MELBOURNE, Australie - Bianca Andreescu a amorcé sa conférence de presse à son premier tournoi en 15 mois avec un grand sourire et un brin de désinvolture mêlée d'une certaine excitation.

« Bon, premièrement: Bonjour. Ça fait longtemps », a lancé la championne des Internationaux des États-Unis de 2019.

« Hem, ouais, ça fait très longtemps, mais je suis heureuse d'être de retour. »

Et elle devrait l'être. Comme l'ensemble de son sport. Parce que peu importe ce qu'accomplira la huitième tête de série aux Internationaux d'Australie, où elle a difficilement vaincu la Roumaine Mihaela Buzarnescu 6-2, 4-6, 6-3 lundi, et peu importe la durée de sa présence dans le tableau du simple féminin, voici ce qui est important: l'un des talents les plus prometteurs du tennis est de retour sur la scène.

Andreescu a fait impasse sur un tournoi préparatoire à Melbourne Park par mesure préventive, mais a plus tard annoncé qu'elle était prête à étaler ses puissants coups, son comportement combatif et son intelligence sur les courts qui l'ont propulsée vers un titre à un tournoi du Grand Chelem contre Serena Williams à Flushing Meadows, en septembre 2019.

Un mois plus tard, Andreescu a subi une déchirure du ménisque de son genou gauche et elle est disparue du circuit.

« Elle a un brillant avenir. Elle est vraiment jeune, plutôt dotée d'une incroyable maturité. J'ai toujours dit que sa lumière brille de tous ses feux », a déclaré Williams, qui a entamé sa quête d'un 24e triomphe à un tournoi du Grand Chelem en rossant Laura Siegemund 6-1, 6-1, lundi, en moins d'une heure.

« Elle possède vraiment le jeu pour continuer de gagner d'autres tournois du Grand Chelem », de renchérir l'Américaine.

Premier test réussi

Au service à 3-3 dans la manche décisive et tirant de l'arrière 0-40, Andreescu a aligné cinq points consécutifs pour le conserver et prendre le contrôle du match à partir de là.

« J'ai une petite idée de ce que c'est de se retrouver dans cette situation, a-t-elle reconnu. Mais j'ai été très soulagée de gagner ce jeu parce que je suis certaine que les choses auraient été différentes par la suite. »

Andreescu a souligné que cela lui rappelait une victoire similaire en trois manches contre Angelique Kerber lors de la finale d'Indian Wells en 2019.

« Je pensais juste à ça et à quel point j'étais calme pendant ce match, a-t-elle dit. Alors je me disais: 'Reste calme. Reste calme et passe ta première balle de service – parce que je pense que ma première balle a été très efficace aujourd'hui – ce que j'ai fait. »

Un bris de service a suivi et Andreescu a servi pour la victoire, complétant le tout avec un smash au-dessus de la tête.

Andreescu semblait avoir obtenu un tirage au sort favorable face à Buzarnescu, 138e joueuse mondiale. Mais l'expérimentée gauchère lui a donné du fil à retordre.

Andreescu n'a pas donné l'impression d'avoir été à l'écart de la compétition pendant plus d'un an lors d'une première manche expéditive. Son agressivité a rapidement porté ses fruits, mais Buzarnescu a amélioré la qualité de son jeu dans la deuxième, obtenant plus de coups gagnants et forçant Andreescu à adopter une posture plus défensive.

Andreescu a repris l'ascendant dans la manche décisive.

Les fautes directes ont été plutôt élevées pour les deux joueuses – Andreescu en a commises 34 comparativement à 29 pour son adversaire –, mais la Torontoise a eu l'avantage de 27-11 dans les coups gagnants.

« Je ne veux pas être trop dure avec moi-même, a ajouté Andreescu. C'est mon premier match de retour. Je suis juste super soulagée d'avoir pu gagner aujourd'hui. »

Marino s'impose

Un autre retour qui mérite d'être souligné est celui d'une autre Canadienne: Rebecca Marino, fréquente partenaire d'entraînement et de repas d'Andreescu en Australie.

Marino est une ancienne joueuse classée parmi le top-40 qui a quitté le circuit pendant près de cinq ans à cause d'une dépression, puis a dû se remettre d'une grave blessure à un pied après avoir renoué avec la compétition.

En première ronde lundi, elle a battu l'Australienne Kimberly Birrell, une invitée des organisateurs, 6-0, 7-6 (9) lors de sa première participation à un tournoi du Grand Chelem en simple en huit ans.

« Lorsque l'on parle de quelqu'un qui n'a pas toujours eu la vie facile, elle est du nombre », a fait remarquer Sylvain Bruneau, l'entraîneur d'Andreecu.

Bien sûr, les raisons expliquant les longues absences varient peu importe le sport ou le métier. Toutefois, Andreescu et Marino représentent toutes deux une volonté admirable pour retourner où elles ont déjà été.

Autre trait de caractère qu'elles partagent: la reconnaissance de profiter d'une nouvelle opportunité.

Les commentaires de Bianca Andreescu

« Ce que je dirais aux gens, c'est qu'une période de votre vie n'est pas éternelle, et si vous faites les bonnes choses pour vous placer dans de meilleures dispositions mentales, que ce soit simplement en parlant ou par d'autres façons de prendre soin de votre santé mentale, c'est évidemment très important. Je pense que si je n'avais pas fait ça, je ne serais pas dans cette position dans laquelle je me trouve maintenant », a expliqué Marino.

Alors que Marino, maintenant classée 316e, a signé trois victoires lors d'un tournoi de qualification pour mériter sa place au tableau principal du simple féminin avant de participer à un match préparatoire à Melbourne Park, Andreescu s'est présentée au tournoi à froid.

« Il aurait été bon qu'elle puisse jouer quelques matchs avant le gros tournoi », a déclaré Bruneau, qui a obtenu un résultat positif à la COVID-19 le mois dernier, ce qui a fait en sorte que Andreescu n'avait pas le droit de quitter son hôtel pendant deux semaines.

« Briser la glace et faire face à la musique et la pression, et tout le reste. Ç'a été une déception. »

Andreescu a passé ses jours en confinement à joué au jeu vidéo « Call of Duty » et à regarder quelques-uns de ses matchs de 2019.

Ç'a l'a aidée à retrouver l'ambiance, l'état d'esprit et le caractère nécessaire pour la compétition.

Jeu, set et match Andreescu!