C’est évident que j’aimerais bien mieux vous parler des éblouissantes performances de Denis Shapovalov lors de ses deux premiers tournois sur herbe cette année, mais tel n’est pas le cas. Notre Canadien s’incline d’entrée à Stuttgart devant l’indien Prajnesh Gunneswaran en trois sets et aujourd’hui au tournoi Queens de Londres en deux bris d’égalité face au Luxembourgeois Gilles Muller. À longueur d’année, il y a une infime marge entre un gagnant et un perdant, quelques points perdus ici et là lors des moments cruciaux font la différence, alors imaginez lorsque les rencontres sont disputées sur herbe.

Je pense que la difficulté majeure aujourd’hui face à Muller est son incapacité à bien retourner les deuxièmes balles du Luxembourgeois. En plus, Muller s’avère absolument formidable en premiers services, surtout du côté de l’avantage. J’aurais aimé que Denis modifie un tout petit peu sa position en réception en se décalant légèrement dans le corridor du double dès que Muller lance sa balle au service. Au-delà de tout, Shapo laisse filer une belle avance de 4-1 au bris d’égalité du premier set en plus d’une balle de manche. Cela l’aurait tellement dégagé d’un poids s’il avait pu prendre une avance d’un set.

Autant Denis est dominant dans l’échange à la première manche, autant je le sens déçu et moins vif en jambes au deuxième. Il faut dire que Muller qui a perdu d’entrée lors de ses quatre derniers tournois est quand même un joueur remarquable sur herbe. Preuve à l’appui : l’an passé à Wimbledon il se rend jusqu’en quarts de finale en gagnant notamment trois matchs en cinq sets dont un face à Rafael Nadal, tout de même deux fois champion au All England. Retardé en fin d’année dernière par une opération au coude, revoilà Muller sur sa surface de prédilection et cela parait  lors des petites choses. Il a su faire jouer Shapovalov lors des moments clés en prenant les points à son compte et en empêchant le Canadien d’exceller. Plus le match avançait plus Denis devenait prévisible avec son coup droit d’attaque.

Malgré tout, à 6-6 dans le bris d’égalité de la 2e manche, après avoir sauvé deux balles de match et sur le dernier point au service de Muller, le Canadien a une belle opportunité sur la 2e balle de Muller, mais malheureusement il caviarde le retour. Ce genre de point perdu à ce si haut niveau de compétition, cela ne pardonne pas puisqu’il aurait servi pour le set à 7-6. Encore une fois, il ‘agit de petits détails qui font une immense différence. Je suis certaine qu’avec son équipe, on discutera de tout cela et qu’il sera fin prêt pour Wimbledon.

Que dire cependant de la poussée en force de Milos Raonic au tournoi de Stuttgart, wow, wow et re-wow! Puissant et précis au service durant toute la semaine, rapide comme à ses beaux jours et tranchant à la volée, Milos n’est pas loin de son meilleur niveau. C’est tellement encourageant pour celui qui a passé trop de temps sur les lignes de côté lors des deux dernières années. La finale perdue face à Roger Federer s’est aussi joué sur si peu de choses. Après avoir été brisé tôt dans le match, Milos s’offre deux balles de bris tout de suite après, mais n’arrive pas à prendre les bonnes décisions et à exécuter. Au 2e set même chose alors que  Milos mène 6-5 avec un beau 0-30 sur le service du maitre. Il faut aussi savoir admettre quand l’adversaire est meilleur. Avouez tout de même que ça faisait longtemps que le finaliste de Wimbledon en 2016 n’avait pas enfilé sa cape de Superman.