Félix Auger-Aliassime possède ce petit quelque chose qui définit les grands. Comme la marge est souvent infiniment petite entre un gagnant et un perdant sur le circuit international de tennis, ceux qui font la manchette sur une base régulière savent gérer et exceller lorsque le moment est crucial. 

Même le phénomène Roger Federer a dû apprendre à gérer ses émotions pour devenir le champion qui écrit l'histoire du jeu depuis plusieurs années. Au début de sa carrière, le Suisse pétait les plombs sur une base régulière mais il a fini par comprendre que pour maximiser son potentiel, il fallait absolument aller fouiller au plus profond de son âme pour mieux se comprendre et guérir ce qui fait languir pour éviter de dépérir...

« Milos, c’est un peu mon idole! »

Après une première manche marquée par plusieurs moments de perfection, Aliassime donne raison à ceux, dont je fais partie, qui le placent immanquablement comme un futur membre du club très sélect des 10 meilleurs. Il a tous les coups, il est rapide et léger, son jeu est bâti autour de l'attaque pour éviter plus souvent qu'autrement les matchs marathon et il est intense! Pas étonnant que l'ATP le suive pas à pas, car en plus, son talent de communicateur en français et en anglais fait aussi déjà équarquiller les yeux.

J'avais tellement hâte de voir comment Vasek Pospisil allait rebondir après ce qui s'avéra une dure leçon de tennis (pour ne pas dire raclée) au premier set remporté 6-2 par l'adolescent de 17 ans en moins d'une demi-heure de jeu. Cependant, la beauté du tennis c'est qu'un set n'est pas un match et ne le sera jamais si on accepte de se prêter à une analyse rapide et efficace pour être en mesure de s'ajuster et apporter les correctifs qui s'imposent. 

Au premier set Vasek Pospisil ne prend pas sa place dans aucune facette du jeu. Il y a un an, il battait Andy Murray en présentant du tennis d'attaque bien alimenté par un service de qualité. Juste commencer par y croire d'abord et puis monter au filet, faire service-vollée, essayer de déstabiliser Félix, mais svp, ne pas jouer défensivement parce que le deuxième set sera aussi brutal que le premier.

Cela me fascine aussi de voir que lorsqu'on habite la place qui nous revient sans arrogance mais fermement, on se sait jamais comment l'adversaire va réagir. Soudainement, le rempart de Québec n'est plus impénétrable. Félix commence à démontrer plusieurs signes de nervosité et à rater. Indubitablement, Pospisil, qui a quand même 10 ans d'expérience de plus, le voit et commence finalement à présenter du tennis digne de son talent. Cela l'amène même jusqu'à se procurer balle de manche à 6-5. Encore une fois, Aliassime démontre que la graine de champion en lui a germé et poussé. D'un as foudroyant le jeune lui coupe les ailes et fera aussi exactement la même chose au bris d'égalité pour finir en force et gagner un premier match dans un tournoi de la série 1000.

C'est intéressant de noter que les succès de Félix Auger-Aliassime sont aussi liés à cette belle et saine amitié avec Denis Shapovalov qui démontre l'aplomb d'un vétéran à 18 ans. Dans sa façon de jouer et de se comporter, Denis lui prouve que l'âge n'est qu'un chiffre et que tout est possible à celui qui croit. J'espère que que Milos Raonic sera plus prêt qu'en Australie parce Félix le chat a les dents longues...

À suivre aujourd'hui sur nos ondes, Shapovalov qui affrontre le coriace Pablo Cuevas. Le joueur de l'Uruguay nous arrive de la tournée en Amérique du Sud alors qu'il n'a pas impressionné sur sa surface favorite, la terre battue. Un beau défi pour notre Canadien en espérant que ses petits problèmes au dos soient résolus.

Auger-Aliassime remporte son premier match ATP!