En quarts de finale aujourd'hui à Wimbledon, autant Roger Federer que Milos Raonic auraient pu avec un peu plus d'opportunisme se faire une place dans le carré d'as.

 

À tout seigneur tout honneur! Le Suisse survole le premier set face à Kevin Anderson qu'il remporte 6-2 en brisant deux fois le service du Sud-Africain, et surtout, en dominant tous les aspects du jeu.

 

Je crois vraiment que le ton est donné et que Federer continuera à déstabiliser l'adversaire avec panache. N'a-t-il pas battu Anderson quatre fois en autant de rencontres, sans jamais lui laisser une seule manche? Pourtant, même si Roger frôle la perfection au premier set, il perd quand même sa belle énergie dès le départ de la deuxième manche. Anderson le brise mais perd son élan au milieu du set. On se rend au bris d'égalité et à nouveau Kevin n'arrive pas à rester constant. Federer renverse à nouveau la situation pour se donner une avance de deux sets à zéro. 

 

Sans bien jouer sur la durée, Federer mène quand même par deux manches. Je le crois en sécurité puisqu'en carrière dans les formats au meilleur des cinq manches, il possède une fiche hallucinante de 266 victoires contre seulement deux défaites. En plus, il continue de bien se débrouiller au service et se procure même une balle de match à 5-4 au troisième set. Ha! Il est trop dominant, me dis-je, et Anderson pas tout à fait assez fort mentalement... Foutaise! Anderson sauve la balle de match avec brio et arrache le service du suisse dans la foulée pour gagner la manche 7-5.

 

Vite comme cela la rencontre change d'allure. Plus le match avance, meilleur est Anderson au service et en échange. Federer a toutes les misères du monde à lui faire mal en fond de terrain et est de moins en moins percutant au service. Pire encore, Federer n'obtiendra que 25 % de réussite sur les balles de bris soit 3/12 alors qu'Anderson peut être si fier d'avoir ravi le service du suisse quatre fois en sept, soit 57 % de succès sur ces points d'une si grande importance!

 

Il faut être honnête, Kevin Anderson mérite la victoire pour plusieurs raisons. Bien des joueurs auraient lancé la serviette lorsque menés deux sets à zéro surtout pour le Sud-Africain puisque cela représentait 10 manches perdues de suite en 10 manches jouées face au meilleur joueur de tous les temps. De plus, il se sublime dans le « money time », reste en énergie pendant plus de quatre heures et sert mieux que le Suisse. Federer a peut-être dit en conférence de presse après le match qu'il avait du mal à bien se sentir en fond de terrain mais la réalité c'est qu'Anderson était tellement rapide et mordant que le Suisse avait bien du mal à suivre ce rythme si élevé. Il s'agit sans l'ombre d'un doute du plus beau match du Sud-Africain en carrière, et la bonne nouvelle, c'est qu'il en veut encore plus à ce Wimbledon. Il se souvient trop bien de ne pas s'être bien battu en finale au US Open l'an dernier, trop content d'être en ronde ultime. À 32 ans, il prouve au monde entier qu'à tout âge on peut s'améliorer.

 

Du côté de Milos Raonic, nous avons droit d'abord à une belle démonstration de sa justesse au service, en retours, pour ce qui est des montées au filet et aussi son savoir-faire sur points importants. Face à John Isner on savait bien que le match se jouerait à quelques petits riens puisqu'en neuf manches l'un contre l'autre, sept se sont rendues au bris d'égalité. 

 

Milos est cependant ramené les deux pieds sur terre à la fin de la première manche puisqu'encore une fois il se blesse à la cuisse droite alors qu'il mène 6-5. Au changement de côté il voit le soigneur qui lui fait un massage et un bandage. Fort au mal, Milos gagne le set au bris d'égalité 7-5. Encore mieux, sur une patte ou presque et sans pouvoir vraiment pousser sur les jambes au service, il s'offre même une balle de manche pour mener deux sets à zéro encore une fois au bris d'égalité du 2e set à 6-5, mais Isner résiste et gagne le set.

 

La suite est pénible à voir. Milos « gère » son match au meilleur de ses capacités et avec beaucoup de courage mais la douleur s'intensifie plus la rencontre avance. Impossible de gagner un match de cette importance à ce niveau-là dans son état, soit sur une patte. Logiquement Long John passe en quatre sets. Il défiera Anderson en demie alors que Novak Djokovic solide en quatre sets face à Kei Nishikori se donne le droit de se frotter à Rafaël Nadal sublime dans une bataille dantesque en cinq sets remportée sur Juan Martin del Potro.