La meilleure nouvelle dans la défaite d’Eugenie Bouchard repose sûrement dans le fait que la Québécoise était dévastée de ce résultat face à Maria Sharapova.

« Elle était vraiment déçue et ça démontre qu’elle croyait en ses chances de l’emporter. C’est ce que nous recherchons car certaines joueuses auraient simplement apprécié d’atteindre cette étape, mais c’était loin d’être son cas », a noté Sylvain Bruneau, l’entraîneur de l’équipe canadienne féminine, qui fait partie de son entourage en France.

Ce parcours étincelant sur la terre battue française devrait permettre au visage du tennis féminin canadien de grimper du 19e au 12 échelon mondial.

« C’est douloureux de perdre de tels matchs, mais ça peut permettre d’apprendre plusieurs choses importantes ce qui aide pour les prochains rendez-vous de cette envergure. Elle réalise qu’elle est vraiment rendue à ce niveau. Elle ne craint plus personne, je ne dis pas que c’était le cas avant, mais c’est encore plus vrai », a indiqué Bruneau.

Inutile d’avoir l’œil averti pour remarquer que la populaire joueuse a accompli des pas importants au niveau de la force autant physiquement que dans la puissance de ses coups. Tout de même, c’est au niveau mental que Bouchard ne cesse d’épater comme le prouve sa remontée face à Carla Suarez Navarro et sa ténacité devant la grande Russe.

Louis Borfiga, le vice-président du développement de l’élite de Tennis Canada, soulignait la grande amélioration perceptible dans son jeu par rapport au début d’année.

« Il y a incontestablement une grosse différence dont dans sa manière d’aborder une demi-finale d’un Grand Chelem. J’ai discuté avec beaucoup d’entraîneurs et d’anciennes joueuses qui sont impressionnés par son jeu donc il faut continuer dans cette voie », a-t-il raconté.

« Oui, elle est très forte mentalement ce qui est un excellent signe pour l’avenir. Mais on dit cela sauf que ça ne serait pas possible si elle n’était pas solide techniquement », a tenu à rappeler Borfiga.

En tenant tête à Sharapova de cette façon, Bouchard a démontré une progression sans équivoque surtout par rapport au premier duel entre les deux athlètes.

« Lors du premier affrontement, Eugenie ressentait encore le besoin de la respecter en tant que grande joueuse. Ce n’était pas le cas cette fois-ci, elle s’est présentée sur le terrain avec la ferme conviction de pouvoir l’emporter afin d'accéder à la finale de Roland-Garros », a soutenu Bruneau. 

Dans l’environnement compétitif du tennis mondial, conquérir un titre majeur représente une mission colossale qui semble nettement plus à la portée de l’athlète de 20 ans. Malgré tout, bien malin celui qui peut prédire le moment ce sacre anticipé.

« C’est difficile à répondre car ça nécessite une succession d’éléments, mais j’ai toujours dit que je la voyais le faire un jour. C’est le but suprême, elle y arrivera et nous sommes prêts à attendre si on doit le faire », a commenté Borfiga.

Mais avant de soulever un trophée prestigieux et d’encaisser un chèque tout aussi attrayant, Bouchard doit accéder à la finale après des présences en demi-finale en Australie et à Roland-Garros.

« Il ne lui en manque pas beaucoup pour y arriver et elle était très près d’y parvenir. C’est simplement que Maria a vécu ces situations plus souvent et ce facteur a paru dans ce match car elle a élevé son jeu d’un cran lors de certains points cruciaux », a évalué Bruneau qui a aussi la chance de parfaire son développement dans des compétitions comme la Fed Cup.

Selon l’avis de ces deux observateurs aguerris, elle ne pourra que bénéficier de ces confrontations de haut niveau dont en prévision de Wimbledon qui se déroulera sur sa surface préférée, le gazon.

Les prochaines pierres de la construction de son identité se mettront en place à l’entraînement. D’ailleurs, Bouchard a vécu une séance plutôt houleuse avec son entraîneur Nick Saviano à la veille de son duel de demi-finale.

« J’ai appris cela jeudi matin et ça peut expliquer une certaine tension à l’approche d’un rendez-vous aussi important. En fait, ça ne me gêne pas trop et je préfère cela à un calme plat. Ce sont des choses qui arrivent dans ce travail et nous n’avons pas vu de conséquences dans son match », a fait remarquer Borfiga sur des images qui demeurent souvent cachées.

En somme, ce fut une autre manière de constater le caractère de la Québécoise qui doit cibler certains éléments pour poursuivre la finition de son répertoire.

« Elle continue de se développer comme une joueuse très offensive qui essaie de dicter le jeu. Elle peut encore progresser sur ses deux services car elle a un très bon potentiel à ce chapitre et, à l’occasion, elle pourrait aussi enchaîner un peu plus au filet après des coups offensifs. »

« Elle est sur la bonne voie et elle progressera encore au niveau physique après une belle évolution à ce sujet », identifié Bruneau à propos de celle qui s’accordera quelques jours de congé.

À quand le premier triomphe en tournoi majeur ?