Parmi les joueurs de 22 ans ou moins, on a plus souvent parlé de l'Australien Nick Kyrgios ou de l'Allemand Alexander Zverev, mais c'est le Sud-Coréen Chung Hyeon qui représentera la nouvelle génération en quarts de finale des Internationaux d'Australie, grâce à son exploit contre Novak Djokovic.

Son parcours à Melbourne est celui d'un futur leader. Après avoir dominé deux de ses camarades de promotion, le Russe Daniil Medvedev et surtout Zverev, 4e mondial, au troisième tour dans un gros combat en cinq sets, ce joueur de 21 ans s'est offert le premier grand exploit de sa carrière en déboulonnant son idole d'enfance.

« Quand j'étais petit, j'essayais de le copier. Je n'arrive pas à y croire! C'est un rêve qui devient réalité », a dit Chung, qui sera favori en quart face à l'Américain Tennys Sandgren, 97e mondial, avant une possible demi-finale contre Roger Federer.

L'admirateur a surpassé le maître dans un style presque en tous points similaire : même qualité de jambes, même souplesse, même capacité à jouer près des lignes et à contrer.

« Une performance Novakesque », a tweetté le joueur de double Jamie Murray, frère d'Andy.

Le Serbe lui-même n'a pas marchandé ses félicitations : « C'était une performance incroyable! Continue à travailler, tu as tout ce qu'il faut », a tweetté l'ex-no 1 mondial.

Avec ce premier quart de finale, Chung confirme qu'il est en avance sur les joueurs du même âge, contrairement à ce qu'indique sa position à l'ATP, 58e mondial.

« Parfois le classement est trompeur. Quand il joue comme ça, il y a très, très peu de joueurs qui peuvent le battre », a dit Zverev après sa défaite.

Victorieux au Next Gen

La victoire du Coréen aux Finales Next Gen, passée inaperçue en octobre, prend aujourd'hui plus de relief. Dans ce Masters des jeunes, organisé par l'ATP pour faire la promotion des joueurs appelés à succéder au « Big Four » (Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic, Andy Murray), Chung avait battu notamment le Canadien Denis Shapovalov et le Russe Andrey Rublev, des talents qu'il devrait croiser dans les derniers tours des tournois ces prochaines années.

C'était sa première victoire sur le circuit de l'ATP, et le premier trophée d'un Coréen depuis celui remporté en 2003 par Lee Hyung-Taik, le précurseur avec qui il s'entraîne parfois quand il retourne dans sa ville natale, Suwon, non loin de Séoul. Il a déjà fait mieux que Lee en devenant le premier Coréen qualifié pour les quarts de finale d'un Grand Chelem et ne devrait pas tarder à dépasser le meilleur classement de son aîné (36e mondial).

Il devra pour cela progresser au service, son coup le plus faible mais qui ne le restera peut-être pas longtemps car sa taille (1,88 m) lui donne une grosse marge de progression.

Chung a été mis au tennis par ses parents sur les conseils d'un médecin. Regarder les courts verts était censé améliorer sa vue. Le garçon, qui continue à porter de grosses lunettes blanches pour jouer au tennis, a ensuite passé deux saisons aux États-Unis, de 13 à 15 ans, dans la fameuse académie de Nick Bollettieri. 

Frère cadet d'un autre joueur classé à l'ATP, Chung Hong, 462e mondial, il réside aujourd'hui en Corée où, assure-t-il, « on ne le reconnaît pas dans la rue car le tennis n'y est pas très populaire ». « Mais ça va peut-être démarrer après ça », a-t-il dit après sa victoire sur Djokovic.