage est égal 1 à 1 après le premier jour en vertu de ce gain de Klizan 7-5 et 6-3.

 

Le double nous prouve que Félix et Denis ont le niveau, mais après avoir laissé filer le premier set, les Slovaques Klizan et Filip Polasek n'offriront aucune balle de bris à notre jeune duo fabuleux. Les deux derniers simples feront foi de tout alors que le Canada tire de l'arrière 2-1.

 

Shapo est très nerveux en début de match face à Klizan, mais sauve d'entrée avec brio une balle de bris et cela le propulse. Ce qui m'impressionne le plus c'est son attitude. Denis se procure cinq balles de première manche sans être en mesure de mettre le grappin sur ce set. Pire, il sert pour la manche, mais passe à côté du mandat. Peu importe, il reste serein quand même au bris d'égalité qu'il gagne 7-4. Wow!

 

Shapovalov prolonge le suspens en triomphant

Au deuxième set, Denis va chercher le service du Slovaque au meilleur des moments soit à 4-4. Mais encore une fois, il a du culot puisqu'il sera forcé de sauver une balle de bris alors qu'il sert pour la victoire à 5-4. Pas question d'y aller « p'tit bras », mais pleine vapeur, sur la ligne pour un as! Comme Shapo est costaud par moments aujourd'hui pour aller chercher le triomphe 7-6 et 6-4! Au tour de Félix de s'exécuter face à Norbert Gombos pour assurer la place du Canada en finale à Madrid.

 

La bonne nouvelle c'est que notre Québécois a une référence de grand prix : il l'a battu à Indian Wells l'an passé. Un match très serré qui a tourné en faveur d'Aliassime. Il faudra à nouveau occuper toute la place surtout dans ce genre de compétition en terrain hostile. Pas évident pour une première fois dans ce genre d'épreuve... Félix surmonte sa nervosité, la puissance de l'adversaire, ses nerfs en fin de chacune des manches pour aller chercher une magnifique victoire. Oh comme il est calme, concentré et efficace en servant pour le triomphe. Le Canada fera donc partie de la fête en fin d'année à Madrid! Il a du guts, pour ne pas dire autre chose, notre Félix!

 

Je vous rappelle qu'en 2015, Shapovalov et Aliassime avaient triomphé en Coupe Davis junior. Il s'agissait de la première fois que le Canada gagnait ce trophée. Petit fait cocasse : la compétition avait lieu à Madrid... Avec Milos et Vasek et nos deux belles pousses, il n'y a pas de limite en novembre prochain. Allez, on fait nos valises...