Depuis le temps qu'on espérait, pour ne pas dire exigeait, que les dirigeants du tennis aient le « guts » d'aller de l'avant pour changer quelques règlements pour alléger la longueur des matchs. Et bien, ce Championnat de l'ATP Nouvelle Génération aura servi de laboratoire pour élaborer un plan viable qui sera sans doute mis en scène dans un avenir rapproché. Du moins c'est ce que l'on espère!

Le tennis est un sport qui s'est toujours accroché farouchement à ses racines ancestrales. Ah, comme c'est beau le respect des vétérans et de leurs accomplissements. Sur ce point,  je suis parfaitement d'accord qu'il ne faut pas toucher à la valeur intrinsèque du jeu. Mais je me dis qu'il faut aussi agir bientôt car les matchs sont de plus en plus demandant physiquement et l'hécatombe vécue lors des dernières années et particulièrement en 2017 n'est pas le fruit du hasard.

Je lève donc mon chapeau aux bonzes de l'ATP avec Chris Kermode comme meneur des troupes parce que je trouve que ce Championnat des moins de 21 ans nous a permis de tester certains changements et d'évaluer la vraie valeur des gestes posés. Le cadre de l'expérimentation est parfait : huit jeunes loups qui se battent farouchement et qui acceptent de vivre avec un grand nombre de changements. Même s'il n'y avait pas de points ATP à grapiller, l'aspect financier en valait la chandelle et visiblement chaque compétiteur avait la dent creuse. Ils se sont d'ailleurs tous arrachés pour tout donner...

Le meilleur est le Sud-Coréen Heong Chung qui remporte le titre sans perdre de match. Cela lui vaut la bourse maximale de 390 000 $, un beau montant pour un joueur qui monte. Il est celui qui triomphe parce qu'il est en avance physiquement sur tous les autres. Il est aussi plus mature émotivement, plus zen, plus constant et discipliné au coeur de la bataille. Je ne suis pas certaine qu'il sera le meilleur du groupe dans deux ans mais il mérite pleinement le titre.

Parlons-en des nouvelles règles mises de l'avant pour ce tournoi.

Manches de quatre parties : désolé ça ne marche pas, le bris de service prend beaucoup trop de place.

Le « no-let » est ridicule et donne droit à des scènes de science fiction. Déjà que les très grands joueurs (6'4" et plus), de par l'angle de frappe au service, ont un immense avantage sur les autres, il ne faut pas en rajouter. Des études ont prouvé mathématiquement parlant que les géants ont plus de chances de toucher le filet au service que les autres joueurs au gabarit moins imposant.

La période de réchauffement limitée à 5 minutes à partir du moment que les joueurs pénètrent sur le terrain, j'achète. Ce moment d'attente devient moins pénible pour les spectateurs et pour nous commentateurs à la télévision.

L'horloge qui aide le joueur à gérer les 25 secondes entre les points : génial! Comment voulez-vous arriver à l'heure si vous n'avez pas de montre???

Ma favorite est le Hawkeye sur toutes les lignes et je m'explique : les joueurs sont trop puissants aujourd'hui et les juges de ligne n'arrivent pas à suivre. La question est de savoir qui va payer pour ce luxe? L'ATP ou le directeur de tournoi?

Et finalement, jouer sans avantage (no-ad). Ça change le jeu c'est certain mais c'est la seule, vraie façon de raccourcir les matches. Un peu comme le bris d'égalité de 7 points instauré en 1979 a été tellement critiqué à ses débuts mais si apprécié aujourd'hui, je crois qu'il faudra évoluer dans ce sens. Pas de souci puisque les meilleurs seront toujours les meilleurs et trouveront une façon d'exceller dans ce format aussi...

J'ai aussi eu un petit coup de coeur pour le coaching après chaque set. Parfois je jouais le rôle du coach en me demandant quels mots seraient appropriés pour remonter le moral du joueur, le réconforter ou l'aider à changer de voie. D'autres fois je me suis mis dans la peau du joueur me demandant si j'aurais aimée être flattée dans le sens du poil, guidée, dirigée ou vilipendée? 

Notre magnifique grand talent Denis Shapovalov a connu de très beaux moments durant le tournoi. Si proche devant le champion de l'épreuve Chung mais aussi insconstant un peu trop souvent. Peu importe, l'avenir lui appartient puisqu'il possède une main en or qui lui permet de créer comme nul autre. Attaquer demande beaucoup d'énergie, il faut donc bâtir cette belle charpente. Denis reçoit d'ailleurs deux honneurs en cette fin d'année : soit le joueur le plus amélioré, voté par ses pairs et le titre décerné par l'ATP de l'étoile montante. Wow, Wow, Wow, Martin Laurendeau, à toi l'honneur du défi!